• Chapitre Spécial : Expédition pour le Nouveau Continent

    Vacance de Pâques 2023

    Les filles attendaient en silence leur vol.

    Silence pour elles parce qu’autour  régnaient la cacophonie et pagaille qu’engendraient toujours le moment de prendre l’avion et des annonces par enceinte pour annoncer des retards ou autres informations.

    Leur vol pour le Pérou était annoncé pour 15 heures avec deux escales sur le territoire des Etats-Unis, dans l’état de New York et de Floride. Le prix était plus ou moins correct à 390 livres sterling, soit 56 galions et quelque dizaine de mornilles. Ensuite, les filles devaient encore convertir en dollars américain (parce qu’elles étaient jeunes et elles allaient forcément dépenser chez les ricains) et sol (parce que c’était la destination finale, où elles allaient rester un moment). Dépendant de la duration de la quête, elles avaient pris assez pour couvrir leur arrière et grâce à l’alchimie qu’Alice leur a procuré, elles pouvaient rester sereines financièrement.

    Ce qui occupait leur esprit était plutôt ce qu’elles allaient rencontrer sur terre inconnue et étrangère. Déjà, elles ne parlaient pas la langue, mais elles étaient sorcières et avaient connu les gadgets de Collexion Connection (dont l’appareil dentucteur) ou encore le sortilège de babbel qui traduisait la langue étrangère en la leur. Mais après, elles ne savaient pas vraiment où chercher, Pérou était grand et les moyens de recherche d’une personne en fuite depuis une trentaine d’année n’allait pas être une mince affaire. Surtout si cette personne connaissait et pratiquait elle aussi la magie.

    Parce que les Nemesis recherchaient bien la grand-mère paternelle de Chloe Rivers, Elizabeth Rivers. Feue femme de Thomas Rivers, un partisan de Voldemort qui a dû se résoudre à se détacher de la relation lorsqu’il apprit qu’Elizabeth, née Trimon, était en fait une sorcière née de moldu. Cependant, incapable de lui ôter la vie, il dissimula sa mort mais lui fit exiler hors des terres britanniques. Aux dernières nouvelles, que Roger a pris soin de receler même vingt ans après la défaite du sorcier maléfique, la sorcière se trouverait en Amérique du Sud. Mais ce fut en analysant un code postal très ancien que David Rivers put déterminer du pays expéditeur : le Pérou.

    Et voici les Nemesis en chemin pour rencontrer cette pauvre bonne femme qui n’a jamais pu rencontrer un seul de ses petits-enfants, dont un cracmol qui n’a pas les moyens de payer le voyage pour aller la voir (et qui refuse aussi d’utiliser l’argent transmuté magiquement).

    Clara, telle un bon enfant qu’elle est (et restera), sortit un sachet de friandises de son sac. Alors qu’elle commençait à assassiner l’emballage pour atteindre le contenu, elle remarqua le regard désapprobateur de Chloe et celui jugeant de Harley.

    « Bah quoi, j’en ai envie », fut sa réponse avant de gober la confiserie.

    « De toute façon on a encore du temps », commenta Claire. « Et puis, si ça peut permettre à mademoiselle d’alléger son bagage, rempli uniquement de ce genre d’aliment, il vaut mieux la laisser. »

    « Eh, c’est qui qui a insisté à venir par voie moldu ? Moi, je voulais qu’on utilise le réseau international. »

    « Sauf que tu oublies qu’on a besoin d’une autorisation pour ça. De un, je ne suis pas sûre que le ministère nous l’autorise, de deux, même dans le cas contraire, on ne saurait pas quelle serait notre destination », lui répondit Chloe.

    Oui, elle a pensé à tout. C’était un peu pour sa pomme qu’elles faisaient ce voyage. Harley ajouta son commentaire :

    « Et on n’a pas encore le permis pour l’autre moyen et une certaine personne ne supporte pas le moyen de transport usuelle de notre espèce, qui de toute façon serait beaucoup plus impraticable que cet déplacement par les airs. »

    Clara fit la moue en passant en revue les locomotions qui leur étaient offertes et ne put qu’assentir cette vérité, tandis que Claire grimaçait à la mention de l’autre voie aérienne. En balai comme de vrais sorciers, non merci.

