• Point de vue : Harley

     

    Jeu des demandes avec les Griffons

            25 décembre 2019 – Janvier 2020

                    Après un premier trimestre bien chargé, nous avons enfin droit à des vacances bien mérités. Et en cette fin d’année 2019, les (anciennement) Révolutionnaires allaient passer leur premier Noël ensemble. Chez Chloé.

    Eh ben, oui, c’était sur elle en premier car elle l’avait cherché –et aussi parce qu’on avait un devoir commun, mais ça, c’est secondaire-. Depuis le début de l’année scolaire, on aurait dit qu’elle nous évitait en ne cherchant absolument pas à ce qu’on se retrouve ensemble, que ce soit pour les options –tel Soin aux Créatures Magiques- ou pour le séjour –Raah, ça m’enrage toujours autant de savoir qu’elle nous a abandonné à la dernière minute-. Et si elle avait trouvé l’excuse comme quoi c’était parce que son père trouvait ça inutile, je dirais sans hésiter qu’elle mentait, et là, aujourd’hui je le pense toujours autant, car ce n’était pas vraiment son père qui trouve ça inutile mais plutôt sa mère.

    Non, je ne chicane pas, il est important de préciser qui du père ou de la mère était la cause de notre « séparation ». Détrompez-vous, je ne vire pas sentimentaliste, je voulais juste savoir qui était le patron chez les Rivers et non je ne suis pas de mauvaise foi. Et puis, bon, je m’y attendais un peu parce que comme je m’en doutais, c’était la sang-pur qui dirigeait la famille. Même si Angela Fawley avait épousé Oliver Rivers, et prit son nom, ce n’était pas pour autant qu’elle allait se laisser marcher sur les pieds.

    C’est comme pour ma mère, née dans une vieille famille de sang-pur, Keira Shafiq est autoritaire et sait ce qu’elle exige de son mari, mon père. Je nous trouve certains points communs avec Chloé, pour le rang de nos mères et le nom semblable de nos pères Oliver/Olivier. Bon, par contre le fait que le sien soit plus présent pour ses enfants que mon père pour moi change beaucoup.

    Oui, donc, nous sommes actuellement dans la chambre personnelle, un peu trop, j’ai l’impression de la violé, tellement c’est inattendu. Je veux dire, je n’ai jamais vraiment vu quels étaient les lieux où Chloé aurait pu passer ses nuits –sachant que cela se résumé probablement en deux : chez elle et à Poudlard- et là, d’un coup j’y ai accès. C’est une chambre de taille moyenne, je pense –jamais doué pour juger cette valeur-. Le papier peint est en violet, avec des nuances. Le sol sur lequel on marche est en moquette rouge, doux, volumineux et trop confortable. Les meubles sont plus variés, allant d’orange au vert, passant par le jaune. Le lit, King size ou peut-être moins, avait des édredons bleus. Mais pour le coup, elle ne s’y couchait pas, car elle a préféré nous rejoindre sur les couchettes déposées juste sur la moquette moelleuse. Vraiment, je ne m’y attendais pas, c’est tellement coloré. C‘est étrange de savoir que durant la période scolaire, elle doit dormir dans une chambre monochrome de vert. Qui n’est pas spécialement lumineux, en plus. (Enfin, j’imagine, les serpy, quoi)

    Bon, je ne dis pas que le mien est mieux, parce que ma chambre était en vrai toute rouge. Merci, papa. Car ce goujat était sûr que je serai répartie à Gryffondor. Et j’y suis, seulement pour marquer ma phase de rébellion, j’ai repeint certaine surface en noir et vert. Juste pour l’enrager. Mais le résultat est pas mal. Enfin, je les montrerai quand elles viendraient chez moi.

    Pour l’heure, on en est à l’ouverture des cadeaux. Et on a procédé à uneéchange hasardeux. C’était quelque chose encore nouveau et je dois avouer que c’était bien amusant, je recommencerai bien.

    Pour ma part, j’ai reçu un sablier. Et au vu de la manière d’emballer le paquet, cela devait provenir de Claire. J’avais raison. Elle m’explique alors que, bien sûr, ce n’était en rien un sablier banal (oui, à force, j’ai fini par me rendre compte que son origami en grue avait une utilité plus que de se faire contempler, en fait, il s’agissait aussi d’un parchemin enchanté qui nous permettait de nous communiquer, à défaut d’avoir obtenir un miroir à double sens, j’ai eu ça). Donc, elle (enfin, ils, les chinois, car bien sûr n°2, ses cadeaux proviennent en grande partie de sa culture d’origine) appelle cela un Sablier originel. Pourquoi ? C’est très simple, quand on tourne le sablier d’un côté et qu’on le pose par la suite à côté d’un objet –qu’il soit volumineux ou non-, celui –ci retrouve sa forme originel. Par exemple, elle l’essaye avec nos couchettes. Un tour sur lui-même et posé à côté de nos couettes, en attendant que tous le sable s’écoule dans l’autre bulbe, nos matelas étaient devenus de simple fil et un tas de plume.

    « Oh, c’est très intéressant », commenta Chloé « Par contre, tu ramènes vites nos matelas sinon je ne garantis pas pour ta sécurité. »

    Et quelque chose me dit que ce doit être sa mère le danger. Claire fait un sourire et retourne le sablier originel de l’autre sens pour faire revenir les duvets dans leur état normal ou final. C’est vrai que c’est supra cool, surtout si on le fait pour le loquet des portes, le fer sera tout fondu et libre accès pour nous !

    Bref, de leur côté, les filles avaient eu : un masque vénitien pour Claire de Clara, bien sûr, non plus aux propriétés anodins. Une fois le masque porté, des arabesques élégantes se tracent sur votre visage, pour ainsi vous rendre incognito. Très utile lors des soirées ou bals masqués (si nous en avons). Clara a eu une casquette d’invisibilité (pas aussi performant que la cape d’invisibilité, l’original bien sûr) de Chloé. Perso, j’ai comme la petite voix qui me souffle que c’est un accessoire inspiré du père de la famille, après tout en tant que journaliste il faut bien certain moyen pour parvenir à ses fins. Et puis, donc, Chloé a obtenu mon bracelet vert guérisseur. En vrai, c’est la tige d’une plante médicale qu’on prodige sur l’endroit endolori et apaise la souffrance, sans pour autant faire partir la marque de blessure. C’est un cadeau beaucoup axé sur la botanique, car il se trouve que j’ai quelque affinité en la matière. En voilà une chose qui fera plaisir au professeur Londubat, après tout, c’était aussi un gryffy qui avait trouvé chaussure à ses pieds dans l’occupation des plantes.

    En fait, c’est drôle, mais je viens de remarquer que nos présents ont juste suivi la ronde, décalé de quelque peu. Mais bon, ce n’est pas trop étonnant, nous ne sommes que quatre et si on ne veut pas recevoir nos cadeaux, ça résulte ça. Ah, en parlant de cadeau…

    « D’ailleurs, tu lui as donné, son cadeau, à Wyatt ? »

    « Oui, un uniforme japonais. Col mao et le badge qui va avec. Taille ajustable et sans oublier : propriété magique. »

    « Bien sûr, ce serait te faire un affront d’oublier ce détail », j’ajoute, ironique.

    « Et puis, on dirait un catalogue de vêtement à tout présenter avec précision. »

    « Tu ne changes non plus de thème, toujours du cosplay. »

    « Eh bien, c’est parce qu’on parlait de ça quand il m’avait demandé des cadeaux. Je devais bien répondre à sa demande. »

    « Tu n’étais même pas obligé, tu ne lui devais rien », argumenta Chloé.

    Et la voilà qui veut nous convertir en une des leurs. Ne pas faire des choses s’il n’y avait rien en retour, que Claire trouve rapidement à y redire.

    « Bah, si, un peu, il m’a tout de même bien offert le dictionnaire promis. »

    Même moi, je trouve cette raison trop tiré par les cheveux, en plus, il l’avait promis que le mois dernier alors qu’elle en août. L’écart, quand même.

    « Et j’ai aussi pensé aux autres pour ne pas faire de favori. Tobias a eu des sucreries chinoises, qui sont en fait acides comme pas possible. Albus, un monocle qui lui permet d’observer jusqu’à des nano atome. Alfred un Sablier originel et un paquet de gastronomies, tous en provenance de Chine parce que bon, les repas de Noël doivent bien être sympas à Poudlard mais pas sûr que ce soit très équilibré. Pour Rose un grimoire enchanteur chinois, mais ayant bien sûr un sort de traduction à disposition, je ne fais pas d’erreur stupide comme ça, merci bien. Pour Alice une paire de lunette qui est possible à modifier en divers accessoire à la simple pensée. »

    Eh ben, elle a distribué des cadeaux à tous ceux de sa maison et leur proche !

    « Et tu n’en as pas reçu en retour, toi ? » Réplique Clara, elle aussi un peu suspicieuse quant à cet avalanche de distribution de présent tel un Santa Claus.

    « Si, bien sûr, attendez que je termine mon énumération » Encore heureux, j’ai envie de dire « Emil un jeu de garçon (gameboy) dont je n’ai toujours pas compris comment faire fonctionner, j’ai donc en retour reçu une tirelire en forme d’aigle (petit grimace) et quant à Ionise, une chaîne en argent qui lui permet de transporter des ingrédients de potion. Et en retour, les garçons nous invitent en Danemark pour les vacances d’hiver de l’année prochaine. » 

    « Et je suppose que ce n’est pas tant l’utilité du cadeau qui te fait grimacer, mais plus sa forme », dit alors Chloé.

    « Tu supposes bien », répond l’autre « Même si j’ignore ce que peut bien servir une tirelire. » Et surtout en forme d’aigle.

    J’entends successivement un soupir de la part de Clara et un ricanement de Chloé. Pendant que l’une des deux se dévoue pour lui expliquer la fonction de cette objet si moldu (je vais finir par me demander comment ces deux cousins Stewart peuvent prétendre être de sang-pur avec tous ces connaissance de cet autre monde, étrangère peut-être mais bon), je suis dans mes pensées.

