• La sœur d’Albus Severus Potter

    Septembre

                    Cela avait débuté à quelque jour de la rentrée. Enfin, plus à la deuxième semaine si on fait totalement attention à la date. Donc, au cours de la deuxième semaine, oui, la fameuse deuxième semaine où les équipes recrutaient. Il y a toujours du grabuge, à ce moment-là, surtout chez les Gryffondor. Comme s’il leur fallait se faire remarquer. Toujours.

    James Potter recherchait un poursuiveur, rien qu’un, car de tous les membres restants, seul Elvis Lawrence à céder sa place. Cependant, il fallut que des remplaçants qui postulaient, Adrian en fasse partie. Évidemment, il dépasse les autres. Bien sûr, il vole très bien. Mais bon, comme on s’en doute, ce n’est pas vraiment ce poste que le garçon désirait, mais bien celui du capitaine. Va-t-il tenter un coup d’état et le renverser sans qu’il ne s’y attende ? Voyant que sa méditation prenait trop de temps, il finit par se résoudre. Adviendra ce qui arrivera, comme dirait Abby.

    Bref, là, n’est pas le vrai problème. Pour entrer au cœur de la complication, il faut aller voir Abigaël Thomas et son congénère, Lucas Dixon, car cette année et l’année prochaine, ils ont la lourde tâche de s’occuper des plus jeunes et parfois même des plus vieux. Y compris les plus vieux, en fait. Comme Mark Ludvian. Le gars n’est qu’en sixième année –bon, c’est sûr, c’est toujours un an de plus-, mais il commençait déjà à avoir la grosse tête et se permettait d’embêter les petits nouveaux –qu’est-ce qu’on disait, ce n’est qu’un an…de plus ou de moins ? Tel est la question-. Mais ce qui agaçait les deux mainteneurs d’ordre version élève était que leur confrère prenait plus plaisir à embêter une en particulière. Une certaine rousse aux yeux marron, dont le pedigree faisait tourner toutes les têtes sur son passage. Nous parlons bien sûr de Lily Potter.

    La pauvre petite était assaillie de toute part : 1) en cours, un garçon de sa maison et de son année, Peter O’Neill semblait jouer avec ses nerfs. Mais quel gars passerait tout son temps libre à suivre et embêter une camarade de classe ? Peter, bien sûr ! Depuis le premier repas de l’année où il l’avait vu agir de cette façon si adorable pour aller réconforter son frère retrouvé seul chez les Serdaigle, il n’avait de cesse à lui tourner autour. Durant les heures de cours, il s’installait à ses côtés en profitant qu’elle n’avait pas encore réussi à se faire des amis, et durant les pauses, il l’a suivait partout. Un vrai pot de colle ! Le pire était qu’il ne se contentait pas seulement d’aller partout où elle allait, il la soulait aussi ! Lui cassant les oreilles avec ses anecdotes dans la vie de moldu morne avant de savoir être un sorcier, et parfois, lui faisait même des blagues douteuses, il lui crêpait le chignon, quoi ! La seule consolation était Louise qu’elle revoyait en cours commun et en dehors, car les cours ensemble se trouvait plutôt rare. Bien sûr, il y avait aussi Hugo, accompagné de Maxime, qui leur tenait compagnie autant qu’ils pouvaient et faire fuir les indésirables, toutefois Peter était tout de même trop présent ! Et ce n’était pas le seul, Eloïse Cornfoot, la serpentard, ajoutait aussi son grain de sel en la faisant sa rivale attitrée. Attendez, ce n’est pas fini, il y’en a encore d’autre. 2) dans la salle commune, il y a un grand méchant blond au sourire trop suspect de pédophile qui n’arrêtait pas de la chercher des noises à chaque fois qui la voyait. Bien sûr, étant donné ce gros mastodonte blond au sourire de pervers était de la même année que Fred, Lucy et Molly, ces derniers le retenaient quand ce n’était pas les deux préfets qui le faisaient, car on veut tous protéger Lily jolie. Mais il est à préciser que Fred était joueur de Quidditch dans son équipe de maison, les Red Light, en tant que poursuiveur, il n’avait donc pas énormément de temps pour défendre cette petit bout de chou avec les entraînements que donne son cousin James. Lucy et Molly n’avaient leur rôle qu’uniquement lors des matchs, étant toutes deux commentatrices, mais elles étaient aussi occupées dans leur devoir, car bien qu’ayant passé les buses, ce n’est pas pour autant qu’il fallait se croire débarrasser d’un problème.

    Donc en enlevant Abby et Lucas, occupés à leur besogne de préfet et à songer aux révisions pour l’épreuve de fin d’année –ayant à passer à leur tour le buse-, Fred, Lucy et Molly, qui consacrent à leur problème de grand –le sport et l’étude-, Louise, Hugo et Maxime, qui ne sont pas toujours près d’elle au moment voulu et bien qu’aussi jeune qu’elle mais tout de même rassurant, il ne restait à Lily plus grand monde. Dans sa classe, elle ne connaissait personne et on ne lui tournait autour soit par profit soit bah, pas du tout. Dans la salle commune, elle ne connaissait personne, enfin sauf Harley Dubois, car leurs pères se connaissent. Bien sûr, quand elle pouvait, Lily aimait bien sa compagnie bien qu’elle râlait quand même beaucoup –est-ce pour cela que personne ne restait avec elle dans leur maison ?- avec aussi en compagnie de Ruben Smith, et leur chat. Pandore et Pandora. Lily s’amusait beaucoup avec les félins, sans pour autant négliger Prince, sa rainette, son père ne lui pardonnerait pas. Et des fois, c’est rassurant d’être avec des troisièmes années, qui avait tout de même leur autorité. Par contre, la première année avait également remarqué qu’Harley était aussi un peu intimidée par Mark, mais la présence masculine de Ruben ajustait la balance. Et aussi, à vrai dire, ce n’était pas toujours qu’ils étaient présents, Lily avait bien compris. Bien qu’un peu difficile, Harley est très loyale envers ses amies, avec lesquelles elle passe la majeure partie du temps ensemble. Les trois autres filles de trois autres maisons. Il y avait aussi d’autres troisièmes années assez sympathiques qui voulaient bien lui accorder du temps, Lolie Boa-Cameron était très sympathique et aussi mignonne qu’elle, mais la plus âgée la considérait comme une poupée ce qui était parfois assez agaçant. Elle ne connaissait pas bien Matthew Goldstein, mais ce dernier restait toujours avec Lolie –ou c’est plutôt le contraire ?-, et il ne disait rien pour l’aider à s’extirper de son amie quand il l’observait dans son incarcération, ce qu’il lui value un mauvais avis mais bon son silence est un bon point –quand on ne lui posait pas de question-. Puis, il y avait aussi Adrian DucSiron, le seul né-moldu de la maison en leur promotion, c’était le rival de James. Le pire était que ce sentiment était partagé.

    Si Lily était honnête avec elle-même, elle aurait voulu que ses frères fassent plus attention à elle. Bien sûr, elle ne voulait pas qu’ils entrent trop dans son espace vital non plus, mais le fait que James ait été nominer capitaine des Red Lights faisait qu’il était très occupé. Ils ne se voyaient que rarement, alors qu’ils étaient dans la même maison. Aussi les rares fois, où ils étaient ensemble, il ne cessait d’exhiber fièrement le badge signé par les Pies de Montrose et de son nouvel équipement supra performant, offre groupé de sa mère et ses deux amis pour célébrer son statut. Elle est contente pour lui, mais ils s’en retrouvent éloignés.

    Avec Albus, c’était un peu différent. À l’origine, elle n’était pas aussi proche de lui qu’elle ne l’est avec James, car ils avaient plus de délire commun alors qu’Al était plus retenu et sage. Par ailleurs, elle apprécie vraiment beaucoup les moments calmes et de pures détentes quand elle est en sa compagnie. Mais une fois dans le collège, elle comprit pourquoi il y avait comme une distance entre eux. Albus avait plus d’affinité avec les gens intellectuel, si on veut. Elle ne se trouvait pas idiote, loin de là, mais une fois, elle s’est assise à leur table de la salle d’étude pour faire les devoirs et leur conversation a failli l’a rendre folle. Ils venaient de sortir d’un cours de runes anciennes, et écriture inaltérable, texte à sens caché ne se révélant que par la magie, inscription chargé de sortilège se libérant à la demande et traduction de texte avec symbole étaient aux rendez-vous. Un bref moment, elle avait même pensé qu’ils parlaient dans une autre langue –ce qui n’était pas totalement faux-, ce qui la marquait fut probablement qu’ils parlaient de ce sujet avec une excitation dans la voix qui avait manqué de la faire frissonner. Et ça ne s’arrangeait pas non plus avec les autres options.