    « Et puis, même si on avait le permis, je sens qu’une certaine personne fera tout de même l’exploit de se perdre. »

    Clara continuait de grignoter dans son coin qu’elle remarqua que tardivement qui la remarque acerbe de Chloe désignait. Elle, bien sûr.

    « Comment ça ? Tu parles comme si je n’avais aucun sens d’orientation. »

    « Non, mais mademoiselle aime l’aventure et n’hésiterait pas à nous lâcher à la première occasion quand quelque chose de beaucoup plus intéressant est à portée de main. »

    « C’est une accusation vraiment lourde que tu fais et je suis… partiellement d’accord ! »

    « Ah bah, merci, c’est partiellement rassurant pour l’aventure qui arrive. »

    « Claire, je n’arrive toujours pas m’habituer de ton sarcasme. »

    « Moi, j’ai l’impression que c’est tout ce que j’ai toujours été. »

    « C’est fou comme la perte peut changer une personne. »

    Ça, ce n’était vraiment pas la peine d‘ajouter. Quelque part, cependant, cela rassurait les trois autres filles à l’égard de leur amie blonde. Celle-ci n’allait pas de main morte même quand la situation le voulait. Elle ne montrait pas de pitié pour personne et ne s’abaisserait pas à traiter ses amies comme faible, c’était en soit un geste qui prouvait sa confiance en elles. Qu’elles se relèveraient.

    « Bon, notre vol vient d’être annoncé, allons-y. »

    Elles se levèrent d’un même mouvement et suivirent Harley qui menait la marche, bien qu’elles auraient dû y réfléchir à deux fois.

    « C’était bien la peine de se dépêcher si c’était pour se tromper de queue. Comment ça a pu arriver, même ? » Grommela Chloe.

    « Il y avait écrit Etats-Unis, et on descend bien ici avant d’arriver à Lima, Pérou, non ? »

    « C’est des escales, Harley, on fait un arrêt rapide, mais à deux endroits différents sur sol américain, pourquoi crois-tu qu’il y a deux noms de compagnie ? »

    « J’en sais rien ! J’ai jamais pris l’avion ! »

    « T’aurais pu me le dire ! Bien sûr, vous ne pouvez que compter sur moi, qui ait déjà de l’expérience. Et après, ça dit que je vais vous lâcher, vous avez intérêt à bien vous accrocher à moi, oui. »

    Clara prit grand soin de rouler des yeux de manière exaspéré, mais secrètement, elle se forçait à ne pas éclater de rire.

    « Oui, bon, amène nous juste à la bonne entrée, qu’on en finisse. »

    « Attendez, une dernière vérification avant de monter à bord ! »

    « Faut déjà qu’on soit devant l’entrée de bord, non ? »

    Mais la petite voix de Claire fut ignorée pour celle plus imposante de Clara :

    « Passeport ? Check ! Billets ? Check ! Monnaie pour petit snacking ? Check !! »

    « Hilarant. Maintenant, on y va », pressa Chloe.

    « Une dernière chose ! » Se rappela Clara, manquant de faire perdre patience son amie. « Petit tour aux toilettes ? »

    « Il n’y en a pas dans l’avion ? » S’outra Harley.

    « Si, mais je prévois dans le cas où le stress vous ronge et que vous vous mouillez sans le savoir. »

    « Vraiment hilarant, on y va ? »

    Voyant que si elle continuait, elle aurait affaire à une criminelle en cavale plutôt que d’un compagnon de voyage, Clara mena le chemin à leur entrée de bord, tout sourire. Derrière elle défilaient trois mines blasées et fatiguées.

