Chapitre Dix.

Le son de la pluie dru était moins audible à l'intérieur de la centrale nucléaire.

Pour être totalement exact, aucun son extérieur ne pouvait être entendu tant les murs semblaient insonorisés en plus du boucan infernal se déroulant au sein même de l'établissement. L'endroit ressemblait à und arène, avec une fenêtre d'observation qui devait servir de poste de contrôle. Il y avait même un balcon autour qui faisait penser à des gradins pour spectateurs.

Tous les villageois du village fou s'affairaient dans la chambre du réacteur en train de dessiner quelque chose de large et immense sur les dallages noirs et blancs, tant cela prenait de la place. Il y avait aussi beaucoup de bougies noirs posés en cercle, autour de ce qu'ils étaient en train de tracés.

Richard et Scarlett étaient attachés et ligotés à deux bouts de la pièce alors que Matt a été ficelé à une dalle en marbre, juste à côté du dessin.

" Ressaisissez-vous, Sir Marsh ! Ces villageois sont toqués ! Ils se croient être des sorciers et pratiquer de la magie, ils ont clairement été isolés trop longtemps ! Vous n'avez pas à les croire ! "

Scarlett aurait voulu rouler des yeux à la non croyance du policier alors qu'ils étaient dans une position pareille, mais la situation était trop critique et elle était trop inquiète pour son frère. Elle tentait par tous les moyens de se libérer de ses liens en gigotant dans tous les sens sous les yeux narquois et moqueurs des villageois qui tenaient un œil sur elle.

" Vous ne comprenez pas, officier Cole. Ce ne sont pas ces villageois qui sont fous, mais plutôt le monde qui est trop aveugle pour comprendre à puissance des Anciens. Leur retour a été prévu depuis fort longtemps et si ces cinq ados n'ont jamais existé, ils auraient continuer de diriger le monde. "

" C'est ridicule, enfin ! S'ils ont bien régné il y a longtemps, il devait forcément avoir un fin, toute chose a une fin ! "

" Pas les Anciens, ils sont éternels ", répliqua le savant avec un regard brillant.

Apparemment, c'était lui le plus fou.

" Tous comme les cinq ", rétorqua Matt qui n'avait pas perdu de son répondant, même étant dans une telle position de faiblesse.

" Non, puisque je vais te vider de ton sang afin de permettre leur retour. Nous sommes le 30 avril, le jour où l'on célèbre la sabbat sorcière, où le pique de magie est à son sommet, la cérémonie de retour ne pouvait que tomber sous ce jour. Il fallait aussi le sang de l'ennemi des anciens et même si on aurait aussi pu choisir la Fille, il nous faut favoriser leur retour avec le sang du Premier. Et sauf s'il y avait une réserve de sang, tu mourras d'hémorragie. "

" Ce n'est qu'un enfant ! On appelle ça un meurtre ! "

" Pas si les Anciens reviennent ! Ils vont réaliser tous mes souhaits en découvrant que je leur ai éliminé ces insupportables gosses qui ont été leur perte. "

" Quel prouesse pour de puissants démons ", renifla Matt avec sarcasme.

" Tu te moqueras moins, une fois que je t'aurais enfoncé la lame dans le ventre ", répondit Michael Marsh d'un regard hautain.

" Vous prendrez toute votre vie pour avoir ôter la vie d'un pauvre enfant ", gronda Richard.

" Ou les Anciens détruiront toutes les lois humaines ", ricana la vieille en caressant le chat noir dans ses bras.

Ses yeux à elle luisaient d'une rougeur effroyable et démoniaque. Scarlett craignait que les Anciens l'ont déjà possédé et agissaient en fait à travers elle. C'est pourquoi elle pouvait tuer d'une simple formule murmurée et maudire des squelettes de dinosaures.

" Nous allons voir ça tout de suite ", dit le scientifique en brandissant un poignard au dessus de Matt.

Scarlett ne comprit pas pourquoi mais elle se mit à détailler cet arme blanche. La lame était en argent et torsadée, la manche sculpté dans une corne de chèvre. Sauf que plus loin que cette vision, elle voyait aussi quelqu'un s'activer dans le poste de commande. Le réacteur nucléaire devait être activé, cela allait ramollir les dernières protections de la porte et le sang de Matt sera la dernière goutte pour la sortie de l'ordre de démon.