    Bon, bien sûr il manque un, Nott, j’imagine que c’est parce qu’il doit faire partie du quatuor inaccessible. Composé de deux serpy asociales. Et puis, l’idée qu’on fasse un voyage en compagnie des gars –dont un que je n’ai toujours pas à la bonne, oui, je suis rancunière, mais considérez ça comme un traumatisme d’enfance- dans leur pays n’est pas très alléchant. Nous ne sommes pas assez proches pour que je puisse plaider leur cause à mes parents, même si en vrai, mon père s’en foutrait comme deux flans.

     « Ce serait cool s’il y aurait de la neige, comme ça on skiera », s’anime Clara.

    « Ah ? » On s’étonne. Oui, nous trois.

    Clara nous regarde comme si on était demeuré. Possible. Mais bon.

    « Même pas toi, Chloé ? Ton frère n’en a pas fait dans une classe élémentaire ? J’sais pas, comme une classe de neige ? »

    « Ma mère était tellement déçue qu’il ne soit pas comme elle l’espérait pour lui qu’elle n’avait, au début de l’insertion moldu, rien fait pour qu’il s’intègre. »

    « Ouch. »

    « Comme tu l’onomatopes. » Ouah, néologisme.

    « Justement, où se trouve ton frère ? » Interroge Claire, curieuse.

    « À son travail de personnel de supermarché. »

    « Supermarché ? » Eh non, contrairement à ce qu’on croit, ce n’est pas Claire mais moi qui ai posé la question « Et c’est ouvert le jour de Noël ? »

    « Un supermarché est une boutique qui vend des collations et généralement ouvert 7 jours sur 7. Et puis, c’est justement parce que c’est Noël que les produits seront plus facilement vendables », explique doctement Chloé.

    « Mais il travaille à son âge ? » S’étonne Clara.

    « Il a 16 ans et il travaille pour avoir de l’argent moldu, parce que ma mère, quoi », dit-elle pour toute réponse. Et on l’a comprise, c’est déjà ça.

    Le fait que cette dernière débarque justement à ce moment a aussi joué gros, je pense. Officiellement, elle était venue vérifier si on ne manquait de rien, mais officieusement, elle voulait surtout s’assurer qu’on n’allait pas corrompre sa fille avec toutes nos idées louches à ses yeux. Et à vrai dire, je ne peux que l’approuver. Après tout, je suis sûr qu’avant de nous connaitre, Chloé n’était absolument pas du genre à se laisser entraîner par les événements, parce que c’est une Serpentard. Et tout le monde savent qu’ils sont plus intellect que muscle, on va dire.

    « Eh vous savez quoi, il n’y a que nous de l’option étude de moldu qui voulons aller au séjour du Londres moldu.» Déclare d’un coup Claire.

    Après une petite pause goûtée, nous nous sommes installées dans le salon accueillant de notre hôte pour déguster aux pâtisseries faits par la maîtresse des lieux, et ils sont succulents. On discute un peu de tout, jusqu’à ce que Claire aborde le sujet du séjour (pas totalement, mais ce n’est pas loin). Eh oui, nous sommes cinq dans l’option d’étude de moldu et comme l’a dit mon amie, seules Claire et moi sommes inscrites sur la liste des « expéditeurs ». Elias Nott, parce qu’il n’était pas encore prêt à ça, Ruben Smith parce que ça le tente moyennement et Kenneth Boot… 

    « Attends, ça, c’était le plus drôle, on vous refait la scène, épique je dis. »

    « Tu sais, Kenneth, que tu peux venir au séjour », joua Claire dans son rôle.

    « Hum ? » Ben oui, du coup je tombe sur notre intéressé.

    « Oui, pourquoi pas après tout, c’est bien pour connaitre les moldu que tu as choisi l’option, non ? » Continue la chinoise dans sa lancée, nullement touchée par le manque de vivacité dans la réponse précédente.

    « Bof, ma mère l’est », je parodie en exagérant sur la lenteur de la réponse.

    « Dans ce cas, tu as une semaine de vacance en plus », Argumente la bleue.

    « Ouais c’est tentant, mais… » Parce qu’il y en a toujours un.

    « Mais ? » Théâtralise la brune en faisant même le geste de tendre l’oreille.

    « J’ai la flemme. »

    « Et là on manque de tomber à la renverse, tellement la réponse est… kennethienne, quoi », se marre Claire. Suivi des filles et d’un autre.

    « Pff… » On a comme un sursaut en entendant le timbre…grave.

    David nous écoutait. Puis pour se rattraper surement, il cache son amusement en toussant un peu avant de retourner à son activité première, faire des recherches sur une étrange boîte en plastique, un ordinator qu’ils appellent. Ce dont je ne parviens toujours pas à comprendre comment. De ce que les filles ont expliqué, il effectue ses recherches sur un module (ça ressemble à une de nos mots, ça…) qu’ils nomment internate et qu’il surfe sur des sites. Là, encore, je me demande toujours si c’était une comparaison métaphorique ou si c’est… non, laissez tomber. Mais trop tard notre attention était entièrement sur lui. Plus tôt, dans la soirée, David Rivers était rentré de son job de personnel de supermarché, qui consistait à déplacer des marchandises d’un endroit à l’autre. Ce qui requérait de la force et de l’endurance, et le frère aîné de Chloé les avait en étant sportif dans son lycée moldu. Aussi, quand il n’a plus son large et épais manteau sur ses épaules, on pouvait décemment remarquer les muscles élégamment dessinés au niveau de ses biceps ou encore de pectoraux –vive les t-shirt serrés qui font trop cool !-. Bref, on en était, bon d’accord, j’en étais à ma séance de contemplation en réfléchissant sur le fait qu’un sportif moldu n’a rien à voir avec un joueur de Quidditch, non ? Donc, je peux très bien dire qu’il est mon type et que j’aurai très bien une chance dans… deux-trois ans ? (ça va, ce n’est pas bien long, et puis après tout, si on convertit, il n’est qu’en sixième année, l’écart n’est pas si grand, ce n’est rien que trois ans de différences) [Elle semble juste oublié que ce choix n’importe pas qu’elle] Donc, pendant que je médite sur les règles fondamentales d’une relation, Claire a encore sonné.

    « Tu fais quoi ? » On ne va tout de même pas le vouvoyer.

    « De la chimie », répond Dave en se tournant avec surprise vers l’asiate.

    « Et c’est quoi ? » Demande-t-elle à nouveau.

    « Tu n’avais pas un dictionnaire pour connaitre le vocabulaire, toi ? » Je l’interromps, plus par plaisir personnel que pertinence.

    « Oui, mais je n’en suis qu’au milieu des b. » Elle réplique.

    À préciser qu’elle est a reçu son cadeau hier. Elle a utilisé ses lunettes lecteurs. Forcément. 

    « La science des connaissances et les propriétés sur les molécules », répond le lycéen après un instant de planassions comme citant ce qu’il a appris.

    « Vraiment ? Explique un peu. »

    « Oh, elle recommence », soupire Clara, ennuyée.

    « Elle ne peut pas s’arrêter au moins pendant les vacances, franchement », se plaint également Chloé en se disant sûrement qu’elle avait d’autre projet.

    Non, pas notre devoir, qu’on a bouclé dès le premier instant que l’on s’est vu. Oui, autant en finir rapidement avec ces objets de malheur. Bon, par conséquent, pour le reste de notre séjour chez les Rivers, on la passe soit à faire ce que notre hôte nous a concocté soit on écoute les élucubrations de Dave sur la chimie.

    …Je suis sûre qu’il y avait meilleur choix si Claire ne s’était pas mise en tête de poser une avalanche de question toutes plus incongrues les unes que les autres durant la période de vacances de Fête de fin d’année.

    Oh, puis zut ! Ce sont justement la fin d’année, autant s’amuser, non ? Et si je me lâchais en usant finalement le cadeau que j’ai reçu ? De la part de Claire, bien sûr. Pas croyable comme cette fille peut être une bouffé d’air frais tout comme une source de nuisance. Et c’était le deuxième qui était le plus courant.

             Une semaine et demie plus tard (oui, j’ai compté, ce n’était pas que je m’ennuyais mais un peu quand même), fut la reprise des cours. En posant mes pieds sur le quai de la gare de Pré-au-lard, l’air détachée, je me suis fait empoigner par l’épaule. Ce n’était pas brutal, mais je ne m’y attendais pas et je titube en me tournant, manquant de chuter (et pas le jeu de mot pourri à la James Potter, svp). Je m’accroche à mon assaillant pour me stabiliser. Ruben. Ma tête était en face de son torse. Il avait une main sur mon épaule, tandis que je m’accrochai à sa taille, ce qui creusait davantage la différence de centimètre qui nous sépare. Crotte, pourquoi est-ce que les garçons grandissent si vite ?

    « Tu t’es percée. » Ce n’était pas une question, mais une affirmation « ça te va bien », ajoute-il au bout d’un moment.

    « Merci. »

    Et pour une fois que je me sentais bien fière de mon coup. Contrairement à mon apparence de punk en première année, j’ai entreprit une métamorphose (pas totalement non plus, mais bon) pour 2020. Déjà, mes cheveux ont les deux côtés de la même longueur (environ), donc plus de coupe rasé sur le côté, puis ils étaient coupés au carré, j’en avais décidé ainsi parce que c’est chiant quand c’est long. Maintenant, c’était dégagé et léger. Et puis, je me suis percée (pour rester dans la punk attitude) à la lèvre inférieure sur la gauche.

    Et visiblement, ça me va bien. Alors tout va bien.

    Enfin, j’aurai voulu.

    Alors qu’un matin d’un beau jour de week-end, je vois tout mon programme chamboulé par l’apparition d’une activité inattendue. Dans la salle commune des Gryffondor. Et je descendais justement dans l’intention de rejoindre les filles pour passer la journée ensemble. À la place, je fus entraînée dans cette histoire sans avoir rien demandé. Pourquoi, ça n’arrive qu’à moi ?