    Bien sûr, quand elle parlait de « ils », elle désignait son frère et sa bande, incluant sa cousine Rose, son meilleur ami Wyatt et ses amis qui avaient passé les vacances d’été chez eux : Tobias, Alfred et Alice. Ça faisait beaucoup de monde, mais au moins ils se comprenaient entre eux, et quelque part, Lily les envia d’être si proches de son frère, alors que ce n’était même pas son cas.

    Parce que là, elle avait bien besoin d’être proche de lui.

    C’était le week-end, chaque élève et professeur vaquait à leur occupation car les sorties à Pré-au-lard n’était pas encore prévues. Alors Lily se décida de passer sa journée en compagnie de Louise et son cousin Hugo, avec son ami. Seulement quand elle s’apprêta à rejoindre la grande salle pour prendre le déjeuner, elle rencontra sur le chemin celui qu’elle aurait voulu pouvoir éviter de la journée, voire de l’année tant qu’on y était. Mark Ludvian sourit en reconnaissant à sa cible préférée. Le grand blond s’approcha de la petite rousse.

    « Hey ! Bonjour Lily-Jolie ! »

    Bien que contrariée, Lily ne put s’empêcher de se tourner vers lui et lui siffler :

    « Ne m’appelle pas comme ça ! »

    « Oh, tu préfères Lil’s ? »

    « Non plus, je préfèrerai que tu me fiches tout simplement la paix. »

    Sur le côté, un pouffement s’éleva, surprenant la jeune fille. Et c’est là qu’elle remarqua la présence de l’ami de son ennemi –oui, c’est sûr maintenant-.

    « Là, elle t’a bien envoyé sur les roses », se moqua Corentin Williams.

    Lily savait qu’il était aussi de la même année que Mark, Fred, Lucy et Molly, mais il était de la maison des Poufsouffle. Inconsciemment, elle commença à se questionner sur le comment ont-ils réussi à se lier. Mark répondit d’un simple sourire qui ne lui promettait rien de bon. Elle se crispa peu à peu et jeta un coup d’œil autour d’elle. Personne. Elle était seule, face à deux grands garçons qui ne semblaient pas du tout d’humeur à lui donner des friandises. Et même s’ils lui en offraient, elle refuserait, ses parents l’ont appris qu’il ne faut jamais faire confiance à des inconnus et là, pour le coup, c’étaient des personnes suspects.

    « Tu sais, sale morveuse, ce n’est pas parce que tu es la fille d’un prétendu héros de guerre que tu peux te croire tout permis. Est-ce que tu sais que quand tu agis comme si tout t’est dû, il y a des gens du collège qui pense à une seule et même chose ? Ils attendent impatiemment de te voir traîner dans la boue. »

    Ce n’était pas le fait que la voix de Mark était toute basse, car il s’est entretemps beaucoup approcher d’elle au point de se baisser pour qu’il puisse lui chuchoter à l’oreille, qui lui a jeté un froid. Étrangement, elle n’avait jamais peur quand on la menaçait, mais c’était plutôt ses paroles crus qui lui firent mal. Alors c’était comme ça que les autres la voyaient ? Parce qu’elle était la fille d’Harry Potter alors tout le monde pensait qu’elle serait une fille pourri gâté et méprisante ?

    « Arrête, tu vas la faire pleurer. »

    La remarque douce de Corentin démentait de ce qu’il pensait, reflété par le sourire amusé qu’il affiche sur ses lèvres. Il semblait savouré ce moment. Mark continua sur sa lancée doucereuse en prenant la critique de son ami comme un encouragement, qui en était probablement un.

    « Tu sais, ces gens sont beaucoup plus nombreux que tu ne peux le croire. Ils sont dans tous les coins du couloir, et cet espoir de te faire tomber est à chaque fois plus forte à ton passage. Alors ils ont décidé de se bouger et m’ont chargé de te réveiller, de te montrer que ta place n’est pas en haut du podium mais bien en bas, sous le tas de déchet. »

    Lily ne l’écoutait plus, elle était en pleine tourmente. Pourquoi les gens avaient ce genre de préjugé sur elle ? Pourquoi ne cherchaient-ils pas à la connaitre ? Pourquoi ne voulaient-ils pas comprendre qu’elle n’est pas celle des on-dit ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Mais qu’avait-elle fait de mal ?

    « Je vais te faire ouvrir les yeux, toi et les Potter. »

    Potter. C’est parce que c’était une Potter. C’était parce qu’elle s’appelait Lily Potter, le nom de sa grand-mère. Cette brave femme qui s’est sacrifiée pour son fils, Harry Potter le héros. Harry Potter et sa vertu. Harry Potter que tout le monde n’aimait pas forcément. Et que certains des mauvaises langues aimaient à tâcher ce nom. En s’attaquant à leur enfant.

    « On va t’écraser, t’humilié et te traîner par terre. »

     Et la petite Lily en faisait les frais. Elle devait payer pour le mécontentement qu’a causé son père. On cherchera à profiter d’elle, on l’envierait, mais on mépriserait dans son dos. Elle finira seule, parce que…parce que…

    « Parce que c’est tout ce vous mérite… »

    « Eh, qu’est-ce que tu fais à ma sœur ?! » l’interrompit une voix.

    Des pas précipités s’approchèrent du duo-trio. Corentin n’avait pas bougé de sa place, adossé contre le mur en observant ce spectacle jubilatoire, mais Mark dû bien se redresser et s’éloigner de sa victime, qui ne bougea pas, sauf pour voir l’identité de nouvel arrivant. Ses yeux verts, d’habitude brillant de joie, était teinté de contrariété. Il fronça les sourcils, se questionnant intérieurement.

    « Albus… »

    Et il défaillit. Le visage pétillant de sa sœur était déformé par de la crainte. Son visage pâle marquait son malaise. Elle était sur le point de pleurer.

    « Qu’est-ce que tu lui as fait ? » Il se retourna violemment vers Mark.

    Lily aurait très bien pu songer que c’était la première fois qu’elle entendait son frère élever la voix, mais franchement le cœur n’y était pas. Cette brusque apparition fit pourtant la jouissance d’autre. Corentin élargit son sourire sans se faire remarquer et Mark haussa ses épaules en esquissa un sourire narquois.

    « Oh, pas grand-chose, je lui expliquai juste la vie… » Commença-t-il en passant une main dans sa chevelure blonde « Que certaine personne au monde ne vaut pas autant d’attention… »

    Du coin de l’œil, Albus vit sa sœur trembler en baissant la tête.

    « Et qu’il ne fallait pas s’étonner s’ils se retrouvaient seuls, car tout ce qu’ils méritent c’est de comprendre qu’ils ne servent à rien. »

    Il entendit Lily haleter en lâchant une secousse des épaules. Cette fois-ci, c’en fut trop. De toute son enfance, il n’avait vu Lily aussi désœuvrée, il lui arrivait de geindre mais rien de trop grave car il s’agissait souvent d’une chamaillerie avec James, et celui-ci allait s’excuser aussitôt après, ou vice-versa si elle avait reçu un sermon. Mais là, c’était différent, elle était à l’école et non à la maison, ce n’était pas à cause de James si elle était dans cet état, mais de Mark, qui l'a fait pleurer. Impardonnable.

    Ça se passa très rapidement, Albus sortit sa baguette, pointa sur le blond et prononça un sort. Le tout dans un laps de temps, qui suffit pour causer l’une des pires conséquences possibles. Lily eut à peine le temps de relever la tête.

    La main de Mark se retrouva métamorphoser en pieuvre.

    Trop surpris pour réagir, le sixième n’eut pas le temps d’éloigner cette main métamorphosée, que cette dernière, mue d’une propre volonté, se cramponna à son visage pour l’asphyxier. Il n’eut même pas le temps de crier.

    « Mark ! » S’écria Corentin en accourant.

    « Monsieur Potter ! Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé ? »

    Lily écarquilla les yeux, embués de larmes, et son regard fit la navette entre la proie d’Albus et la professeure de métamorphose qui approchait.

    « Comme par hasard, il a fallu que ce soit elle… » Songea ironiquement Lily.