    Et dire que le trajet allait durer près de huit heures pour un premier arrêt à New York, puis encore trois heures jusqu’en Floride et six autres heures pour enfin arriver à Lima. Un total de 17 heures de vol et c’était sans compter les temps d’attente durant les changements de compagnie aérienne. Le voyage allait être long.

    Au moins, Clara les consolait en disant qu’elles seraient fournies d’un repas pour chaque vol, alors haut les cœurs.

    Les filles se demandaient juste comment elle pouvait penser à se mettre quelque chose sous la dent alors qu’elle avait déjà le sac chargé à ras bord de nourriture.

    La réponse était le stress.

    Le pire c’était que les places économiques n’étaient pas les plus confortables. Elles étaient placées au milieu de la rangée et les deux placées au centre devaient passer et par leur amies et le long couloir siégé par des passagers pas si compréhensifs pour accéder aux toilettes. En ce qui concernait les films qui passaient aux écrans, soit Chloe n’était pas d’humeur, soit Claire avait le mal d’air, soit Harley devait mettre en pause pour Clara qui voulait se déplacer pour une raison ou une autre.

    Quand elle ne grignotait pas ou ne regardait pas de film (et il y avait de quoi regarder en huit heures), Clara sortait la carte des Etats-Unis et traçait d’un point à l’autre. Au début, Chloe pensait qu’il s’agissait de leurs escales et des activités possibles aux alentours, comme la correspondance pouvait prendre du temps, mais l’expression de Clara était bien plus grave que cela pouvait être et Chloe songea que son amie avait aussi peut-être d’autre dessein pour ce voyage en dehors de l’aider à trouver sa parente. Alors elle sortait elle aussi sa carte de Pérou et traçait les endroits d’arrêts possibles et accessibles par balai. Balais qu’elles avaient mis dans leur sac à dos qui a reçu le sort d’extension, bien sûr.

    Parce qu’elles n’allaient certainement pas accio leur balai depuis le Royaume-Unis. Bah oui, elles n’allaient pas refaire 17 heures d’avion alors qu’elles avaient certainement un meilleur transport.

    « New York, aussi bruyant et pressé que Londres », lâcha Harley une fois dans la navette de changement.

    Elles venaient de quitter l’avion et l’aéroport de John F. Kennedy pour prendre l’avion pour la Floride qui se trouvait à l’aéroport de La Guardia. Ce qui leur donnait vue sur le trafic des non-magiques (comme ils sont appelés). Il n’y avait aussi pas beaucoup de temps libre entre les deux vols, faisant qu’elles attendirent le prochain vol directement à l’entrée du bord. Et heureusement qu’elles n’avaient pas de bagage supplémentaire à récupérer et mettre dans la soute, sinon le changement aurait été beaucoup plus éreintant.

    « C’est tous des anglophones, hein », répondit Clara en haussant les épaules.

    Attirant les foudres de ses deux amies anglaises.

    « C’est pas plutôt un truc typique occidentaux ? » Ajouta Claire.

    Clara se mit aussi à foudroyer du regard.

    « Parce que la Chine est meilleure ? » Renifla Chloe.

    « J’avoue que j’en ai aucune idée vu que je n’y suis jamais allée. »

    Ah bah, bien la peine qu’elle ouvre sa bouche, celle-là.

    Les trois heures pour la Floride était beaucoup plus supportable que les huit heures de la veille. Enfin, avec le décalage horaire, c’était comme si elles étaient le jour du départ, or 15 heures plus huit heures, on obtient 23 heures, mais il était n’était que 18 heures et des poussières à New York. Actuellement, il était 21 heures passé dans l’état de Floride et la correspondance pour Lima n’était prête que dans trois heures, il sera par conséquent plus de minuit lorsqu’elles monteraient dans le dernier avion et techniquement le lendemain.

    Clara frappa dans ses mains pour attirer l’attention de ses amies, déjà bien installées dans les sièges d’attente.