    « Bon, maintenant qu’on a réuni 12 joueurs, commençons ! » Déclare joyeusement James Potter en se frappant les mains.

    Le terme exact serait plus forcé que réuni. Je jette un coup d’œil circulaire aux participants, certains ne semblent pas plus réjouis que moi de se trouver dans cette péripétie. Ruben, par exemple. Il est affalé sur un fauteuil rouge, la tête renversé sur le haut du dossier et semble vraiment ennuyé d’être ici. Nous sommes deux. Et seulement deux.

    « Je propose qu’on se numérote par décroissance d’âge », poursuit Molly.

    Et évidemment toute la famille Weasley (des rouges) est au complet. Fred Weasley fait apparaitre des plumes et parchemin par douzaine et Lucy se charge de nous les distribuer. Bon gré, mal gré, les joueurs rentrent dans le jeu. Je jette un dernier coup d’œil à Ru qui se saisit de la plume pour la tremper dans l’encrier commune posé à notre disposition avant de rire à une blague quelconque d’Adrian DucSiron, parce qu’oui, il est de la partie. Tout comme Lolie Boa-Cameron. Je suis gâtée, dis donc. Et ce n’est pas le pire.

    « Et on peut demander ce qu’on veut ? » questionne une voix nasillarde.

    « Oui, Peter, mais à partir du moment que ce soit dans la limite du possible. »

    C’est Lucas Dixon, dans son rôle de préfet, qui répond au petit crétin de Peter O’Neill. Et vu la grimace de James et froncement de sourcil de Fred, il n’est que moyennement accepté dans le groupe. À côté, Lily pousse un soupir en levant les yeux au ciel. Voire pas du tout. Ayant compris que sa belle a été entraîné dans un jeu qui a l’air drôlement amusant, il s’est mis en tête de soûler les opérateurs du jeu pour participer aussi. Et quand je dis soûler, c’était grave, quoi. Je compatis sincèrement pour la petiote. Mais j’aimerai qu’on en ait aussi pour moi. Du coin de l’œil, je vois Abigaël Thomas désigner Peter du dos et faire des signes à Lily, ce qui a l’effet de faire rire la rousse. Mais ce ne sera visiblement pas quelqu’un parmi ce groupe.

    Donc, on obtient pour résultat :

    1. Peter O’Neill
    2. Lily Potter
    3. Lolie Boa (elle m’énerve toujours autant, son double nom)
    4. Adrian DucSiron
    5. Moi (Vous me connaissez, non ? Bon…) Harley Dubois
    6. Ruben Smith
    7. Lucas Dixon
    8. James Potter (son deuxième prénom aussi peut-être ? à vos ordre : Sirius)
    9. Abby Thomas (c’est plus court)
    10. Fred Weasley
    11. Lucy Weasley
    12. Molly Weasley (Tain, ils s’assemblent)

    (Oui, en fait, c’est plus par croissance de nom et décroissance de niveau)

    « Bien, débutons donc la partie ! » S’exclame alors Molly, une fois tout prêt.

    Je soupire dans mon coin, de toute façon, ce n’est pas comme si on allait me remarquer. Ah, bah non, je ne dis (pense) plus rien. Adrian me jette un regard curieux que je réponds d’un signe de tête négative, ce n’est pas comme s’il me comprenait. Comme Peter est le numéro un, on lui laisse l’honneur de tiré le premier parchemin plier où est inscrit les demandes.

    « 7 doit aller dans la cuisine et ramener à manger pour tout le groupe. »

    « Eh ben, on commence d’office par une action ? »

    « Bon, alors, 7 c‘est… »

    « Moi. » Dis Luca en se levant de sa place. « Bon, continuez, je reviens vite. »

    « Eh, mais attends, tu ne prends pas nos commandes ? » interrompt James.

    « T’as vu, imagines que tu prends un truc qu’on n’aime pas ! Donc, je veux bien que tu me ramènes des fruits de mer, c’est bon pour former la peau. » Ajoute Lolie comme pour expliquer son choix.

    Tu ferais surtout mieux de prendre quelque chose qui te formerait des neurones. Bon, je suis méchante, je le suis toujours quand je suis de mauvaise poil. Ah, je l’ai déjà dit ? Voilà que je radote.

    « Bon, pour moi, de la bière au beurre ! » Clame Adrian.

    « Y’en a pas », rétorque aussitôt le coursier.

    « Tant pis, du jus de citrouille alors », se rabat le septième fils.

    « Pour ma part, je veux de la glace à la banane », s’écrie Peter.

    « De la glace en Janvier ? » S’étonne Lucy.

    « C’est justement par ce temps, qu’il faut en déguster ! Pour plus de sensation. »

    Je pense au contraire que tu perdras toutes tes sensations en ayant le cerveau gelé. C’est vraiment une tête de pignouf quand on y repense.

    « Dans ce cas, je veux des patates », demande Molly.

    « Et avec une pincée de sel, tant qu’on y est ? » Propose Abby.

    « Oh, non, le mieux serait des frites, plus facile à manier », marmonne la rousse.

    « Le gratin aussi est très bon », souffle Ruben. « Des pommes de terre suédois. » commende-t-il.

    « Et vous ne voulez pas plutôt que je vous ramène juste des patates crus ? »

    « Oh non, ce n’est pas très sain », réplique Molly « Et puis, il faudrait encore que ce soit bien éplucher. »

    À ce train-là d’hésitation, j’entends Ruben ricaner à côté. Lui qui s’est prêté au jeu pour rendre son aînée confuse se tourne vers sa prochaine cible : moi.

    « Et toi, tu ne veux rien, Harle ? »

    « Non, merci, je suis en plein régime », je détourne.

    En réalité, je n’en ai nullement besoin. C’est juste pour épargner le préfet. Au moins une. Du coin de l’œil, je le vois soupirer.

    « Moi, je veux bien des barres énergisantes », sollicite Fred.

    « Pareille mais au goût fraise », ajoute Lucy.

    « Idem à la framboise et citron », se joint Lily.

    « Ça existe, ces saveurs, même ? » je marmonne.

    « Ah, tu sais les elfes sont prêts à tout faire pour nous satisfaire », me répond Ru sur le même ton.

    « Bon, bah, pour moi, c’est tu-sais-quoi », commande énigmatiquement James.

    Son compagnon lui rend un sourire entendu.

    « Ah, non, finalement, ma glace, je la veux à la vanille et pistache et Nutella ! »

    « Bon, faut non plus abuser, Lucas ne va pas tout s’en souvenir ! » Intervient (enfin) Abby, prise de pitié.

    « Pas d’inquiétude, je te les ai inscrite à la plume à papote », rassure ( ?) Molly en lui tendant un parchemin « Il est raturé et débordé pour cause de changement de dernière minute, d’ailleurs je veux finalement une brochette de pomme de terre à la parisienne. »

    La plume rouge se met à tracer les dernières lignes avant d’apposer le point final pour enfin laisser le parchemin en main de notre préfet et livreur bien aimé, qu’on a nommé Lucas Dixon, qui se met finalement en route. Silence.

    « Oh, j’aurai aimé aussi quelque douceur », réalise Adrian.

    « T’inquiète on demandera un elfe de nous en ramené après », chuchote Ru.

    « J’imagine qu’il demandera à un de l’aider à transporter tout ça. »

    « Il a bien intérêt, sinon je ne garantit pas sa sécurité s’il nous amène de la bouillie à la place de nos commandes. »

     

    « 1 doit coller « Je suis un mafieux » sur le dos d’Arsène. » Lit Lily.

    « Ah, à mon tour ! » s’exclame bruyamment Pete en se levant de sa place.

    « Ben alors, qu’est-ce que tu attends ? » Demande James voyant qu’il ne bouge pas. Il reste juste debout.

    « Bah, je dois juste coller un message sur le dos du pion ? »

    « Comme ça a été demandé », je ne peux m’empêcher de répliquer.

    Et l’évidence se sentait de tous les côtés. Qu’est-ce qu’il attend ?

    « Mais comment vous saurez que je l’aurais fait si vous ne voyez pas de vous-même », développe-t-il.

    Ah. Moi, je pensais qu’on allait juste le laisser se balader pour quelque temps seul dans le couloir à la recherche du surveillant, nous donnant un moment de répit. Non, ce n’est pas moi qui ai demandé cet action, j’ai juste…non, je ne vous le dirai pas.

    « Ah, oui, je comprends ! » réagit Fred « Il te suffit de prendre ça avec toi. »

    Le collégien le plus âgé lui tend une broche en forme de chérubin avec un arc fléché, dont le bout laisse supposer un objectif. Accessoire de Weasley, farce pour sorciers facétieux, bien sûr. C’est ce qui permettra de nous reporter si son action a bien été effectuée, relié à un parchemin magique qui retransmet les images. Et si c’est bien efficace, cela lui rendait surtout ridicule avec un attirail pareil. Maintenant, je suppose savoir qui a écrit ça.

    « Et n’oublie pas la pancarte que tu dois coller », rappelle Lucy.

    « Bah, on aurait pu prendre un parchemin », relève le petit.

    « Oui, mais c’est plus marquant et… osé », renchérit Molly.

    Finalement, j’hésite entre deux suspects. Peter O’Neill finit par sortir de la salle commune avec une broche de cupidon sur sa poitrine gauche et une pancarte pour couvrir cet accessoire dont une face était inscrit « je suis un mafieux ». Si quelqu’un voyait ça, il aurait droit un regard plus que suspicieuse. À son départ Fred Weasley pose le parchemin au centre de la table mais le délaissant complètement, on reprend la partie en soupirant de soulagement. Ouf, il est parti.

     

    « 9 doit se déclarer à Peeves. » Dit Lolie.

    « Mais il n’y a que des actions qui se passent en dehors de la salle ! » râle James avec ce qu’on perçoit comme une pointe de… jalousie ?

    Car 9 n’est autre qu’Abigaël Thomas, sa petite amie. Il a des côtés mignons.

    « Bon, bah, tiens », dit Fred en tendant une broche en forme de lion cette fois-ci.

    « Merci. C’est toujours mieux que l’autre », répond la préfète.