    Kurt arriva au niveau du groupe et en voyant que le Poufsouffle tentait par tous les moyens de faire lâcher le poulpe du visage de son ami et que l’autre se mourait, que son excellent élève de troisième restait braqué sans bouger, qu’une première année avait les larmes de panique aux yeux, elle soupira et lança un contre sort de métamorphose sur le pauvre garçon inconscient et demanda à son ami de l’emmener à l’infirmerie. Elle se tourna vers les deux premiers cycles.

    « Que s’est-il passé ? » Elle Détacha chaque mot, menaçante.

    Mais Albus ne la craignait pas, il arrivait bien à la supporter durant ses mauvaises jours d’enseignement alors ce n’était pas son semblant de colère qui va lui faire peur. Il la regarda droit dans les yeux.

    « C’est moi qui ai fait ça, professeure. »

    Arqua un sourcil de scepticisme d’abord, puis en comprenant ce qu’il venait de dire, Sylvie Kurt se pinça les lèvres avant de virer rouge. Elle empoigna le bras de son élève sans ménagement et le traîna au deuxième étage, dans le bureau de directrice. Se tournant vers la rousse, elle lui intima :

    « Vous, allez prendre le repas ! »

    Et elle disparut au tournant du couloir, traînant son frère qui allait être puni par sa faute. Mais Lily ne savait pas quoi faire. Heureusement, Rose arriva.

    « Ça va, Lily ? » Lui demanda-t-elle en la voyant mal à l’aise.

    Là, ses nerfs ont craqué. Elle laissa couler les larmes qu’elle s’était retenue et se jeta dans les bras de sa cousine. Prise au dépourvu par cette réaction, la plus grande fit de son mieux pour la consoler.

    « Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi Albus a été emmené par la prof ? » Demanda Wyatt en ayant accouru derrière.

    « Et pourquoi ces sixièmes années ont l’air mal au point ? » Poursuivit Tobias.

    Mais ce pressement de question ne fit qu’empirer les pleurs de la plus petite. Les deux blonds s’échangèrent un regard inquiet avant de demander à Rose d’aller trouver un membre de leur famille qui est de sa maison. Car, ils sont bien sympas ces Serdaigle et Serpentard, mais s’ils ne connaissent pas le mot de passe à fournir à la Grosse Dame, ils ne l’aideront en rien.

    Les pas rapides de Sylvie Kurt résonnaient dans le couloir vide du deuxième étage, l’autre à la cadence plus modéré faisait de son mieux pour suivre, étant tiré fortement par une main sévère. Albus n’était pas inquiet, enfin peut-être que si un peu tout de même. Il n’était pas aussi Gryffondor que sa sœur et son frère, mais était beaucoup plus sage. Cependant, c’est un peu objecter, là. Il venait d’agir comme un parfait Gryffy, et les conséquences de son acte lui tordaient les entrailles à présent. Pourquoi avait-il fait ça déjà ? Ah, oui, l’autre saligaud a fait pleurer Lily. Inacceptable. Il ne regrette pas. Mais…il aurait très bien pu réagir autrement que par la magie et avec l’effet de surprise en plus…Ah, il ne savait plus.

    Il ne remarqua même pas que sa professeure avait donné le mot de passe à la gargouille et le poussa à prendre l’escalier en colimaçon qui bougea lui-même pour les mener face à une porte en chêne avec un heurtoir en griffon. Mais tous ces détails, Albus les avait survolés, trop occupé à dialectiser dans sa tête.

    « Bonjour, madame la Directrice, je m’excuse de vous déranger en ce beau jour qu’est le dimanche, mais je viens d’assister à une scène… »

    Jusqu’à ce que la voix de la prof l’interrompit.

    « … qui me laisse toute retournée ! » S’exclama la femme.

    « Calmez-vous, ma chère », demanda Professeure Chourave « Et contez-moi donc, ce qui vous rend ainsi », continua-t-elle en coulant un regard vers Albus.

    Celui-ci baissa son regard plus que sa tête qui était déjà au plus bas. Il ne vit donc pas l’origine de ses noms qui le regardait d’un œil intrigué.

    « Je passais dans les couloirs afin de me rendre dans la Grande Salle pour me restaurer, cependant avant que je n’ai pu atteindre le lieu-dit, je rencontrai sur mon chemin des élèves non plus au rassemblement. »

    Elle lâcha enfin le bras d’Albus Severus et le désigna de la main.

    « Celui-ci fait partie d’eux et vient de commettre un méfait ! Qui est de métamorphoser le bras d’un camarade en pieuvre, ce qui a manqué d’étrangler sa victime ! »

    « Il a…pardon ? » Bredouilla Pomona Chourave, incrédule.

    « Vous avez bien entendu, ce jeune garçon de troisième année a fait de la métamorphose du niveau cinq. Je ne nie pas ses prouesses en cours, mais cela me parait tout de même très avancé pour son niveau. »

    « D’autant plus qu’en troisième année, vous ne leur enseignez que sur les êtres vivants en d’autre », marmonna la directrice, mais la professeure l’entendit et approuva « Bien, je vois, je vais régler ceci. Allez donc prendre un repas pour vous remettre. »

    La directrice accompagna la professeure de métamorphose dehors, laissant l’élève seul dans le bureau. En entendant le son de la fermeture de la porte, le brun guetta un moment avant de se faire surprendre par une voix. Non, deux.

    « J’ai rarement vu d’aussi ingénieux élève », commença le premier un peu vieux.

    « Mais vous êtes un portrait qui date de vingt ans et ces derniers années n’étaient pas surchargés de génie, si vous voulez mon avis », répliqua la deuxième sèchement. Un peu trop pour un tableau.

    « En effet, vous marquez un point. Pourquoi as-tu fait ça, mon garçon ? »

    Cette fois-ci, cela lui était adressé. Le jeune Potter tourna vivement sa tête vers le haut, repérant les voix qui sortaient plus par là et rencontra deux palettes azurs appartenant à un vieil homme à la chevelure et une longue barbe blanche. Il avait un sourire engageant et donnait l’image d’un vieux papi gâteau.

    « Il avait fait pleurer ma sœur », murmura le garçon en baissant la tête.

    Le vieil homme semble vouloir sortir de son cadre et tendre l’oreille jusqu’à être tout près de l’élève pour l’entendre. Son congénère, brun aux yeux noirs et à l’air sombre, le trouva ridicule et intervint d’un ton cassant.

    « Il vous faudra parler plus fort afin que ce vieux sénile puisse vous entendre. »

    Le collégien rougit jusqu’à la racine de ses cheveux et répéta plus fort.

    « Il avait fait pleurer ma sœur avec des propos extrémistes. »

    « Hun, réaction typique des Gryffondors », grinça le brun aux cheveux mi long.

    « Allons, allons, je suis sûr qu’il a cru bien faire », modéra le vieux blanc ( ?).

    « Je… » Les deux hommes, enfin portraits, se tournèrent à nouveau vers lui « Je suis un Serdaigle », clama-t-il, car il avait aussi eu un débat intérieur là-dessus.

    Ses yeux verts étincelèrent à cette revendication. Et cela donna comme un coup au cœur aux deux hommes, bien qu’ils ne fussent plus en marche. Attendez, cheveux bruns en bataille, yeux vert brillant autant d’innocence que c’était encore possible et cette impulsivité quand il s’agissait du bien d’autrui…

    « Dis-moi, mon garçon, quel est ton nom ? » Demanda le plus âgé d’une voix chevrotante. Il se doutait de la réponse, mais il voulait en être sûr.

    « Albus Severus Potter, monsieur », répondit l’enfant sans hésitation.

    « P…Potter ! S-Severus ! » S’étouffa le portrait plus jeune.

    « Ha… c’est bien Harry, ça », rit doucement le plus vieux.

    Albus sursauta, ces deux portraits semblaient connaitre son père. Puis, il se dit que forcément, s’ils étaient exposés ici, c’était parce qu’ils étaient d’ancien directeur et avait donc vu son paternel enfant, et donc plus ou moins transgresseur de règlement –car il savait qu’il n’était pas un modèle de bon élève, au contraire de sa tante Hermione. Ah, quoique, elle s’est bien laissée embringuer… -. Ensuite, en voyant leur emplacement, près de la partie blanche –enfin non utilisé parce qu’on ne pouvait pas vraiment dire que les murs étaient d’un blanc nacré-, son cerveau d’intellectuel ne fit qu’un tour. « Tu portes les noms de deux directeurs de Poudlard. L'un d'eux était à Serpentard et l'homme le plus courageux que je n'ai jamais rencontré. L'autre était un Gryffondor, et l'homme le plus manipulateur que je connaisse. Mais tu sais quoi ? Ils étaient tous les deux des hommes exceptionnels, et quel que soit la maison dans laquelle tu iras, je serais fier de toi. » Bah, les voilà, ces fameux directeurs.