    « On fait quoi, pendant ce temps ? »

    « Qu’est-ce qu’on peut faire à une heure si tardive et étant mineure ? On attend notre correspondance sagement dans l’aéroport, bien sûr ! »

    « Pas la peine d’être si agressive, je dis juste qu’en tant que mineure et dans la fleur de l’âge, on ne peut pas que rester sur place sans rien faire ! »

    « Et pourtant, c’est ce qu’on va faire. »

    « Sérieusement ? Vivez un peu ! »

    « Clara, je veux bien vivre un peu comme tu le dis, mais on ne connait rien d’ici, ni des mœurs et coutumes, ni des trafics du pays, on ne peut pas se déplacer l’air de rien. »

    « Qu’est-ce qu’il y a à savoir ? C’est des ricains, ils parlent anglais comme nous ! »

    « Et j’imagines qu’il y a des jeunes comme nous, qui traînent tard dans la nuit près d’un aéroport dans l’attente de leur correspondance… »

    « Peut-être ! »

    « …Et qui peuvent conduire parce que contrairement aux Royaume-Unis, on ne passe le permis de conduite qu’à 18 ans sans accompagnement et en plus, on roule à gauche ! »

    « …Peut-être… »

    « Si tu veux tellement passer le temps, on n’a qu’à énumérer tout ce qui nous différencie des américains. Déjà, l’accent, ensuite, comme l’a fait remarquer Chloe : le sens de conduite, et puis, il faut penser aux snacking, hein, mademoiselle. Ils n’ont pas de bouilloire pour le thé et leur chocolat ont un goût bizarre… »

    « Attends, comment tu sais tout ça ? »

    « Et comment ça, ils n’ont pas de bouilloire ? Ils font comment pour chauffer l’eau, alors ? »

    Au moins, l’une d’elles n’avait pas perdu son amour pour le thé.

    « Ils le chauffent dans le micro-onde puis mettent le sachet de thé », répondit Chloe d’un ton docte.

    Cette réponse n’étant pas celle attendue, l’intéressée se tut et se mit à s’interroger sur le sens de la vie, laissant ses amies argumenter de leur côté.

    « J’ai mes sources. »

    « Non, ça m’a tout l’air d’être des connaissances que tu trouves sur internet ! Je ne savais même pas que tu surfais internet ! »

    « Eh bien, j’y surfe. »

    « Et tu connais cette méthode parce que… » Chloe commença, suspendant sa phrase parce qu’elle savait comment gérer ses amies.

    « …David me l’a appris. »

    « Bien sûr, David. Je ne savais pas non plus que vous étiez si proches. »

    « Moi non plus et pourtant ce n’est pas faute de toujours garder contact avec mon frère. »

    « Il n’est pas venu l’occasion de vous le dire, c’est tout. »

    « Oui, oui, la miss commence à faire de la gymnastique sous la suggestion du beau et grand David et la miss en apprend des tonnes et surfe sur le net parce que mister David l’a fait découvrir ! Est-ce qu’il t’a fait découvrir autre chose ? »

    Le ton mordant et cadence rapide de Clara ne permit pas à Harley de répondre que la blonde enchaîna aussitôt.

    « T’a-t-il aussi expliqué que pour faire des recherches sur le net, tu dois aller sur VPN pour ne pas te faire traquer, des fois que des hackers voient sur quel genre de site tu visites ? »

    Un silence accueillit cette information.

    « Je ne suis pas sûre où tu veux aller avec ça », commença doucement Harley.

    « Et moi, je n’aime pas où ça part », conclut sèchement Chloe.

    « Du calme, je ne savais pas non plus où je voulais en venir avec ça. »

    « Autant ne rien dire. »

    « Wyatt habite en Floride. »

    Encore une information qui ne permettait que le silence.

    « Et ? Tu veux qu’on aille le rendre visite ? »

    Claire haussa les épaules, parce qu’elle ne savait pas non plus ce qu’elle voulait en faire de cette info.