    « J’en avais gardé un spécialement pour lui, mais je ne pensais pas que j’allais utiliser celui-là aussi. »

    « Tu as bien fait, en plus soit fière de si bien représenter notre maison. »

    Molly fait un clin d’œil à Abby, pendant que la métisse rit en s’épinglant le lion doré sur sa cravate rouge et jaune.

    « Bon, j’y vais en tant que fière Gryffondor. »

    « Tu fais vite, hein », lui rappelle son copain.

    « Mais oui, ce n’est pas comme si cet esprit frappeur peut me faire quoi que ce soit », réplique sa compagne, amusée par son comportement.

    « Lui non, mais toi si », plaisante Lucy.

    « D’ailleurs, tu es au courant que tu dois lui faire une déclaration de tout ce que tu veux. De flamme ou de guerre », remarque Ruben en voyant les yeux enflammé de James Potter.

    « Mais je te déconseille la deuxième option », défend Adrian.

    « Eh d’où tu interviens ? » grogne Potter aîné.

    « Remarque, la première ne semble pas une très bonne idée non plus. »

    Du coin de l’œil, je vois Lolie se cacher la bouche de ses mains mais dont les épaules tressautent. Si c’était silencieux, j’aurai entendu son pouffement.

     

    « Qui est la plus belle personne du groupe selon 11 ? » Adrian repli le parchemin à la fin de sa lecture avec une pointe de fierté.

    On se demande pourquoi. Il se redresse, voire gonfle son torse et lève le menton. Pour un peu, il me ferait presque penser à ces pros sang-pur. Presque, étant donné que c’est un né-moldu. Même s’il est aisé, pour ne pas dire que sa famille fait partie de la haute bourgeoisie moldu. Enfin, je n’en sais trop rien, mais en tout cas, je suis au moins sûre que son arrogance vient de là.

    On se tourne vers Lucy Weasley qui semble en pleine réflexion. Il semblerait que le temps se soit allongé le temps que les trois autres reviennent de leur mission. Ah, tiens, et si cette personne fait justement parti de l’un d’eux ? Pas Peter, je ne l’espère pas, ce serait donc un des deux préfets ? C’est vrai, qu’ils ne manquent pas de charme. Tout à ses réflexions, son regard dérive sur un des deux parchemins enchantés. Sur l’un des deux est représentée une silhouette translucide et flottante. Nous l’aurons reconnu, il s’agit de notre célèbre esprit frappeur Peeves ! Il est concentré sur une chose qu’il vient d’apprendre de la bouche de notre préfète.

    « T’as dit quoi ? » nous parvient la voix du poltergeist.

    Ouah, trop fort, même le son y est transmis.

    « Bonjour Peeves, tu savais que les esprits frappeurs peuvent devenir des génies si on les emprisonnait ? »

    « N’importe quoi, gamine, tu ne me crois tout de même pas si ingénu. »

    « Non, mais vous êtes ingénieux. Et je vous assure que c’est vrai, une fois enfermé dans des lampes à huile, ils doivent obéissances et fidélités à leur maître du moment jusqu’à ce que le génie exauce trois vœux. »

    Il eut un moment de flottement, avant qu’une chose phénoménale ne se produise : Peeves, l’esprit frappeur, s’il est craint (parfois haïs par certain) des élèves, il n’en reste pas moins une fripouille que beaucoup d’entre eux apprécie (c'est notamment le cas de notre chère blonde qui ne rate pas une occasion pour conclure un pacte avec ce diable de fantôme), devint encore plus translucide que sa condition puisse lui permettre. En fait, il s’est carrément effacé à cette déclaration. Presque, étant donné qu’on ne voyait la scène que par un parchemin jaunie.

    De notre côté, les rumeurs allaient bon train. Et le rire dominait avant tout.

    « Ça, c’est de la déclaration ! » S’écrie Lolie en se frappant les mains, hilare.

    « Ouais, je n’aurai pas fait mieux », admit James, et ça, c’était un scoop.

    Mais je le voyais surtout fier, une lueur affectif aussi, mais ça…

    « Bon, maintenant, je sais qui est la plus belle : j’ai nommé Abby ! »

    Le sourire de Potter aîné s’élargit encore plus si c’était possible. Je laisse échapper un borborygme ; qu’il est prévisible. À ce moment, l’entrée du portrait de la Grosse Dame pivote pour laisser place à notre préfet et livreur adoré (même si ça ne me concerne pas plus que ça, étant donné n’avoir rien commandé), il est acclamé par le groupe en son ensemble, enfin ce qui en reste. Il distribue les rations demandées, qu’il avait au contraire des suppositions de ses amis réduit et lévite sur une serviette. Chacun se sert, sans se préoccupé du mutisme d’Adrian, qui semble passablement bien boudeur. Touché dans son orgueil, je crois bien, oui !

     

    « Quels sont les qualités et défauts de 3 selon 10 ? » Je déchiffre l’écriture.

    En repliant le parchemin, je jette un coup d’œil au parchemin du petit dont l’image ne cesse de tressauter, signe que Peter était en train de courir.

    « Eh ben, il risque de prendre du temps à revenir. Pas qu’il me manque mais il y a sa glace qui va fondre. » Commente Lucas en remarquant mon examen.

    « Tant mieux, son cerveau se gèlera moins. »

    « Ce n’est pas comme s’il avait besoin de la glace pour geler ses neurones. »

    Lily rit à cette pique.

    « Bon, alors, la réponse ! » Clame-la concernée de la demande.

    Eh oui, il s’agit bien de Lolie. Elle se frappe les mains pour attirer l’attention, on se tourne vers elle, puis vers Fred Weasley qui est celui qui doit répondre. Il se sent étrangement un peu mal à l’aise, pourquoi doit-il répondre à une question alors qu’il ne doit probablement pas la connaitre plus que de vue dans la salle commune. Et encore, pour le jeu, elle s’y est invitée elle-même.

    « Hum, donc, je commence par les défauts ? » demande Fred, gêné.

    « Ah, non, il y a écrit Qualités et défauts », je fais remarquer, d’humeur taquine. Commençons par le meilleur et finissons par la faire pleurer. Ou juste d'humeur mauvaise.

    « Même si je pense que la première sera moins nombreux que le second. »

    Je me tourne avec surprise vers Adrian qui venait de souffler ces mots. Curieux, je ne pensais pas qu’il avait ce genre de pensée pour elle. Je le vois se tourner et me lancer un sourire entendu. À moins qu’il l’ait fait uniquement pour être sur la même longueur d’onde que moi ?

    « Euh, bon, donc les qualités : enjouée, euh… »

    Ah, il hésite déjà, je sens que je vais me marrer. Cependant ce petit début plait à la concernée qui affiche un sourire XL.

    « Imaginative… »

    Il veut parler sa créativité au niveau des sujets à parler, je suppose.

    « Confiante… »

    Eh ben, lui, ça se voit qu’il ne la connait pas. Parce qu’elle est tout sauf confiante en cours.

    « Et euh… » Vraiment, sa liste de qualité est si court ? « Positive… »

    Pour un peu on aurait pu entendre l’interrogation dans sa voix. Je me retiens de rire pour ne pas paraître malpolie mais… Bon, d’accord, j’avoue, j’ai ri. Et pas discrètement. Enfin si, un peu, disons que seuls mes voisins l’ont entendu.

    « Tu m’as l’air beaucoup plus amusé qu’au début du jeu », me chuchote Ruben.

    Je lui jette un regard sans me départir de mon sourire. Sans lui répondre, je retourne mon attention sur la suite de la réponse.

    «  Et donc, tes défauts sont : impatience, vanité, hyperactive et possessive. »

    Il dit ça très rapidement, comme pour s’en débarrasser, ce qui est tout à fait compréhensible. Surtout que ce qu’il a dit est au final tout à fait vrai et plus ou moins vexatoire. Enfin pas pour la principale intéressée, je crois que même mon rire ne pourrait enlever son sourire, effet prouvé.

    « Bon, 4-4, c’est largement suffisant. Passons à la suite », je conclu.

     

    « Que ferait 6 face à une déclaration… de son pire ennemi ? » Ruben a hésité.

    « …Déclaration de quoi ? »

    On se tourne tous vers la voix qui vient de poser la question. Notre préfète de retour, son petit ami se l’accapare sans perdre de temps. Et je ne détaillerai pas ce qu’ils s’entreprennent à faire. En tout cas, le rôle de ce qu’a ramené leur ami commun, aussi connu en tant que préfet, a bien servi. Là encore, je tairai le nom.

    « Mais d’abord pourquoi je dois lire une question à mon attention ? » Elude-t-il.

    Il froisse le parchemin dans sa main et coule un regard accusateur vers moi. Je me redresse et lui répond avec des mouvements de lèvres sans bruit : « Ce n’est pas moi. » Parce que, oui. Dernièrement, dès qu’une chose embarrassante tombe sur lui, il pense direct que que je suis la principale coupable, juste à cause d’un jeu de l’an passé. Eh, je ne pensais pas que ça allait prendre une telle tournure !

    « C’est parce que tu n’as pas de chance, mec », répond Adrian.

    « Que tu as la main malchanceuse », renchérit aussitôt Lucas.

    À ces réponses, mon voisin croise ses bras sur son torse et se mue dans un silence. Je vous ai dit une fois que quand il se mettait à bouder, il a juste une moue très enfantine, non ? Eh bien, je reste camper sur cette remarque. Même avec quelque centimètre en plus, il ne changera pas ses expressions, puérils, qui lui sont propres. Mais bon, c’est ce qui fait son charme.

    « Bref, on a dit déclaration de quoi ? » Reprend Molly la suite de l’idée d’Abby.

    Comme il y a un silence, on se tourne maintenant vers le concerné. Qui boude toujours et semble même gêné. Sous nos regards insistants, un mot fini par s’échapper de ses lèvres.

    « …amour… »

    .

    Hum ? Je ne suis pas sûre d’avoir bien entendu.