    « Oh, vous êtes ceux que j’ai hérité mes prénoms ! »

    « On voit bien ici les raisonnements de Serdaigle ! » Claqua Severus.

    Albus se demanda un instant si c’était de l’ironie, puis en se souvenant de l’identité de l’homme, il se dit que oui, c’en était bien. Le vieux Albus rit.

    « Bien, alors à nous, jeune homme », déclara solennellement une voix derrière.

    L’étudiant se tourna vers la directrice et en se rappelant le pourquoi de sa présence ici, il eut soudainement honte de ce qu’il a pu faire. Quant à l’adulte, elle jeta un coup d’œil au portrait et vit bien que deux d’entre eux avaient l’attention entièrement concentré sur le début de conversation.

    « Je vous écoute, monsieur Potter, quel est le motif de votre acte. »

    « Ben…en fait, j’ai vu deux sixième années qui entouraient une première. Et quand je me suis approché, j’ai vu qu’il s’agissait de ma sœur Lily, les larmes aux yeux. Bien sûr, je leur ai demandé ce qui se passait mais tout ce que le tortionnaire a répliqué était que certain personne ne méritait pas d’attention, je n’ai pas très bien compris, puis Lily s’est mise à pleurer. C…ça m’a mis hors de moi et je…je… » Il ne parvint pas à achever son récit, tremblant.

    Bien qu’une part de lui ressente un peu de culpabilité pour avoir agi comme un irréfléchi de Gryffondor, l’autre part, la plus grande, luisait encore de colère. Tout comme son premier deuxième prénom, enfin, celui d’origine, quoi. En effet, Severus Rogue fulminait, si encore c’était possible pour un tableau de vraiment ressentir ça. Comment un rustre, qu’importe son identité, pouvait-il se permettre d’oser ne serait que faire pleurer une petite fille du nom de Lily ? Qu’elle soit rousse –vrai- ou gentille –toujours vrai- ! Il faudrait songer à punir ce sale vaurien, même si son homonyme s’en est déjà chargé –ah, bah, tiens, pour le coup, il agissait aussi exactement comme lui, bien.

    « Je vois. Je pense qu’il était très courageux de votre part d’avoir agi ainsi pour votre jeune sœur, monsieur Potter. Mais il faut que vous compreniez que la magie n’est pas enseignée pour que vous vous attaquiez aussi impunément par pur désir de vengeance. Monsieur Ludvian a eu de sérieux dommage. »

    Albus fut bien tenté de demander qui était ce Ludvian, mais la fin de la phrase le refroidit. Aie, son sort de métamorphose a été mal effectué ? Il avait blessé quelqu’un intentionnellement ? Que va-t-il lui arriver ?

    « Je pense qu’il a au contraire, très bien fait. Nous ne pouvons laisser un tel voyou dans l’enceinte de l’école, il faudrait sévèrement le punir en l’envoyant faire un tour dans la forêt interdite avant de le renvoyer. »

    « Severus, voyons ! » S’exclamèrent ensemble Albus-l’origine, bien sûr- et Pomona en se tournant vers l’ancien directeur.

    L’enfant quant à lui se demanda si ce professeur grincheux était en réalité si sadique ou si c’était juste le peintre qui l’imaginait ainsi.

    « Non, nous n’allons pas faire ce que vous avez suggéré, car sinon Mark Ludvian ne s’en remettra jamais, cependant il mérite bien entendu une sanction, oser importuner une première année accompagné d’un autre sixième est vraiment un comportement inacceptable et indigne d’un Gryffondor. Toutefois, monsieur Potter, je ne peux vous laissez sans répression, ce que vous avez fait était tout de même dangereux, alors je vais vous consigné dans le château pendant que vos camarades seront en sortie à Pré-au-lard. »

    Albus –le jeune- ouvrit la bouche, avant de la refermer précipitamment.

    « Cette restriction durera jusqu’à fin 2019, et il vous sera demander d’effectuer quelque tâche durant cette période, est-ce clair ? » Acheva la dame.

    Derechef, Albus Potter ouvrit la bouche, mais ne dit rien, il hocha la tête, vaincu.

    « Bien, vous pouvez y aller prendre votre repas. Et n’oubliez pas la sagesse. »

    « Oui, professeure. »

    Sans dire de plus, l’élève sortit en jetant un dernier coup d’œil à ses homonymes, il aurait vraiment préféré faire leur rencontre dans un autre contexte. Quand la porte en chêne se ferma derrière lui, une rumeur s’éleva dans le bureau directorial. Discutait-on de son cas ? Le Serdaigle de troisième année n’en fit plus grand cas et se traina dehors. Le premier endroit où il se dirigea fut vers les étages supérieurs, mais pas à l’endroit attendu. Ses pas le menaient vers la tour des Gryffondor. Sur le chemin, il rencontra Wyatt qui faisait justement le chemin inverse. Ils s’échangèrent un bref regard, mais tout fut compris. Il n’eut aucune parole, le blond cendré le mena plus haut.

    Wyatt donna le mot de passe à la Grosse Dame, qui était un peu irritée car ce n’était pas un de ses élèves, avant de le traîner jusqu’au centre de leur salle commune. La couleur rouge dominait et bien que le jaune ne fût pas près d’égalé, il était tout de même présent. Un peu de fumée s’échappait du tas de bois posé dans l’âtre et les fauteuils carmin douillets étaient vides. Il n’y avait aucun son et pas âme présent. Mais son meilleur ami aux cheveux éclaircis s’avança jusqu’au pied d’un escalier. Il héla le nom de Rose. Quelque instant plus tard, une rousse –de leur année- descendit. En voyant son cousin, elle s’en approcha, mais ce dernier avait bien remarqué qu’elle évitait son regard et semblait mal à l’aise.

    « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? » S’inquiéta-t-il.

    « Dis, Albus, qu’est-ce que tu as fait ? » Lui demanda-t-elle en retour. Perdu, le brun ne donna pas de réponse, Rose soupira. « Tu sais, elle a refusé de manger, même quand James et Tobias avaient essayé de la faire changer d’idée, elle n’avait pas réussi à piper ne serait-ce qu’un mot. Là, elle est dans sa chambre et je crois que quand je l’ai quitté, elle était encore sur le point de pleurer. »

    Albus en fut désemparé. Mais que s’est-il passé ? C’est le trouble de stress post-traumatique ? Elle devrait pourtant être rassurée que ce soit fini, non ?

    « Tout ce que j’ai réussi à lui extorqué, fut « Albus n’aurait pas dû faire ça », que s’est-il passé ? »

    « M- Mais, je… je voulais juste l’aider. Ce que l’autre lui a dit l’avait fait pleurer, alors je… j’ai voulu le faire taire. »

    Il jeta un coup d’œil à son meilleur ami, qui le regardait sans broncher, avant de retourner vers sa cousine, qui abordait toujours un air soucieux.

    « Eh bien, tu n‘aurais pas dû. »

    Là, il ne comprenait plus rien. Pourtant, il n’avait fait que défendre la cause de sa sœur, pourquoi cette dernière semblait l’en vouloir ? Il avait agi pour le bien, non ? Mince, l’année commençait mal.  

             Le lendemain, tout le château fut au courant. La rumeur se propagea comme une traînée de poudre. Tout d’abord, l’apparition de Mark Luvian, un rouge de sixième, qui entra avec une marque juste trop visible qui ne manqua pas de faire rire nombre d’élève qui rencontra son chemin. Il avait des points violets qui lui traçait la moitié du visage en partant de sa joue droite qui sillonna jusqu’à son opposé. A partir de ce jour-là, on le surnomma bulbo face.