    « Je ne connais pas son adresse. »

    « Et puis, ça m’étonnerait qu’il veuille nous voir. »

    Harley n’avait pas tort. Wyatt avait bien fait comprendre qu’il ne souhaitait pas avoir de contact avec ses anciens camarades après que sa magie lui fut ôtée. Pas dans l’immédiat, en tout cas.

    Tout ce qu’ils pouvaient faire était de lui laisser le temps. Leur conversation tomba donc dans les oubliettes et elles attendirent silencieusement leur départ pour Lima.

    Six heures plus tard, avec un décalage horaire d’une heure en moins, les filles arrivèrent sur le sol péruvien à 5 heures du matin. Inutile de préciser à quel point elles étaient patraques et épuisées.

    « Je ne sais pas vous mais j’ai besoin de me reposer avant qu’on ne commence la recherche », exprima Clara leur pensée commune.

    Fort heureusement leur amie était bien plus vocale qu’elles. Elles agréèrent et se mirent à la recherche d’une auberge, si possible magique.

    Mais comme on ne pouvait pas tout avoir dans la vie, leur choix s’arrêta sur le premier hôtel à prix plus ou moins abordable (pour son apparence) et elles prirent deux chambres et y passèrent la journée, histoire de reprendre le plein.

    Il était cinq heures de l'après-midi quand elles se réveillèrent.

    « J’imagine que Clara va proposer de nous remplir la panse avant qu’on ne se mette en action alors je vais lui éviter cette peine et suggérer ce petit restaurant locale, qui m’a l’air tout à fait appétissant. »

    Sauf que Clara n’avait rien dit encore et se contenta de lever ses mains en l’air, retenant un sourire.

    Chloe partit payer avant que les filles aient terminé leur repas et revint avec un gros catalogue dans les mains. Si Claire l’observa faire sans rien dire, les deux autres firent comme si elles n’avaient rien vu pour finir leur plat tranquillement.

    « J’espère que tu ne comptais pas la retrouver dans les pages jaunes », dit finalement Clara après s’être essuyée. « Je veux bien qu’elle se soit exilée et doit vivre comme un… ‘no-maj’ mais as-tu pensé qu’elle aurait aussi changé de nom ? »

    « Eh bien, il ne me coûte rien de vérifier avec son nom de jeune fille. »

    « Qui est ? » Consentit Harley.

    Ce n’était pas stupide. Ce n’était pas comme si les mangemorts allaient poursuivre une née de moldu à travers le globe juste parce qu’elle a osé se faire passer pour une sorcière de longue lignée et épouser un sang-pur, si ? Alors, une fois hors des frontières anglaises, elle pouvait garder son ancien nom.

    « Stirling. Et…il y a en a pas mal. »

    « Même des E. Stirling ? »

    « Oui, je sais comment on utilise page jaune. »

    « Bah, celui-ci est espagnol, ça change d’un pays à l’autre, vous le savez très bien ça. »

    Harley roula des yeux de la réplique puérile mais releva un point.

    « Et tu comptais les visiter un par un ? On aurait eu plus de chance en les appelants, non ? »

    « On n’a pas de téléphone, miss genius. »

    « Mais on a une tablette M, on peut l’utiliser pour chercher leur adresse et faire une liste pour voir qui est le plus près. »

    Débuta les recherches. Il y avait sept patronymes ciblés, et pour couvrir le terrain, elles recherchèrent aussi ceux dont le nom ressemblait à peu près (Stirl, Stiling,…) donnant un résultat de 21 adresses à vérifier et tracer sur leur carte péruvienne.

    « Bah dites donc, se trouvent aux quatre coins du pays, eux », siffla Clara.

    « Mais aucun à Nazca », lâcha Claire.

    « En même temps y a pas de population. C’est que du sable là-bas. »

    « On appelle ça un désert, je crois. »

    « C’est le désert où se trouve les géoglyphes. »

    « Et alors ? Tu crois que madame née de moldu irait vivre près des lignes de Nazca ? Sans offense, Chloe. »

    Chloe balaya la remarque en continuant de calculer le meilleur itinéraire.