    « Attends, tu as dit une déclaration…d’amour… de la part de ton ennemi ? »

    Bon, je ne suis visiblement pas la seule. Lucy a toujours un doigt levé, une expression de pur scepticisme sur le visage. C’est vrai que dit comme ça, il y a juste une grosse contradiction. Y a des gens vraiment tordu dans l’assistance.

    « Mais tu as un ennemi, même ? » Je demande en ajoutant mentalement : Un Pire, surtout. Bah, quoi, c’est la question.

    « Non, mais il n’a même pas de meilleur ami », pouffe Adrian.

    « Dis donc, ne te gêne pas, déballe ma vie ! Et toi, arrête de te moquer ! »

    Malgré moi, un sourire me fend le visage. Je secoue la tête avec indulgence.

    « Je ne me moque pas. »

    « Bon, ce n’est pas tout ça, mais cette réponse, on l’attend toujours. » Presse James ayant terminé de faire ce qu’il avait à faire avec sa moitié.

    « La question ne se pose pas. S’il se déclare, je lui envoie sur les roses, étant donné que c’est mon pire ennemi. Mais comme je n’en ai pas, c’est vite réglé. »

    N’y a pas de réponse plus franche et rapide. Suivant !

     

    « Combien de passages secrets connait 8 ? » Dit Lucas.

    « Ha ha, mon secret va être sur le point d’être éventé ! » S’exclame James.

    « D’où tu tiens ce discours ? On te demande combien, pas où se ils trouvent. »

    James se calme et se tourne vers son cousin roux.

    « Pourquoi tu casses mon délire comme ça, toi ? »

    Fred lève ses mains en guise de reddition. Mais je voyais bien à sa tête qu’il ne le pense pas. Et son sourire narquois me le prouve.

    « Donc, bref, ta réponse ? » Je demande sans me presser, bien évidemment. 

    « Alors il y a un ici, un là-bas, un plus loin, un plus proche, ah l’autre au bout, là et en bas, je crois qu’il y’en aussi quelques-uns dans le coin aussi… »

    Et il continue son énumération en comptant avec ses doigts, dont le résultat dépasse largement le compte de ceux-ci, avec sa petite-amie dans ses bras qui le regarde avec un sourire amusé à peine dissimulé. J’ai comme l‘impression qu’on se paye de nos tronches.

    « Ah, une bonne centaine ! » Déclare-t-il finalement.

    « Ah ouais et quel sont-ils ? » Demande curieusement Adrian.

    Lily pouffe, je ne sais pas pourquoi mais c’est comme ça, et Abby et les jumelles sourient avec indulgence, et j’ignore toujours pourquoi, même si je me doute que ce ne doit concerner que le clan Weasley et leur ami –enfin surtout l’entourage de l’aîné Potter-.

    « Ah, ça, ce n’était pas posé dans la question », répond Lucas.

    L’air de vouloir dire « Ouais-je-sais-quelque-chose-dont-vous-ignorez-tout-mais-je-ne-vous-le-dirai-pas-parce-que-j’aime-trop-vous-faire-mariner-et-nah », ben , c’est réussi mon gars ! Ok suivant !

     

    « Quel serait le meilleur moyen de gagner de l’argent à Poudlard ? »

    À peine James a terminé sa question que la réponse ne se fit pas attendre. Lolie se lève de son siège et crie haut et fort :

    « Maquiller ! »

    Et attention, pas SE maquiller, ni Maquillage tout court (en vendre, quoi), mais Maquiller !  J’en apprends tous les jours avec cette gamine.

    « Maquiller ? » Répète Molly suspicieusement.

    « Genre Maquilleuse, quoi ! »

    « Ah, oui, mais il faudrait vraiment que ça vaille la peine… »

    Ce n’est pas que Lucy Weasley était pragmatique mais un peu quand même.

    « Pas de problème, je suis confiante en mon talent de maquilleuse ! »

    Et c’est sûr que certaine personne de la populace estudiantine en a bien besoin, parce que si les filles ne sont pas de vraies négligées passant limite pour des pestiférés alors elles sont des pots de peintures ambulants, qui paradent dans les couloirs du château en gloussant comme des dindons. Pas très ragoutant, hein ?

    « Ah, mais je ne te contredis pas là-dessus », tente de sa rattraper Lucy.

    « D’ailleurs, j’ai des témoins ! » Renchérit la française sans entendre la rousse.

    Elle nous désigne de la main, c’est-à-dire ses camarades de troisième année.

    « Hein, pas vrai que je me débrouille pas mal pour relooker ? » Voyant notre manque de réaction, elle ajoute « Vous vous souvenez de votre jeu de l’année dernière et de quoi j’en suis capable ? »

    Alors, l’année dernière, notre jeu… ah, elle veut parler de Qui ? Avec qui ? Quoi ? Où ? Revisité par Clara ? Bon, donc une partie où il était question de maquillage…je me revois à l’an passé, douze joueurs plus deux « arbitres » (n’importe quoi, ce truc….), une partie de ma… oh.

    « Pff haha ha » Je me mets soudainement à rire.

    Et je suis bientôt suivi par mes deux compères dont leurs pensées semblent synchronisées avec les miennes. Les autres nous regardent étrangement.

    « Ben, sympa, qu’est-ce qui vous amuse ? » Boude Lolie.

    « B-bah, tu ne te souviens pas de ce qui s’est passé juste après ? Non, pendant que t’étais occupé dans ta séance de maquilleuse professionnelle, nous, on… »

    Adrian ne peut continuer sa phrase qu’il est secoué d’un nouveau rire incontrôlable, même Ruben a du mal à reprendre. Et moi, je préfère me taire. La compréhension finit par se faire un chemin jusqu’au cerveau de l’auburn dont je vois un sourire fleurir à travers mes secouements causé d’un rire silencieux.

    « Haha… oui, je vois, haha ! »

    Là, c’est sûr, le reste du groupe nous toisent comme s’ils nous croient dans une autre dimension. Ah, voilà que ça change la donne, qu’est-ce que ça fait de ne rien comprendre ? Bref, en tout cas, c’est sûr qu’ils ne pourront pas comprendre notre délire, il aurait fallu être présent pour faire partie du complot. Parce que c’était vraiment…haha ha ! Sachez juste que laisser deux zigotos qui ne comprenaient pas trop l’intérêt d’une boîte à maquiller se débrouiller pour se « maquiller » n’est pas une superbe idée pour l’issu de la boîte en question. Non seulement on l’a terminé avec l’aide deux autres compères aussi ignares que les deux premiers, mais en plus, tout le contenu trouva support sur nos visages de jeune enfant innocent… et affreux !

    « Bon, OK, donc on dit oui pour cette réponse…hilarante ? » Demande Fred.

    Pour toute réponse, nous quatre éclatons de rire encore plus fort. Ensuite le reste de la conversation se perd dans nos éclats et finalement on passe à la question suivante. Enfin, une fois qu’on s’est calmé.

     

    « Si on était dans un Rpg médiéval, qui incarnerait quel rôle ? » Interroge Abby.

    Ma première réaction : « C’est quoi un Rpg ? »

    Ma deuxième : « Comment ça incarner ? »

    Et mon tout : « Comment ça QUI et QUEL ? »

    « C’est quoi un RPG ? » Demande finalement Ruben.

    Ben oui, je laisse un autre se ridiculiser à ma place, y a quoi ? Qui a dit que Gryffondor était la maison des courageux ? Je n’ai jamais affirmé une telle chose, moi. Je ne suis aucunement responsable.

    « Y a des gens bien geek, ici », commente simplement Lolie.

    Non mais si tu sais quelque chose, ne te gênes pas pour étaler ta science. Franchement, pour une fois que je veux bien qu’elle parle, il faut que son esprit taquin et énigmatique s’enclenche justement à ce moment-là.

    « Qui a écrit ça ? » Réagit alors Abby.

    « Non mais, on s’en fiche, je veux juste savoir ce que cet acronyme veut dire. »

    Autant être clash.

    « RPG, Rôle Playing Game, en gros c’est un jeu vidéo où tu incarnes un personnage par classe social, tu as par exemple : chasseur, paladin, etc… »

    Je me tourne vers Adrian.

    « Tu sembles bien t’y connaitre », je remarque juste.

    « En effet, j’y joue souvent », il répond et ajoute rapidement en interceptant les regards des autres « Mais ce n’est pas moi qui ai posé cette question. »

    « La réponse la plus probable est que cette personne a une culture moldue. »

    Très juste, mais ce n’est pas le plus important.

    « Et quel genre de rôle avons-nous ? »

    « Guerrier, Paladin, Voleur, Chasseur, Moine, Prêtre, Chaman, Mage, Démoniste, Druide », énumère Adrian.

    « Il y a aussi leur profession », ajoute alors la petite Lily.

    Surpris, on se tourne tous vers elle.

    « B-ben, comme alchimiste, calligraphe, couturier, enchanteur, forgeron, herboriste, ingénieur, joaillier, mineur et euh archéologue, cuisinier et pêcheur. »

    « D’accord Lily, mais comment tu sais ça ? » S’étonne son frère.

    « Euh… j’ai vu un camarade en jouer ? »

    « Il a quel âge ? »

    « Ok, gardez cet interrogatoire quand vous serez seuls, terminons d’abord ça. »

    « Bon, alors je propose que chaque joueur donne un rôle à son partenaire, comme ça on évite les débordements », instaure intelligemment Abby.

    « Ok, je commence ! Alors Harley : herboriste ! » S’exclame Adrian.

    …d’accord, c’est parce que j’aime bien la botanique ? S’est pas foulé la cheville.

    « Hum, Ruben en chaman », je dis à mon tour.

    « Ah bon, je le vois plutôt en moine, moi », déclare Adrian.

    Le dit moine lui jette un regard torve, démentit par les extrémités de sa bouche qui remontaient.

    « Fais attention à ce que tu dis, sinon tu recevras un slave de chakra », menace-t-il sans méchanceté et surtout avec plaisanterie, à laquelle Adrian répond d’un rire franc. « Donc, je dirai Druide pour miss Weasley. »

    « Laquelle ? »

    Ruben hausse un sourcil : « Ma voisine. »

    Les jumelles changent de place à ce moment. Haha.