    Si on riait beaucoup sur son passage, il y avait bien une partie qui ne s’amusait pas du tout. Depuis l’incident de la veille, la famille Potter était absent, enfin physiquement, la fratrie de trois était bien avec les autres dans la grande salle, mais mentalement, ils étaient inaptes à faire ne serait-ce qu’une simple conversation matinale. Aussi, Louise, qui se chargeait de Lily, et Lucas, qui se chargeait de James, étaient bien embêtés par le mutisme de leur ami. Wyatt, Rose, Tobias et les camarades du brun avaient néanmoins, de leur côté, bien compris qu’il valait mieux ne pas chercher le cadet Potter. Car certains d’entre eux avaient eu connaissance d’un sermon de la part du petit professeur Flitwick, bien fatigué pour son âge, à un de ses élèves qu’il aimait tant. Louis, nommé préfet jusqu’à l’an prochain et accessoirement cousin du puni, avait été mis au courant pour la sanction et été chargé de le « surveiller ». Le reste de la famille Weasley de la maison avait des regards encourageants pour son geste héroïque.

    Aussi, quand l’heure de cours s’annonça, les trois enfants du survivant se dirigèrent d’un air sombre à leur salle de classe et ne furent nullement concentrés. Et les professeurs le remarquèrent bien. Y compris Wayne Hopkins.

    « …C’est pourquoi quand la signature du Code International du Secret Magique qui sépara le monde Sorcier du monde Moldu, fut enfin décidé en 1689, le manitou suprême eut un accord avec un pingouin. »

    « Hein ? »

    « Quoi ? »

    « Pardon ? »

    Tout le monde cessa d’écrire ce que leur dictait le jeune professeur et étaient tous déstabilisés par le dernier mot prononcé. Il eut un silence pesant, avant que certains courageux ne lèvent la main pour demander ce que cela signifiait. Wayne Hopkins eut un sourire en les voyants, mais seul un continuait de noter.

    « Baissez vos bras, je vérifiai juste si vous me suivez tous. Visiblement oui, bien qu’un ne semble pas du tout avec nous. »

    Il s’avança vers la rangée d’élève où seule une quinzaine était présente. Le lundi à la première heure, il avait une partie des troisièmes années, regroupant les Griffondor et les Serdaigle, il voyait le reste de la promotion à la première heure de l’après-midi. Et pour cette organisation, il avait vraiment voulu crier à la dépravation, non mais oh, c’est quoi cette agencement ? Non seulement, il devait les voir séparément et donc répéter ses cours deux fois par jours, mais en plus il avait beaucoup plus d’heure et c’était franchement harassant ! Surtout quand les élèves ne suivaient pas. D’habitude, il n‘avait pas ce problème, car ses cours sont toujours divertissants et intéressants, mais là, il y avait un problème. Albus Potter, lui qui faisait partie des studieux, n’écoutait pas.

    « Pouvez-vous répéter ce que j’ai dit, monsieur Potter ? »

    Albus sursauta et regarda son professeur, perdu. Mais voyant que l’enseignant ne plaisantait plus, le jeune homme fit ce qu’on lui a demandé et se figea.

    Le mot pingouin était écrit en noir et même souligné dans la phrase presque sérieuse dictée par le prof. Le brun resta sans bouger.

    « J’ai bien compris qu’il s’est passé des choses récemment, mais j’aimerai que cela ne perturbe pas le déroulement des cours, alors si vous pouvez vous concentrez, cela sera arrangeant pour tout le monde. »

    « Oui, professeur, veuillez m’excuser… »

    Il n’eut même pas la décence de rougir, or il le faisait dès qu’il se sentait honteux. Il ne l’était pas. Rose jeta un coup d’œil à Wyatt avant de retourner sur ces notes de cours. D’autres avaient échangé aussi des regards l’un pour l’autre, curieux quant à l’attitude plus qu’anormal de Potter.

    Ils eurent une réponse plus tard, à la pause déjeunée. Quand ils virent Potter n°2 se faire ignorer par Potter n°3. Potter n°1 se contenta d’observer la scène sans prendre aucune des deux parties, mais il vit bien que ces deux-là étaient en froid. Et ce fut de même pour le repas du soir.

    C’était vraiment frustrant. Et irritant, car ceux qui les connaissait comme le parrain d’Albus, Neville Londubat –et aussi accessoirement professeur de botanique-, ont commencé à se poser des questions, le fait était qu’il le voyait deux fois dans la journée –eh oui, encore une fois, mais sérieux, c’est quoi le problème de leur emploi, là ?- et qu’il le retint la fin de la fin, quoi. Du coup, il arriva en retard pour son cours de Runes anciens. Et le soir, quand il entra dans leur salle commune, après avoir eu une entrevue avec Sean pour l’avancement de leur projet –et heureusement que celui-ci n’avait posé aucune question, tout comme Rose qui savait qu’il fallait le laisser-, il poussa un long soupir en s’installant face à Elias Nott, pendant que celui-ci lisait un livre en runes, et ce, pendant que son chat Cheshire lui grimpa sur les genoux pour s’y lover.

    « Eh bien, je pensais qu’on t’en avait parlé des soupirs échappées, instants de bonheurs envolés », commenta juste son camarade en lui jetant un simple coup d’œil, détournant à peine son attention de l’intéressant ouvrage.

    Al caressa son chat et pour une quelconque raison, il eut envie de se confier.

    « Lily m’évite depuis ce matin, j’ignore pourquoi, et ça me frustre. »

     Elias s’arrêta un instant de lire et examina son interlocuteur. Il marqua la page et déposa l’œuvre, avec des caractères indéchiffrables pour certains, sur la table.

    « Tu ne te souviens pas de l’avoir offensé quelque part ? »

    « …Je ne pense pas que ça l’ait blessé d’une quelconque façon », releva Albus.

    « Comment ? Tu ne t’es pas encore excusé ? » S’incrusta une fille.

    Rose, évidemment. Elle s’approcha, indignés. Derrière son dos, il vit Claire et Emil tourner la tête vers eux, curieux de ce soudain haussement de voix.

    « Comprends le, la petite Lily n’a cessé de le fuir. »

    Albus sursauta à l’apparition impromptue de son meilleur ami derrière lui. Et Cheshire tressaillit sous sa main, ressentant la peur de son maître.

    « Il ne va tout de même pas la coincer dans un couloir et la forcer à l’écouter », continua Wyatt en plaisantant.

     « Ce n’est pas drôle, Wyatt. Albus, sérieusement, presse-toi de demander pardon, sinon, tu risques de le regretter. »

    « C’est une menace ? »

    Rose se tourna vers Elias et le fusilla du regard. Ce n’était pas le moment.

    « Je veux bien, mais comme l’a soulevé Wyatt, dès qu’elle me voit, elle fuie. »

    « Je suis sûr qu’à force de persévérance, tu y arriveras. Mais fais vite. »

    « Pourquoi tant d’empressement ? » S’étonna Wyatt.

    Rose lui envoya un regard incertain. Ne se doutait-il de rien ?

    « Les filles ont elles aussi leur fierté, ne les piétinez pas en prétextant les protéger », dit-elle simplement.

    Elle tourna les talons et monta à son dortoir. Les trois garçons s’échangèrent un regard incrédule. Pourquoi les filles agissaient d’une manière si énigmatique ? Albus espérait que Cheshire n’allait pas faire un coup pareil, bien qu’honnêtement il ignorait encore véritablement le sexe du félin. En parlant de fille, il semblerait qu’au lieu de celle qui devait parler, Albus attirait d’autre de son année. Claire s’approcha en souriant, mais en voyant les caractères incompréhensibles qui étaient juste pour elle des hiéroglyphes, elle perdit un peu de son enthousiasme. Elle essaya tout de même de lui envoyer un sourire.

    « J’ai cru comprendre que tu avais un problème pour intercepter ta sœur, je peux te donner un coup de main avec l’aide de Clara », proposa-t-elle généreusement.

    Albus cligna des yeux, surpris par sa proposition, et suspendit sa main au-dessus de la tête de son animal. Wyatt sourit et Elias fut sceptique et lui demanda :

    « Attends-tu quelque chose en retour ? »

    Claire se tourna vers lui, surprise, accentué par ses sourcils relevés.

    « Non, pourquoi dis-tu ça ? »

    Puis un éclair la traversa et ils furent très brièvement sur la même longueur d’onde. Clin d’œil à leur camarade à la cravate vert et au blason de serpent.

    « C’est juste que je comprends ce qu’elle traverse », reprit-elle.

    Ils surent immédiatement où elle voulait en venir. Evidemment, tous les résidents du château étaient à présent aux courants pour ce qui s’est vraiment passé. Du moins, dans les grandes lignes. Et puis, franchement que la chinoise vienne d’elle-même pour parler de cet anecdote de façon anodine le rendit un peu coupable, il n’avait rien pu faire pour elle, à ce moment-là.