Si l'idée de voir la fin du monde ne l'enchantait pas, que Matt puisse être poignardé lui était insupportable. Elle s'activa à nouveau afin de se détacher quand la lame commença une horrifiante descente pour entrer en contact avec la chair du jeune homme ligoté.

Pourtant, avant que le contact ne soit fait, l'orage qui grondait dehors manifesta sa présence en jetant un éclair contre les barbelé autour de la centrale. Le fer fut un bon conduit électrique or la panneau qui était accroché était en bois et explosa sous la tension. Cette distraction fut assez pour Matt, dont les yeux écarquillés ne quittaient plus l'arme collé à sa peau. Celle-ci prit une teinte écarlate et sir Marsh poussa un hurlement en relâchant le poignard. Ses mains rosés prouvaient une brûlure au troisième degré.

Matt se libéra de ses liens et accouru d'abord vers Scarlett pour lui détacher avant qu'ils ne se dirigent vers le policier. Pendant ce temps, les villageois prises de panique se rassemblèrent dans le cercle qui leur protégeait des radiation, comme leur avait avertit Michael.

N'en faisant cure de la menace éminente, Scarlett récupéra son sac où était gardé son arsenal pour allumer le premier cocktail Molotov et leur balancer dessus. Le flacon toucha la vieille femme à la tâche de naissance sur la joue qui s'embrasa instantanément en contaminant ses voisins. Bientôt, les villageois ne furent même plus protégés dans leur cercle magique, mais aucun des trois rescapés n'en virent rien, ayant déjà pris la fuite.

Seule une personne esquiva les brochettes humaines en partant à leur poursuite.

Les deux adolescents et le policier couraient dans toute la centrale à la recherche de l'issue de secours tout en faisant fi de l'alarme qui leur déchiraient les tympans, de la chaleur grandissante et des signaux rouges qui clignotaient partout sur leur passage. Ils étaient arrivés dans une salle avec une piscine mais dont le liquide contenu n'était pas de l'eau malgré la couleur bleu. Scarlett l'avait compris à sa couleur cyan. Ils devaient traverser une passerelle afin d'être enfin loin de tout ça mais il a fallu qu'ils soient rattrapé par Jayne Deverill, la folle à liée.

Celle-ci était muni d'un bâton et avait déjà frappé le policier dans le dos, le déboussolant. Matt était éreinté et n'allait pas tardé à être dans les vapes et Scarlett était fébrile. Elle ne comprenait plus ce qui se passait mais tout ce qu'elle savait était qu'elle ressentait une telle frustration d'être arrêté en si bon chemin.

Quand la vieille s'approcha en faisant siffler son arme, Matt recula tout en la protégeant et Scarlett pria de toute ses forces qu'un autre miracle se produit encore une fois. Rien qu'une fois de plus dans la soirée.

Son souhait fut entendu et un ouragan fit éclater les vitres au dessus d'eux. Toutes les lames tranchantes tombèrent sur la folle en évitant délibérément le policier qui n’était pas loin. Puis, pour la bouger du passage, Richard n'eut d'autre choix que de la pousser. Le corps tomba dans le liquide bleu fluorescent et fondit sous les déchets radioactifs sans que personne ne vit cette fin.

Quand ils sortirent enfin de la centrale par le canal souterrain, cette dernière n'était déjà plus, happé par la porte des Ténèbres ouverte mais qui a explosé sous le réacteur.

Ils n'en surent jamais rien de la fin du savant et du reste des villageois, mais au vu du trou laissé au milieu du terrain, ils n'ont pas survécu.

Lorsqu'ils quittèrent l'endroit, Scarlett prit soin de briser le panneau accroché à la chaîne de fer. Puis, leurs pas leur ramenèrent jusqu'au village et Scarlett se fit un plaisir d'exécuter la promesse qu'elle avait faite pas plus tard qu'hier en brûlant l'endroit. Maintenant, on pouvait dire qu'elle n'existait vraiment pas.

Enfin, ils sortirent du croisement maléfique et retrouvèrent avec soulagement la voiture du policier et y passèrent la nuit, trop fatigué pour ne serait-ce que rouler jusqu'à la prochaine civilisation. Heureusement, Richard gardait aussi des couvertures dans sa voiture, dans le cas où il aurait affaire à ce genre de situation. Enfin, pas totalement de ce genre, mais des incidents semblables où il lui arriverait de découcher.