    « Laquelle alors ? »

    Mon ami fait la moue. Il lève l’index, pointe la rousse aux cheveux lisses et mi- longs et dit avec hésitation.

    « Molly. »

    « Eh non, dommage ! Pas croyable qu’au bout de trois ans, tu ne nous différencie toujours pas ! » Souffle la vraie Molly, aux cheveux roux frisés.

    En effet, je crois que c’est bien le seul de notre maison à ne pas savoir, à l’exception de Matthew dont je n’en ai aucune idée.

    « Oui, bon, ce n’est pas comme si je vous côtoyais tout le temps. »

    « Bref, Lucy, quel rôle aurais-je selon toi ? » Rit Molly.

    « …Démoniste. » Sa moitié lève les sourcils. « À ton tour. »

    Un peu perturbée par la réponse, Molly se tourne vers son cousin et réfléchi.

    « Ingénieur. » Fred se tourne alors vers Lolie, le sourire de la partie qualité-défaut ne la quittant pas. Il déglutit et se force à bien choisir sa réponse.

    « Joaillière. » La réponse semble la satisfaire.

    « Chasseur pour notre préfet ! » S’écrie-t-elle.

    « Archer pour ma partenaire puisque nous sommes aussi collaborateurs. »

    Abby se tourne alors vers son petit-ami et un sourire amusé étire ses lèvres.

    « Est-ce que la question se pose ? Paladin, bien sûr », lui susurre-t-elle.

    Oh, pitié, faites qu’ils ne vont pas se mettre à s’embrasser fougueusement et nous faire une scène romantico-baveux. Heureusement, ils ont un minimum de savoir-vivre et se contentent juste des regards langoureux. Qui dure assez longtemps, Lily tousse pour attirer l’attention.

    « Enchanteresse pour ma petite Lys. »

    « Un grand et brave guerrier. » La dite Lys se tourne vers le blond du début.

    Si cette réponse réjoui énormément le concerné, un n’a pas apprécié du tout.

    « Tu es sérieuse, Lill ? »

    « Oh, bah quoi, tu es bien le passionné paladin de ta belle. »

    D’ailleurs, j’ai comme le sentiment qu’on a oublié quelqu’un, impression ?

     

    « Qui est la sublime personne blonde, grande, belle et appréciée chez les élèves de troisième année ? » Questionne Fred.

    « Hin, je crois que quelqu’un a fini par comprendre. » (Vous ne devinez pas qui a parlé là ?)

    Quoi donc ? Dis-nous qu’on se marre un coup. Depuis le début du jeu, je crois qu’Adrian est celui qui se fait le plus remballé après Peter. Ah, mais oui, c’est lui qu’on a oublié au tour précédent ! D’ailleurs, il n’est toujours pas là, et il semblerait que je suis bien la seule à avoir remarqué. Autant se taire.

    « Il s’agit bien sûr de... »

    « Wyatt ! » S’écrie Lily.

    Puis en voyant qu’on la regarde tous (encore), surtout son frère aîné avec de gros yeux globuleux, elle se tasse à sa place, rouge. Pour un peu, elle se confondrait avec le dossier du fauteuil où elle est installée.

    « Attends, Wyatt comme le gars qui traîne avec Aly, là ? »

    Aly ? Oh, c’est pas vrai, finalement ce jeu est beaucoup plus sympa que je ne le croyais. On en découvre toujours un peu plus.

    « Oui, c’est bien frérot, tu reconnais les amis de ton frère », raille la petite.

    « C’est vrai que ce troisième a son charme », remarque Lucy.

    « Ouais, en tout cas, c’est un très bon joueur de Quidditch à n’en pas douter », approuve Molly, le regard dans le vague.

    « Oui et puis les cheveux blond soyeux et les yeux verts pomme, c’est le kiff de toutes filles en manques d’amour ça. »

    « Non seulement, il a physique de rêve, mais en plus il est intelligent, sympa, drôle et surtout altruiste ! Le mec parfait, quoi ! »

    Et de la description aussi de ce que j’en vois. Eh non, je vous rassure (ou déçois ? encore une fois ?), ce n’est pas moi qui ai prononcé aucun de ces deux compliments. Même si je suis totalement d’accord. Bien que j’avoue aussi que des blonds, il y’en a d’autre. Et puis, on a dit une personne, ce qui signifie anonyme et donc sexe mélangé. Ce qui veut dire que Clara peut avoir une place, après tout elle est blonde, belle et plus ou moins apprécié par les autres, en dehors d’un certain blond. D’ailleurs, ce dit blond est aussi beau, grand mais niveau sympathie, ce n’est pas ça. Il faudra songer à acquérir ce trait de caractère Scorpius, si tu veux un jour espéré être prisé par les autres. Et puis, il y a Tobias, pas mal et apprécié (de James par exemple, ça revient à tout le monde, non ?), sans m’en rendre compte je m’exprime à voix haute. (Juste la dernière)

    « Hm…oui, il est plutôt pas mal », concède Lolie.

    « Ouais, surtout maquillé », lâche Ruben.

    Et alors, on se remet à rire, nous les quatre troisièmes. L’image finale de son apparence une fois bien arrangé et soignée nous plonge dans notre délire en songeant à ce qui s’est ensuivit. Même si je trouve que les trois autres rient aussi pour une autre chose, encore plus hilarant. [Dans un coin de sa tête la phrase « femme battue » résonne.]

    Bref, sinon, chez les blonds, il y a Matthew (…ouais, non.), Kenneth ou…Mon regard tourne vers Adrian, qui me jette un regard…rempli d’espoir ?

    « Ouais, je pense que c’est la réponse la plus probable », je m’exprime.

    « Donc Wyatt Devon est officiellement déclaré le beau gosse des troisièmes années. » Par des Gryffondors qui n’ont absolument rien à faire de leur journée.

    Sur le côté, j’entends le blond frisé taper le sol du pied. Qu’est-ce que c’est drôle de m’amuser au dépend des autres.

     

    « Qui est le meilleur ami de 5 ? »

    « Après une question choc pour 6, on passe à 5 ? »

    Bon, finalement ce jeu est bien moins amusant que prévu. Comment ça meilleur ami ? (J’ai l’impression d’avoir répété au moins une centaine de fois cet interrogation, je suis en train de radoter, là !)

    « Ce n’est pas plutôt meilleures amies, au féminin –et au pluriel- ? »

    Oh, c’est bon, pas la peine d’enfoncer le clou. Tout le monde sait que je n’ai pas d’autre ami que ces trois filles membres des Révolutionnaires ou Némésis.

    « Non, c’est bien au masculin », confirme Lucy.

    « Bah, donc, Ruben ? » hasarde Lucas.

    Ce me semble le plus proche de la vérité. Proche, étant donné que moi-même j’ignore quel en est le cas. Ce dernier hausse simplement les épaules, l’air de ne pas se sentir concerné du tout. Ce qui est probablement le cas.

    « Bah, ce n’est pas plutôt Tobie ? » S’étonne Lolie.

    « Tobias ? Ce n’est pas le best de Rivers, lui ? » S’incruste James.

    « Quoi, juste parce qu’ils sont dans la même maison ? »

    « Bah, ça semble plus logique, non ? Comme ça coule de source que celui de Claire est l’un des cousins Stewart ou encore de Clara qui est le blond endormi », reprit l'aîné Potter.

    Euh, pourquoi est-ce qu’on en vient à parler de ça ? On s’éloigne du sujet principal, là. Je me passe la langue sur la lèvre, frôlant ainsi l’anneau offerte par Claire. Bon, c’est sûr que cette dernière est vachement proche d’Emil (le gentil cousin, ou lambda vu qu’il ne m’a rien fait et est plutôt sympas) et qu’elle ne cache pas non plus leur complicité, mais concernant Clara, je ne suis pas tout à fait sûr. Bien sûr, elle s’entend très bien avec Kenneth où il leur arrive de parler pendant des heures de jeu vid-, véd-, non, vido… bref, de ce truc moldu dont eux seuls ont connaissance quand Kenneth n’est pas pris d’un étrange envie de vouloir s’assoupir, comme l’appelle si bien James. Et puis bon, si ce n’est pas dans les bras de Morphée qu’il passe, c’est plus en compagnie de John, le fils de notre prof d’histoire. Donc, pour le best de Clara, je dirai plutôt Tobias, vu le temps qu’ils passent pour comploter de nouveaux farces, signé le(s) Fantôme(s). (Le nom a dû être inspiré par notre enquête de première année où Ani, la fille du prof (mais c’est qu’on en a des rejetons de nos profs) de potion, en a fait de même, purée, c’était quand même la première fois que Chloé était en froid avec nous, même si à ce moment on n’était pas officiellement déclaré amies, ce n’est vraiment pas une expérience à recommencer.) Mais si on les désignait plus par maison, je dirai que c’est Goyle son meilleur pote. Parce que dernièrement, tous deux se sont trouvé une même passion qui est de faire perdre la tête à un blond platine. (RIP M.)

    Et concernant Chloé. Je ne veux pas paraître méchante en disant ce que je vais dire (penser serait plus juste) mais, je l’ai rarement vu traîné volontairement avec quelqu’un de sa maison. D’ailleurs, je crois que personne de leur maison traîne vraiment avec qui que ce soit d’autre, sauf bien sur Scorpius Malefoy et Tyler Zabini, les meilleurs amis, mais par exemple même Animera traîne avec la studieuse Luxchana de Poufsouffle, Laura c’est un peu plus compliqué, cette fille est juste trop spectatrice pour notre propre bien. Tobias a sa bande avec le trio de bronze, Ionise (gr) traîne la plupart du temps avec nous (gr x2) et Kylian... Bah, tiens, peut-être que lui serait plus considéré comme, à défaut de meilleur ami, un ami où elle passerait du temps dans les salles communes. Donc, pour ma part : c’est fixé, je n’ai pas de meilleur ami comme Chloé (ça nous fait encore un point en commun), mais je reste souvent avec Ruben, c’est sûr (à vrai dire, nous avons été rapproché surtout grâce ? à cause ? de Pandore (pas à chercher plus loin).