    « Ah, tu veux parler du carambolage qui s’est passé avec Flint. »

    La fille tiqua. Albus et Wyatt clignèrent des yeux, Elias avait tout de même le chic de casser l’ambiance.

    « Oui, voilà », lâcha-t-elle dans un murmure, elle reprit plus fort : « Je pense que ta sœur doit se sentir insécurisée car elle a été défendue, parce qu’il faut que tu comprennes que c’est bien gentil d’intervenir pour l’aider mais tu ne pourras pas répondre tout le temps présent. Et quand elle sera prise au piège, seule, elle te blâmera vraiment. » Déclara-t-elle avec confiance.

    « Tu veux dire plus que maintenant ? » demanda Wyatt.

    « Je veux dire qu’il est possible qu’elle ne pardonnera jamais ».

    « Mais tu as bien été aidé par Castaglione, toi », répliqua Elias.

    « Oui, mais j’ai lui ai aussi répondu. Et puis maintenant, j’ai un moyen de pression, s’il lui vient à l’idée de revenir à la charge. »

    « Et ce sera fort étonnant. Cependant, Alby est aussi allé fort, crois-tu que Ludvian reviendra à la charge ? »  S’y intéressa Wyatt.

    « Assurément, c’est un garçon. »

    « Comment doit-on le prendre ? »

    Claire se tourna en arrière pour faire face à son ami Emil, qui souriait à la dernière remarque. Et Albus eut aussi envie de rire en réalisant que depuis tout à l’heure elle ne cessait de se tourner de tous les sens pour répondre aux questions de ses deux amis. Cheshire miaula et Claire se retourna vers Albus après avoir répondu à son meilleur ami :

    « Comme tu veux. Alors, on est d’accord, Albus. On se met en action demain. »

    Celui-ci répondit en hochant la tête avec un sourire. Et il se tourna vers les deux garçons en ayant la même idée. Elle au moins n’était pas aussi sibylline que les autres. Par ailleurs, sa réponse était sensée.

    Finalement, ça pouvait se rattraper.

             Le lendemain, Clara avait accepté la requête avec joie, via le miroir à double sens que les filles gardaient sur soi, étant de poche. Elles se mirent en action dès le matin, au moment du petit déjeuner. À vrai dire, les bleus auraient pu avoir un temps de sommeil plus long, car ils commençaient une heure plus tard, mais comme Clara était un peu envieuse de cet emploi, elle préféra les faire bouger plus tôt. Son plan était d’attirer la benjamine Potter des élèves qui traversaient la grande porte pour l’immobiliser et lui faire parler avec son frère.

    Cependant, rien ne se passa comme prévu. Étrangement, ce matin fut particulièrement bondé, il eut une marre d’élève –de première année, qui plus est- dès l’entrée et le piège posé par Clara partis en fumée aussi vite que ces petiots qui entraient.  

    « Bon, tant pis, on réussira la prochaine fois ! » Rassura Claire.

    Clara partit en cours de défense avec Chloé, qui spéculait ce qui venait de se passer. Et à l’intercours, la Serpentard comprit la supercherie. Peter O’Neill. Ce dernier avait demandé de l’aide à ses camarades de promotion de tous entrer dans la grande salle en même temps parce que ce serait amusant, mais que c’était surtout pour brouiller le traquenard de Clara. Toutefois, elle ne savait pas comment il avait deviné que les filles allaient agir aujourd’hui et à cette heure, à moins qu’il fonctionnait à l’aveuglette, mais elle avait bien vu que Lily s’est placée à ses côtés, or d’habitude, elle le fuyait comme la peste. A-t-elle l’intention de changer de camp et aller voir ses bourreaux ?

    Enfin bref, ayant su cela, Clara prépara d’autre plan en fonction de ce qu’avait accompli le petit premier en cours d’histoire avec Harley. Bien sûr, elle fit très attention à ce que le professeur ne lui fasse pas de remarque comme il avait pu le faire à un élève rêveur la veille. Durant l’intercours pour rejoindre à nouveau Chloé en se dirigeant vers les serres, elle happa Claire et Albus et leur prévint.

    Elle agirait à nouveau à la pause déjeunée. Pendant qu’elle terminait son cours de métamorphose avec seulement les poufsouffle, Claire et Harley étaient impatiente de quitter le cours de potion –rien à voir avec Malone qu’elles commençaient plus ou moins à apprécier, seulement quand on n’est pas doué, faut pas insister (quoique peut-être que si)- Chloé les rejoignit simplement dans le grand hall, n’ayant pas eu cours, tandis que deux de ses camarades, Laura et Kylian, se préparaient pour aller en cours de potion avancé –eh oui, d’autres avaient encore une séance à suivre avant d’aller manger, seulement de trente minutes cependant-.

    Sans surprise, ils virent un flot d’élève se diriger avec plus ou moins d’empressement vers la grande porte menant à la grande salle, pour le plus grand plaisir de Peter. Qui sans se douter, faisait aussi la plus grande satisfaction de Clara. Car la vue que lui offrait ce tas lui confirma ses suppositions : Lily n’était pas à ses côtés, mais plutôt de son amie Louise. Alors elle lui balança une pastille –oui, c’est une très bonne lanceuse- qui éclata à son contact, made in Weasley –ça n’étonne plus personne-. La capsule laissa échapper d’infime étincelle qui enveloppèrent Lily Potter et qui lui portèrent en dehors de l’amas. Sans pouvoir y faire quelque chose, les pieds de la rousse la traînèrent jusqu’au pied des escaliers, où l’attendaient cinq silhouettes.

    « Bon, on te laisse faire le reste ! » déclarèrent les filles en se dirigeant à leur tour dans la grande salle.

    Les deux petits Potter restèrent silencieux pendant un moment.

    « Lily, je… »

    « Quoi ? »

    Aie, ça commençait mal. Albus inspira longuement avant de regarder droit dans les yeux de sa sœur, qui en fit de même.

    « Je voulais m’excuser. Je ne pensais pas que mon geste allait faire empirer ta situation, je voulais juste t’aider. »

    Lily ne répondit rien. Pendant un moment, son frère cru même qu’elle allait le planter sur place, mais elle n’en fit rien. Elle semblait même se débattre intérieurement, fronçant quelque fois les sourcils. Puis elle le regarda.

    « Tu es pardonné Al. Je ne t’en voulais pas vraiment, c’est juste que j’aurais préféré que tu réagisses d’une autre façon. »

    « Je sais, je suis désolé. »

    Et il l’était vraiment. Surtout en pensant aux conséquences, qu’est-ce que cela avait résulter ? Est-ce que sa sœur allait vraiment être sujette à des brimades ? Allait-elle subir des regards froids et méprisants de ses camarades ? Entendra-t-elle des rumeurs sur son passage quand elle aura le dos tourné ? Il était en pleine tourmente, et elle aussi. Alors quand il la vit si inquiète, il eut envie de la prendre dans ses prendre et la rassurer. Il n’était pas vraiment friand de câlin -c’était plutôt sa sœur, ça- mais là, elle en avait vraiment besoin et il voulait aussi montrer son soutien dans ce geste affective.

    « Un câlin ? » Demanda-t-il en lui ouvrant le bras.

    Elle n’hésita qu’une seconde et se jeta dans ses bras. Il était bon de se sentir dans ses bras protecteurs, elle ne voulait pas quitter son cocon familial pour un monde sans pitié. Elle aurait aimé être toujours ainsi.

    « Oh, comme c’est mignon. »

    Cette remarque l’a fit sursauter, elle recula vivement de l’emprise de son frère. On aurait pu prendre ça pour de la gêne mais elle semblait un peu paniquée. Mais ça, seule la verte le remarqua.

    « C’est déjà la fin ? »S’étonna Albus en les voyants sortir toutes les quatre.

    « Non, ce n’était juste pas bon », répondit Harley.

    « Même pas vrai, le dessert était appétissant », répliqua Clara.

    « Moi, je n’ai fait que vous suivre. Car il y a une qui est bien curieuse. »

    Pour toute réponse, Claire laissa un rire nerveux s’échapper en rosissant les joues. Puis, elle renchérit sur le fait que pour continuer dans cette ambiance apaisante, ils n’avaient qu’à manger dans la cuisine. Comme ça, on peut se servir autant qu’on voulait, discuter en toute intimité –enfin, si les elfes de maison ne les trahissaient pas- et être loin des élèves carnassiers.