    « Peut-être. Elle a pu se convertir en archéologue, c’est une hypothèse tout à fait plausible », ajouta Claire en voyant le regard circonspect de Chloe.

    Puis, les filles attendirent sa réaction qui s’avéra n’être qu’un haussement d’épaule. Peut-être, après tout, Chloe ne la connaissait pas.

    « Et puis, c’est un site à visiter maintenant qu’on est sur les lieux. »

    « On n’est pas là pour faire du tourisme. »

    « De toute façon on va faire les quatre coins du pays, on passera forcément à côté. »

    « On verra ça demain, parce que je suis sûre que Clara va nous dire qu’il faut se reposer après un bon repas. »

    « Vous allez me lâcher avec ces commentaires sur comment vivre ? C’est pas parce que j’ai mentionné la bouffe et le sommeil quelque fois que je ne pense qu’à ça. »

    Elles retournèrent à leur chambre d’hôtel et firent l’inventaire de leur affaire tout en mettant les plus utiles en avant pour plus de facilité d’accès. Claire revint avec une petite provision de fruit, disant qu’il valait mieux prévoir si jamais elles avaient un creux sur le chemin et s’il n’y avait pas de ressources aux alentours. Petit clin d’œil à Clara, qui le prit mal et lui envoya un oreiller.

    Mais Harley coupa court au début de bataille d’oreiller qui allait se profiler en disant qu’elles devaient se réveiller tôt et que la journée de demain allait être chargée. Sauf qu’elles venaient de dormir une journée entière, forcément le sommeil n’allait pas leur tomber dessus.

    Au contraire d’un oreiller sauvage qui attaqua Harley en traître.

    Si Chloe s’y mettait, la bataille n’avait que lieux d’être. Voyez le genre ?

    Harley perdit parce que les filles se sont liguées contre elle.

    (Parce que c’est une rabat-joie quand il ne fallait pas. Elle n’était plus leur préfète en dehors de l’école. D’ailleurs, elles ne l’ont jamais vu comme préfète alors ça n’allait pas changer pour ce voyage en petite comité.)

    Bien sûr, elles firent un tour pour voir les géoglyphes de Nazca parce que c’était Claire qui l’avait demandé et il manquait aux filles les caprices de la petite. Alors autant satisfaire sa curiosité maintenant qu’elle avait retrouvé un peu de sa personnalité.

    Et aussi de sa peur de l’altitude. Au bout de dix-sept heures d’avion, elle avait oublié que le reste de déplacement allait se faire en balai. Avec son acrophobie, les filles avaient prévu qu’elle n’allait pas agréer à ce transport, aussi elles ne l’avaient pas informé d’en amener un (et pas comme si elle en possédait) et la mirent de facto avec Harley.

    Harley n’avait cependant pas considéré le fait qu’elle se ferait broyer les côtes en acceptant de la transporter derrière elle.

    « C’est bizarre quand même. J’aurai pensé que ce patronyme faisait plutôt anglophone, je n’imaginais pas que les locaux auraient un nom aussi caucasien. »

    « C’est très raciste ce que tu dis. »

    « Je suis ritale, ça compte pas. »

    « C’est pas ce que dit ton apparence. »

    « Tu cherches des baffes, la petite. »

    « Dit celle qui fait des commentaires stéréotypés. »

    Le pseudo dispute cessa quand Harley leur fit signe de jeter un coup d’œil à leur amie qui était restée bien silencieuse.

    Elles en étaient à leur douzième suspects et toujours pas de résultat. Il commençait à faire nuit et elles avaient décidé de camper à la belle étoile plutôt que se trouver un vrai toit. Le choix a été dû aussi de par leur emplacement. La ville la plus proche s’appelait Puno et se trouvait aux abords d’un lac, Titicaca, et les filles n’avaient vraiment pas envie d’utiliser l’appareil ou le sort de traduction encore une fois si c’était pour vivre collé serré avec des inconnus. Autant dormir dans la tente qu’elles ont amenée.