    « Donc, on se contente de Ruben ? »

    J’hoche la tête pour montrer mon consentement. Ouf, on s’approche de la fin !

     

    « Donner un gage à 2. »

    « Qui ? » La voix de James sonne comme le glas d’une promesse de mort TRES douloureuse.

    On se jette les regards un peu de tous les sens, mais comme on constate que personne ne réagit, c’est à ce moment qu’ils se souviennent d’un détail.

    « Oh, purée, il n’est toujours pas revenu », réalise Molly en fixant le pot de glace, fondu. Même s’il ne fait pas chaud, si de la crème glacé (au goût originaux) n’est pas conservé, il n’est pas étonnant de le voir se liquéfier. Du coup, divers odeurs nous assaillent le nez.

    « Bah, en même temps avec ce qui lui a été demandé, il serait surprenant de le voir sortir indemne. Une heure de détention tout au plus », commente Lucas.

    « Hum, heureusement que j’ai pris mes précautions et agit en conséquence, vu ce qu’il a demandé », s’enorgueillie James.

    Maintenant nous savons qui a demandé une action si puérile.

    « Autant faire quelque chose de simple », revient Fred au jeu « disons un truc comme rechercher quelqu’un et terminé ainsi la partie. »

    « Par exemple comme retrouver… les meilleurs amies de 5. » Et Molly a une réaction très étrange.

    Elle fronce des sourcils comme si ce n’était pas ce qu’elle voulait dire. On dirait qu’elle a été…poussée par une volonté plus forte. Je me tourne discrètement vers Adrian, qui lui ne quitte par la rousse des yeux. Oh, il n’est pas possible. Son pouvoir de persuasion s’étend jusqu’à pouvoir contrôler les paroles de l’autre rien qu’en posant le regard sur lui, passant outre le contact physique (comme il en a été le cas avec une chinoise).

    Je pousse un soupir assez audible pour qu’il puisse le remarquer et ainsi arrêter cette mascarade. Mission réussi puisqu’il se tourne vers moi, comprenant que j’ai compris, et m’adresse un large sourire.

    « Sois contente, je te facilite les choses », chuchote-t-il.

    …Je pense qu’il gagne plus en faisant ça.

    « Bah, c’est très simple, attends Lily, il faut aussi que tu prennes la broches de notre sigle –d’ailleurs, faut que je me rappelle de récupérer l’autre- pour qu’on puisse être sûr que tu l’auras bien fait. »

    « Au pire, on peut aussi très bien se séparer sur cette partie et ainsi s’occuper chacun de son côté », je suggère l’air de rien.

    « Oh ho, on voit que quelqu’un trouve du bénéfice dans cette action. »

    « Il s’agit tout de même des Révolutionnaires qu’on parle. Tu ne peux les voir se séparer trop longtemps, sinon, c’est la crise », raille James.

    « Non, non, ce sont les Némésis maintenant », corrige Abigaël.

    « Bref, il est temps de se mettre en route », déclare solennellement Adrian.

    « C’est bon, ce n’est pas comme si vous allez entreprendre une aventure périlleuse », le calme Lucas.

    « Peut-être, qui sait. Poudlard est truffé de passage aussi tordu et nébuleuse qu’une quête et les escaliers sont aussi capricieux que des monstres à combattre », énonce mystérieusement Fred, l’index et le pouce sur son menton.

    Pour toute réponse, on lui adresse un sourire amusé, avant de se disperser vraiment. Les grands (du second cycle) décident de rester dans la salle commune, soit en allant s’occuper de leur obligation (n’est-ce pas les préfets ?) soit s’amuser avec le parchemin en provenance du magasin de leur oncle/père. Le reste, c’est-à-dire nous quatre troisièmes en plus de la petite qui doit faire son action, décide de sortir prendre l’air.

    Enfin, moi, je suis surtout également en quête des filles. Adrian m’accompagne car il veut aussi les voir. On se demande bien pourquoi. Lolie est… à vrai dire, aucune idée de ce qu’elle va faire, pareil pour Ruben.

    On descend alors les escaliers, on ne sait pas pourquoi mais cela semble être la meilleure solution (en fait, c’est surtout parce qu’on était déjà au septième, alors bon…), arrivé au première étage, dans le couloir menant à l’infirmerie on croise non pas mes amies mais d’autre camarade. Notamment…

    « Hey, Aly ! »

    Deux têtes se tournent vers la voix portante de Lolie. Ah, c’était donc pour ça qu’elle est sortie ? Venir embêter non plus Bubus mais Aly ? Cependant, comme il y avait eu confusion avec le diminutif d’Al, ici c’est Alice qui se tourne en même temps qu’Albus, car elle se trouvait bien devant la porte de l’infirmerie en compagnie du trio de bronze, enfin de ce qui en reste puisque seul les cousins sont présents en plus des deux né-moldu. Où sont Tobias et Wyatt ?

    Comprenant que c’est de son frère qu’on parle et que ce dernier n’allait pas tarder à faire le lien et voulant échapper à une dispute éventuelle, Lily accélère le pas en s’enfonçant dans les profondeurs du couloir de l’étage. De mon côté, je m’attarde un peu pour voir la réaction de Potter Palette de couleur.

    « Qui appelles-tu, Lolie ? »

    La candeur d’Alice est parfois affligeante, le Aly en question semble s’être figé, de même pour sa cousine même si la compréhension semble traverser son regard, surtout en apercevant sa cousine tracer à côté, Alfred se contente d’observer la scène avec un regard curieux. Derrière moi, j’entends les ricanements des garçons, qu’ils tentent tant bien que mal de retenir.

    « Bah, notre Bubus international, bien sûr ! Tu préfères que je t’appelle comment ? » Demande l’autre innocemment.

    « Albus, comme tout le monde, tu ne peux pas ? » Gémit-il comme s’il connaissait la réponse. Il est bien obligé avec cette gamine.

    « Donc, Aly ! »

    Alors que notre auburn acquiesce un sourire XL, Aly suffoque mais se reprend vite en jetant un regard insurgé à sa cousine et meilleure amie qui n’a pas pu se retenir de pouffer. À ce moment, la porte de l’infirmerie s’ouvre. Sur Tobias.

    « Tubbie ! » Acclame joyeusement Lolie. Elle ne va pas s’arrêter de sitôt.

    « Salut ! Qu’est-ce que vous faites là ? »

    « On peut très bien te retourner la question. Il t’est arrivé quelque chose ? »

    C’est toujours bizarre de voir qu’un griffon puisse converser sans animosité avec un serpent. Même si j’avoue que Tobie compte pas vraiment un, c’est un cas, lui. Il sourit à cette remarque pertinente.

    « Moi non, mais Wyatt a malencontreusement reçu un cognard durant l’entrainement avec Unchained Hawk alors on l’a emmené à l’infirmerie. »

    « Tout le groupe, là ? » S’étonne Adrian.

    « Ouais, on bouge en bande », réplique malicieusement Rose.

    « L’union fait la force est notre credo », enchaîne Alfred avec le même air. Bande de roux, va.

    S’ensuit ensuite une conversation dont la suite ne m’intéresse plus, étant donné qu’on a laissé tomber au sujet d’Aly d’ailleurs Lolie leur annonce à grand renfort de geste et pétillement de voix qui est le beau gosse de notre promo –blond, bien sûr, ce qui ne plait pas à un autre, mais c’est une autre histoire-, je me bats en retraite en poursuivant le chemin. 

    Au bout du couloir, je tombe sur le bureau de Kurt, fermé évidemment, puis un peu plus loin avant d’atteindre les escaliers, il y a notre salle d’histoire de la magie. Et à quelque pas, je trouve mes cibles. Les filles semblent bien s’amuser avec la petite rousse, dont quelque rougeur assez prononcé lui monte aux joues.

    « Attends, mais tu es la vraie Lily ? » Chantonne Clara.

    « M- mais oui » répond celle-ci avec embarras.

    « Vraiment ? Et comment peut-on savoir que personne ne se cache sous ce visage juvénile et innocent ? » Poursuit Chloé, narquoise.

    « Eh bien, déjà elle ne m’a pas sauté dessus comme la dernière fois, c’est déjà une preuve, non ? » Continue Claire, aussi taquine.

     « Hm, et tu viens pour quoi, précisément ? » Renchérit la Poufsouffle, s’approchant de Lily comme si c’était un interrogatoire.

    « Euh, pas grand-chose, je devais juste vous trouver… »

    « Ah oui ? Et après ? » Demande curieusement la Serdaigle.

    La première année hésite quoi répondre. Que peut-elle d’ailleurs ?

    « Ah, ne me dis pas que tu viens encore nous piquer notre butin », réalise la Serpentard en ayant une mimique exagérée.

    « Mais ouais, d’ailleurs, rends-nous nos bonbons ! » Se remémore la jaune.

    « Enfin, Clara, ce n’est pas elle, comment veux-tu qu’elle nous rende quoi que ce soit ? » réplique la bleue avec évidence.

    « Eh, c’est bon, tu te calmes la petite. C’est pas parce que tu as pu t’empiffrer de quelque dragée que tu peux te permettre de répondre comme tu le fais, banane. »

    Si au début, c’était censé être une boutade, l’autre sembla la prendre au sérieux.

    « D’où tu sors ça ? J’étais comme toi, je n’ai rien pu profiter. Il te faut des lunettes, kiwi ? »

    « Mais c’est qu’elle répond ! Tu veux que je te fasse bouffer des mandarines ? »

    « Essaie si tu peux, pastèque ! »

    « Ne me cherche pas, pomelo ! Tu risques fort de le regretter ! »

    « Je ne crois pas, non. Je te connais par cœur, je peux désamorcer tous tes pièges de pamplemousse. »

    « C’est ça quand on se dispute avec celle qu’on connait la mieux, on a affaire à notre meilleure ennemie », souffle Chloé dans ce chantier de corbeille de fruit.