    Et ça, Lily ne la remercierait jamais assez pour cette intervention.

    À la reprise des cours, les filles durent se séparer en deux, la verte et la jaune devaient continuer dans les sous-sols pour rejoindre les cachots du cours de potion, la petite rouge monta en cours d’histoire –dont elle adorait le professeur- et la rouge plus grande avec les deux bleus en cours de métamorphose. Séparés de la première année, le frère les remercia longuement.

    Les filles restèrent modestes en disant n’avoir rien fait, tout avait était organisé par Clara. Pour les deux heures qui suivirent, Albus fut le seul qui était réellement en avance, mais plus personne n’en était surpris. Déjà prouvé en première année et avec l’incident d’il y a deux jours.

    « Bon, maintenant direction le parc pour les soins aux créatures magiques ! »

    Cet option était celui qui regroupait le plus d’élève de leur promo, il accueillait 20 sur 30 -idem pour les runes anciens. Cependant, Albus ne s’incluait pas dans le lot, aussi il dut se séparer de sa bande –Rose qui a choisi tous les options sauf étude de moldu, Wyatt qui est curieux d’en savoir plus sur le monde magique et leur créature et Tobias qui aimait le danger…hem- et resta avec Scorpius, qui avait choisi les mêmes options qu’Albus -ce qui le séparait de son groupe d’ami- et le brun profita de ce moment pour faire un peu plus connaissance avec le blond platine en faisant ensemble leur devoir, échangeant leur aptitudes. Ils étaient décidément plus mentaux que physique. Chloé n’avait non plus choisi cette option, ce qui lui value une blâme générale du reste des Révolutionnaires –qui pour le coup, avaient bien porté leur nom- qui lui argumentaient qu’elles avaient rarement l’occasion d’être en cours ensemble –sauf le mercredi matin, seul moment- et que si en plus elle ne voulait pas choisir une option commun, le fossé risque de se creuser, tout fut vain. La verte ne céda pas et finit même par être agacée. Elle les planta au seuil de l’énorme porte d’entrée.

    « Oh, tu auras au moins pu venir assister au cours ! »

    Mais les rejoignit dans le parc à la fin de l’heure. Pour les faire plaisir.

    « Non, merci, je préfère encore rester au chaud faire mes devoirs que de vous observer faire diverses gestes superflus avec ces drôles de bestioles. »

    « Pas la peine d’être si vulgaire… »

    « Et comment ! D’où tu te permets d’insulter les créatures magiques ? Ils sont putain d’impressionnants, si tu les voyais ! » Réprimanda Clara.

    C’était la seule à être à fond dans cette matière. La tacticienne haussa un sourcil.

    « En plus, c’était intéressant ! La professeure Gobe-Planche nous a enseigné sur les fées et farfadets. »

    Bien sûr, le poste enseignant de la matière Soins aux Créatures Magiques était, depuis la fin de la guerre, confié à Wilhelmina Gobe-Planche pour les troisièmes et quatrièmes années, ensuite les cinquièmes années étaient relégués à Rubeus Hagrid pour ses cours plus « extravagants » -dirons-nous-, et à la fin de cette année, les élèves qui choisissaient de poursuivre l’option se voyaient également avoir un choix sur le professeur. Il en était de même en ce concernait l’enseignement de l’art difficile qu’est la divination. Aussi, le centaure Firenze s’occupait des élèves du premier cycle, tandis que Sybille Trelawney se voyait enseigner son fameux don inné à des élèves beaucoup plus matures et patients qui saisiront plus facilement son comportement « rocambolesque » –hum, allons-nous dire-. Puis viendra aussi le choix de l’option et du professeur à la fin de l’année de Buse.

    « Oh, mais je sais déjà ce qu’est que cela. »

    « Oui, mais tu ne savais pas que mis ensemble, ils transformaient toutes choses en or. Et consistant, contrairement aux imitations des Farfadets. »

    « Ça reste néanmoins faux », répliqua malicieusement la tacticienne.

    « Bah, quand même, il n’y a que l’alchimie qui permet de changer des métaux en or », releva la fougueuse rouge.

    « D’ailleurs en parlant de ça, vous vous souvenez de ce qu’on en avait parlé sur la métamorphose ? » s’émula la créative.

    « Ouais, mais franchement, rien ne le dit », soupira la farceuse.

    « C’est pour ça qu’on doit enquêter », renchérit la bleue aussitôt.

    « Oh, j’en ai marre et puis je suis sûr qu’on ne se gourera comme en première année », râla la rouge.

    « Vous vous gourerez, moi j’ai trouvé », rétorqua la jaune.

    « À la fin. » Trois voix, elle les fusilla du regard.

    « Ici, faut penser à ruser, bien sûr on ne va pas laisser Chloé faire tout le boulot, aussi j’ai pensé qu’on pourrait les soumettre au sérum de vérité ! »

    « Mais bien sûr, quelle idée de génie ! » Claqua Clara.

    « Toi, ça se voit que tu n’as aucune connaissance en potion. Le veritaserum n’est pas facilement réalisable », expliqua Chloé en voyant la chinoise perdue.

    « En ce cas-là on peut demander à Albus, mais c’est justement pour lui. »

    « Au pire on peut demander à Ionise, je crois qu’il n’a pas apprécié d’être mis sur le carreau », sollicita Claire.

    « C’est bien beau ces projets, mais il ne faut pas non plus oublier les ingrédients. Et puis je ne suis pas pour de le mettre lui et son cousin dans le secret. »

    « Ce n’est pas juste à cause de ton différend avec lui, hein ? »

    « Mais non, je ne suis pas si fermée d’esprit. »

    Cependant elle avait serré les poings à cette déclaration.

    « Et en même temps, je ne pense pas qu’ils pourront avec leur projet », rappela Clara. Réalisant également, Claire haussa les épaules.

    « Bon, faudrait les prendre en tenaille et les faire cracher le morceau. »

    « Avec quoi ? On n’a pas de moyen de pression. »

    « Faut les prendre sur le fait. »

    « Ou on les chante avec Lily en appât. »

    « C’est bas et j’espère pour toi que tu plaisantes en disant ça », critiqua Harley.

    « Bien sûr, on ne voudrait pas se mettre les Weasley à dos. »

    Alors que Clara ne fit sourire, Claire leva les yeux en l’air tandis que Chloé soupirait. Elles restèrent silencieuses en pensant à ce qu’elles pouvaient faire. Puis c’est là qu’elles le virent. Un animal au pelage noir mais dont la tête était strié de blanc traversa rapidement le parc. Il avait de courte patte qu’on voyait à peine sous le corps assez long. Elles s‘échangèrent un coup d’œil estomaqué. Attend, c’était bien un putois qui est passé ?

    « Non, c’est un blaireau ! Vous êtes sérieuses ? »

    « Excuse-nous, on n’a pas autant de connaissance que toi en cette matière. »

    « Surtout que c’est ton animal fétiche alors il était évident que tu aurais plus d’affinité. » Alors que la blonde s’apprêtait à répliquer, on la devança.

    « Bref, suivons-le, qu’est-ce qu’un animal comme lui fichrait ici sinon que ce soit un animagus ? »

    Elles accoururent sans plus tarder derrière le mustélidé, tout en essayant de ne pas le perdre de vue, car faut dire qu’il n’est pas évident d’égaler la course à un animal, surtout aux courtes pattes. L’animal, qui était assurément un blaireau, dixit Clara, les mena jusqu’à la lisière de la forêt interdite et sans qu’elles remarquent, elles y entrèrent, sur les pas-pattes de la créature.

    Mais peu à peu que qu’elles avançaient, elles remarquèrent bien une chose. Non, deux. Ou trois. Premièrement, elles avaient finalement perdu de vue le blaireau. Deuxièmement, elles étaient dans la forêt interdite. Oui, vous savez là, celle qui est interdite. Qui ne s’appelle pas comme ça pour rien. Et dernièrement, la nuit commençait étrangement à tomber, il était pourtant dans les environs de 18 heures. Est-ce dû au fait qu’elles se soient trop enfoncées ?

    Bien qu’un peu hésitantes, elles cheminèrent un peu dans tous les sens dans l’espoir de trouver un signe familier. Sans en douter, Harley menait la marche, suivi de Claire, la baguette brandie, Clara sur les talons jetant des regards aux alentours –étrangement, ils avaient l’air pétillant- et Chloé fermant la marche. Elle prétexta que c’était pour protéger leur arrière. Bien sûr, on reconnaissait bien là, la serpentarde.

    Soudain, la première s’arrêta tout de suite de marcher, entraînant derrière elle celle qui lui collait, la baguette en joue. A côté, la blonde eut aussi un bug. Seule la dernière avait encore un peu d’esprit pour examiner ce qui a fit cesser tout mouvement. Finalement, il y avait aussi un quatrième point.

    Oh, Merlin. Par Salazar ou autre grand sorcier, mais qu’était-ce donc ?

     Sa tête, beaucoup plus grande par rapport à son corps qu'un humain, est parfaitement ronde et recouverte d'une toison de boucles courtes et serrées d'une couleur de fougère. Son unique oreille, grande et charnue, est située au sommet de sa tête. Son nez est court et informe. Sa bouche de travers est pleine de dents jaunes et irrégulières de la taille d'une brique. Ses petits yeux ont la couleur marron-vert de la vase. Ses pieds, nus et crasseux, sont semblables à deux luges. Ses mains ont la taille d'un parasol. Il est vêtu de peaux de bêtes grossièrement cousues. Non, les filles ne rêvaient pas, c’était bien un géant qui se trouvait sous leur yeux. Autrefois, enfin quand Hagrid était présent, on le surnomme Graup, mais là, pour ces quatre troisièmes années, c’était juste…

    « Ahhhh !!! »

    Un cri, puis des pas précipités qui s’empressèrent de s’éloigner de cette créature difforme qui n’eut même pas le temps de réagir face à cette visite inattendue, qui n’en était de toute évidence pas une. Le petit –hem…enfin, grand- Graup pencha sa tête sur le côté tandis qu’il voyait les formes se rétrécirent en point. Il y avait aussi des sons qui provenaient d’elles, mais ne connaissant pas encore son vocabulaire, il n’y fit pas attention.

    Les filles couraient aussi vite que leurs pieds les permettaient. Elles faisaient des dérapés sans savoir où se diriger et la plus rapide changeait de sens à chaque arbre rencontré, et Dumbledore, qu’il y’en avait beaucoup !

    « Où est-ce qu’on va ? » Cria Clara en accélérant.

    « Je ne sais pas ! Loin d’ici ! » Répliqua violemment Harley sans ralentir.

    « Tes réparties auront toujours de quoi satisfaire ! » Admonesta Chloé.

    « Aa, vite ! Il nous poursuit ! » S’écria Claire en fonçant.

    Ce qui était bien sûr totalement faux, ce n’était qu’une illusion d’optique causé par un des feuillages des grands arbres. Néanmoins cela fut suffisant pour convaincre ses amis de prendre encore de la vitesse. Finalement, sans qu’elles sachent comment, elles parvinrent à sortir de cette maudite forêt.

    « Ah, purée, enfin ! » haleta Clara en s’écroulant dès la sortie du bosquet.

    Les trois autres n’en firent pas autant, se contentant seulement de se courber pour poser leur main sur leur genou en reprenant une respiration plus régulier. Mais elles n’eurent pas le temps de récupérer qu’un bruit de feuillage les fit sursauter. Pensant que ça devait être un traqueur, elles poussèrent un cri avant de se remettre à fuir en direction du château.

    Elles ne virent, du coup, pas un petit animal sortir des buissons pour observer leur course maladroite et désordonné. Puis, la bestiole, à la fourrure noire et un peu de blanc à la tête, appelé plus communément blaireau, vérifia s’il n’y avait personne aux alentours. Cela fait, il prit un élan et sauta. Ses pattes n’atterrirent jamais la terre ferme. Ce fut à la place deux pieds chaussés et vêtus qui prirent place. Un jeune homme apparu, aux cheveux bruns et aux yeux bleu, à la peau mate avec un regard calculateur et satisfait. Bien, ça devrait les convaincre de ne pas se poser trop question pour un moment, après si les autres voudraient le cacher ou pas, ce n’était plus de son problème.

    Sean Carmichael, car c’était bien lui l’animagus blaireau, s’épousseta l’uniforme avant de se diriger d’un pas tranquille vers la forteresse. Après tout, il était l’heure du diner et pour semer les filles, il s’était bien dépensé. Il avait faim.

    « Bon, après cette petite mésaventure, on récapitule rapidement ? »

    « On parle d’animagus et comme par hasard, il se trouve qu’effectivement, il y’en a bien un qui se trouve dans l’enceinte du château. »

    « Et qui fait assurément faire partie des jaunes », ajouta Chloé.

    « Et pourquoi donc ? » Releva Clara.

    « Tu t’en doutes, sa forme ne correspondrait que pour un de tes camarades. »

    « Préjugé, je dis. »

    « Bref, maintenant, vous en êtes convaincues ? » Les incita Claire.

    « Certainement, c’est un scoop à ne pas rater ! » Approuva Harley.

    Aie, tout ce que le précautionneux Poufsouffle avait fait eut l’effet inverse. Au lieu de les dissuader, il ne fit qu’allumer la braise déjà enflammée.

    « Et après on fera quoi d’autre, en parallèle ? »

    « Bah, on verra après le séjour. »

    « Ah, d’ailleurs, je voulais vous en parler plus tôt, mais en fait, je ne viens pas. »

    « Quoi ? Mais pourquoi ? » S’exclamèrent les trois autres.

    « Mon père dit que j’en connais déjà assez des moldu, alors pas besoin de perdre mes heures de cours pour –je cite- ces Broutilles. Et puis, j’ai aussi un frère cracmol, alors… » Répondit Chloé, calmement, ayant prévu une telle réaction.

    « Oh, mais ce serait triste sans toi. »

    « Oh, c’est bon, on a très bien réussi à survivre pendant deux mois lors des vacances scolaires, pourquoi vous en faites tout un drame pour seulement cinq jours ? » S’ennuya la verte.

    « Oui, mais cette année, on est rarement ensemble. »

    « Et c’est surtout le fait que tu ne suis pas les même cours que nous, il faut en plus que tu nous fausses compagnie à la dernière minutes pour nous annoncer que finalement tu ne viens pas à ce voyage ? »

    Chloé semblait sur le point de soupirer d’exaspération par le comportement puéril des filles, qu’une autre encore plus infantile s’incruste. Comme si elle n’en avait pas assez d’être entouré d’enfant, songea-t-elle sarcastiquement.

    « Oh, et vous irez en avion pour aller à Londres ? » Demanda Lolie, excitée.

    « Non, pas besoin, on prendra le magicobus, qui nous emmènera près de la populace moldu et on continuera avec leur tekngie », répondit Harley, sans prendre en compte des erreurs de vocabulaire.

    Remarque, ce n’est pas plus mal si elle arrive à les détourner.

    « Oh, c’est naze. »

    « … En avion ? » Répéta Claire.

    On la regarda, Clara poussa tout de suite après un long soupir de désespoir. Et intérieurement, Chloé jubilait. Avec un peu de chance, son absence passera outre.

    « Ah, mais c’est excusable, elle a peur de l’altitude », réalisa-t-elle.

    « Hein ? Comment ça, c’est un transport en hauteur ? »

    « Et comment ! Ce sont de gros oiseau métallique qui peuvent transporter 100 passagers, sur une certaine distance », s’exclama Lolie.

    « Et ce truc métallique arrive à décoller ? »

    « Mais bien évidemment. »

    « Ce n’est absolument pas dangereux, mais… » Soudain le visage de Clara s’illumina, elle tenait de quoi se venger un peu de ces instants d’exaspérations « Il arrive qu’il y ait des crashs. »

    « Des crashs ? »

    « Oui, des accidents techniques. Par exemple, un avion peut perdre un de ses ailes, qui se détache par une quelconque force psychique. Et tu sais ce qui arrive à un oiseau sans aile. »

    « Oh, Merlin ! »

    « Ouais, l’appareil sombre, en même temps que ses passagers et là… »

    « Oh, c’est bon, arrête de lui faire peur plus qu’elle ne l’est déjà ! »

    Inutile d’ajouter que cela ne fit que renforcer la crainte de la chinoise à propos du vide. Et si cela lui faisait un peur bleu rien que d’imaginer, Clara s’amusait énormément de cette conclusion. Ce fut dans une ambiance partagée que les cinq filles se dirigèrent vers la grande salle pour le repas de soirée.