    « Ah, mais tu oublies que tu n’es rien sans sortilège et baguette, dragée surprise goût durian ! » Rétorque la blaireau.

    « Oui, bah, toi, tu as besoin de tes outils pour te sentir en sécurité, dragée surprise goût fromage moisi ! »

    « Tu sais quoi, tu es celle qui a le plus besoin de sécurité puisque tu ne sais pas voler, dragée surprise goût chaussette puante ! »

    « C’est sûr qu’en étant batteuse, tu es très en sécurité avec les cognards qui te fonce dessus, dragée surprise goût linge sale ! »

    Ouh, la, ça tourne mal si elles commencent par appuyer là où ça pique. Je m’approche et tapote l’épaule de ma cadette pour l’inciter à battre en retraite si elle ne veut pas assister à un incident diplomatique et même si elle veut, elle doit quitter les lieux. Chloé semble être de mon avis puisqu’elle se redresse à ma vue.

    « Ouais, ben, sache que je n’en ai pas reçu pour l’instant, goût veracrasse ! »

    « Oui, pour l’instant! Tu verras ce jour-là, tu crieras comme tu l’as fait quand Timothée Urquhart t’a fait un revers, goût cafard hybride ! »

    « Mais toi, tu crains même de traverser un pont, goût poubelle mélangé à un marécage tout poisseux et toxique ! »

    « Oh, ça m’a l’air bien intéressant tout ça et si je le créais pour vous le faire goûter si vous ne vous calmez pas tout de suite ? » Menace la verte.

    Au moins, ça les a direct calmé, chacune affichant une moue dégoutée par l’imagination…débordante de la farceuse.

    « Et sinon, vous avez prévu quoi, à part de créer de nouveaux dragée au goût plus exécrable que ceux existants ? » Je demande pour détendre l’atmosphère.

    Oui, parce que je ne sais pas vous, mais je trouve que des fois, ces trois-là se retrouvent dans mon dos, ayant plus de choses à se partager. Chloé se mord la lèvre et les deux amies s’observent mutuellement, avec encore un peu sur les nerfs avant de tomber dans les bras l’une de l’autre, s’étouffant à moitié de rire.

    « Ça, c’est ce qu’on appelle une réconciliation éclair », je soupire.

    « Et encore, elles étaient intraitables en ton absence », réplique la stratège qui sait rester en dehors des conflits infantiles. En mon absence, ces mots me tracassent. « Elles n’arrêtaient pas de marmonner qu’il fallait vite te trouver pour te montrer notre découverte même si tu étais en plein jeu et que tu t’amusais. »

    Étrangement, la fin de son explication me donne un peu froid dans le dos, avec son ton accusateur, comme si en fait ce n’était pas des filles qu’elle parlait mais plus d’elle. D’ailleurs, comment elles savent que…

    « Oui, voilà ! Tant mieux que tu sois venue vers nous ! » J’ai cru que Claire allait ajouter quelque chose, mais non. 

    « Il y a un truc énorme que tu dois voir ! » Complète Clara.

    L’excitation s’en sentait des trois compères, et même si ça me fait mal de l’avouer, je me sentais un peu écartée. Mais bon, je ne vais pas gâcher leur bonne humeur et vais les suivre. Un sourire  impatient se dessine (enfin j’espère) sur mes lèvres. Et je leur demande :

    « Ah oui, quoi ? »

    Alors elles se concertent du regard, la complicité s’y lisant (…), et se penchent en avant, m’y obligeant à faire de même afin que le secret reste entre nous.

    « On a trouvé notre base secrète. »

    « Quoi ? Mais… » Je bredouille.

    « Pourquoi ? Celle que j’ai trouvée n’est pas bien ? »

    On sursaute et se sépare en reconnaissant la voix. Adrian ne se tient pas loin de nous, souhaitant nous laisser un peu d’intimité, raté puisqu’avec son super auditif, il entend tout. On se jette un regard, même si je ne saurai pas répondre.

    « Ben, si… » Dit doucement Claire « Mais tu vois, comme tu l’as dit, c’est toi qui l’a trouvé et puis… »

    « Nous, c’est un quartier générale pour les Némésis qu’on veut », enchaîne Clara « Pas avec… un outsider. »

    « Et en fait, c’est un repère intime pour fille », termine la première. 

    « …Mais ce n’est pas comme si j’allais m’incruster. »

    Et tu n’as pas intérêt, j’ajoute mentalement. C’est aussi probablement le cas pour les filles, j’imagine.

    « Bon, on ne va pas tourner autour du niffleur, à vrai dire, on ne peut pas l’accéder, à ta salle », lâche Chloé.

    Ça y’est, tout précaution enlevé, l’épine a été arraché du pied. Ouh, Ça pique.

    « Comment ça ? » Demande stupidement Adrian.

    J’avoue que je suis aussi perdue. Chloé prend une grande inspiration.

    « L’armure ne permet l’accès qu’à des Griffondors. Étant donné que c’est près de votre tour que cette pièce secrète a été localisée, il était évident que ça n’allait pas être libre accès à n’importe qui. »

    Ah ouais, quand même. Ça veut dire que pour se voir, il faut qu’on se donne d’abord rendez-vous dans un endroit avant de se mettre en chemin ensemble pour que je puisse –supposons que seuls les rouges peuvent déverrouiller- ouvrir l’entrée ? Eh mais vu sous cet angle, ça veut dire qu’elles y sont déjà allées ?

    « Vous êtes allées vérifier ? »

    « Oui, et l’épée de la garde n’a pas voulu bouger d’un poil. »

    « Mais pourquoi vous l’avez fait sans moi ? »

    Le temps semble se figer. Les filles clignent stupidement des yeux, comme si elles venaient de réaliser ce fait. Qui fait mal à avaler. Trois paires de yeux, plus un, se tournent vers moi sans qu’aucun mot ne soit prononcé.

    Au tour de Clara d’inspirer profondément. Elle me saisit par le bras, avant de se tourner vers le seul gars.

    « Bon, maintenant, ça ne concerne que nous. »

    Sous-entendant qu’il peut aller voir ailleurs.

    « En tout cas, merci pour ton aide », ajoute rapidement Claire.

    Même si elle ne fut utile que partiellement. La blonde me traîne alors derrière elle. On dépasse la salle d’histoire, on tourne et se retrouve dans une alcôve.

    « Ecoute, Harley, on est désolée, on ne pensait pas à mal. »

    « … »

    « Sérieux, on ne t’a pas écarté volontairement », ajoute Clara.

    « C’est juste que comme je l’ai dit, tu étais occupé avec ton groupe avec leur jeu », rajoute Chloé, qui même en tort parvient à nous culpabiliser.

    Oui, je sais, stratégie !

    « Mais comment vous saviez que je jouais avec les autres ? »

    Encore une moue gênée, qu’est-ce qu’elles me cachent encore ?

    « Tu sais, Harley, les cadeaux magiques ne se nomment pas comme ça pour rien », dit seulement Clara.

    Je fronce des sourcils sans comprendre. Pourquoi elles parlent par énigme ?

    « Donc, notre nouveau base secrète se trouve où ? » Je soupire, agacée.

    Elles retrouvent le sourire.

    « Ici. »

    Je les regarde une à une. Les traits sérieux, elles ne plaisantent pas. Je regarde autour de moi, les murs sont vierges, dont le quatrième inexistant puisqu’il nous mène au couloir du premier. Seule une tenture est accrochée en face. Non…

    « Ne me dites pas que c’est derrière ce… »

    Je ne termine pas ma phrase car le sourire de Cheshire qu’elles ont me fait frémir. Chloé, étant la plus proche de l’étoffe représentant une sorcière montée sur un hippogriffe, soulève la tapisserie pour ne me montrer…rien.

    « Euh… »

    « Attends, regarde », m’interrompt Claire.

    Elle me dépasse pour s’avancer jusqu’à la draperie soulevée. Je ne sais pas ce qu’elle aperçoit d’où elle est, mais elle se baisse et… disparait. Je panique.

    « Mais qu’est-ce que… ! »

    « Calmos, approche-toi », me propose tranquillement Clara.

    Je me vois bien obligée de faire ce qu’elle me demande. Je m’agenouille sans m’approcher comme la fait la bleue plus tôt. Et je remarque un trou dans le mur.

    « Voici l’entrée de notre quartier général ! » Me présente la jaune.

    Je me tourne vers la verte qui a un sourire moqueur face à ma perplexité. Puis comme un instinct, je me tourne vers le quatrième mur inexistant pour voir si quelqu’un allait passer et nous prendre sur le fait.

    « Ne t’inquiète pas, j’ai jeté un illusiore autour de l’alcôve », m’assure miss vert.

    « Donc, après toi », m’invite miss jaune.

    Je la regarde avant de me tourner à nouveau vers le trou. Vraiment petit.

    « Et je n’ai pas besoin d’un flacon –écrit Drink me tant qu’on y est- pour me rétrécir afin d’entrer à mon tour ? »

    Clara semble surprise et écarquille des yeux.

    « Tiens, tu connais Alice au pays des merveilles ? »

    « Bien sûr, Lewis Carrol était sorcier. »

    Ses yeux ne veulent pas retrouver la taille normale.

    « T’es sérieuse ? » Elle est incrédule.

    Je me souviens quand Claire était vraiment en extase quand elle apprenait quelque chose de nouveau à Clara, elle qui était partagée entre deux mondes en savait beaucoup plus, et je partage maintenant son avis. C’est vraiment jouissif.

    « En tout cas, non, tu n’as pas besoin, il te suffit juste de te pencher un peu plus et tu rejoindras notre amie qui attend seule, là », nous rappelle Chloé à l’ordre.

    Je me tourne vers elle pour voir qu’elle aussi était bien amusée de la réaction de la blonde. Je me penche comme il le faut sans me départager de mon sourire. Bon, si c’est comme ça, je veux bien oublier le fait qu’elles l’ont fait de même pour moi. Je suis d’humeur clémente, aujourd’hui.

    Là en étaient mes pensées quand je me fis aspirer pour tomber dans un tout autre univers.