    Après l’avoir monté et jeté des sort repousse-moldu et de protection (si jamais c’étaient des sorciers qui tombaient dessus), les filles tirèrent rapidement aux sort pour savoir qui allait prendre les matelas du lit superposé, puis entre le hamac et la méridienne (on ne questionne pas les choix de papa Rivers).

    Le dîner fut plié avec le reste des fruits que Claire avait emporté la veille et aucune n’était d’humeur à veiller plus longtemps pour une autre partie de bataille d’oreiller. La tente fut aussitôt plongée dans le calme et respiration lente de Claire et Harley, une plus exténuée émotionnellement que l’autre physiquement.

    « Psst, Chloe, tu dors ? »

    Chloe tourna la tête sans bouger de son hamac et fit un geste de main pour répondre à Clara qu’elle ne l’était pas. Sauf que dans la pénombre, elle ne savait pas si ce fut visible, elle-même ne parvenait pas à délimiter le corps de son amie de la méridienne.

    « Non, pourquoi ? »

    « Je voulais savoir… »

    Chloe attendit et soupçonna la suite, elle n’a pas réussi à cacher sa déception plus tôt et prédit l’inquiétude de son amie. Ce n’était pas qu’elle s’attendait à expédier cette mission qu’elle se l’est donné, mais elle ne supportait pas qu’elle n’aboutissait à rien. Certes, elle ne s’est vraiment mis à rechercher sa grand-mère qu’il y a deux ans tout au plus, mais quand David avait réussi à déterminer le pays (si loin des terres britanniques) l’an dernier, elle s’est dise qu’en tant que sorcière studieuse et douée, elle pourrait retrouver facilement la trace d’une née de moldu qui a été chassé de son pays. Quelle blague.

    « Qu’est-ce que tu feras si on ne la trouve pas ? »

    Pause. Ce n’était certainement pas la question qu’elle s’attendait. Chloe y médita, parce que l’échec ne lui était même pas venu à l’esprit, mais au vu de l’avancement, ce n’était pas à écarter.

    « Je suppose que je vais en informer à David et peut-être qu’on entreprendra des recherches plus moldu et si ça ne donne toujours rien, on demandera à notre père d’échanger épistolairement avec elle, au moins. »

    Comme Clara ne répondit pas, elle décida d’étendre sa pensée.

    « C’est pas que je comptais la ramener chez nous une fois l’avoir trouvé, mais je voulais au moins lui parler, de nous, de ce que mon père est devenu, de ce qui s’est passé après son départ, quoi. Je veux dire… bien sûr, ce serait bien si elle venait vivre avec nous, parce que c’est ce que font les familles, mais elle a déjà fait sa vie ici et… ça se trouve, il y a beaucoup trop de mauvais souvenir là-bas… »

    Une fois tue, elle se rendit compte qu’elle a déballé plus qu’elle n’en avait besoin. Clara n’avait pas besoin de savoir ça, elle demandait juste ce qu’elle allait faire si elle échouait à trouver Elizabeth durant ce voyage.

    « Ouais, ce serait bien de pouvoir lui parler, au moins », fut la réponse calme et songeuse.

    Et Chloe repensa au regard grave et concentré de la blonde lorsqu’elle traçait la carte de New York et se dit que son amie avait bien un autre objectif pour cette sortie.

    « Ouais », approuva-t-elle.

     

    En s’arrêtant à Cuzco, Claire eut envie de visiter le Machu Picchu, une des merveilles du monde moldu.

    « Elle a été construite et abandonnée en XVe siècle, en hauteur, par des Inca, vous ne voyez pas où je veux en venir ? »

    « Je vois juste que c’est en hauteur, quelque part que tu ne supportes pas d’y être », répondit simplement Harley.

    Parce que, oh, ses côtes sont la preuve irréfutable qu’elle ne peut pas être en altitudes.

    Claire eut une pause.

    « Me dis pas que tu n’y a pas songé », ricana Clara.

    « Ce n’est pas le plus important. Ce que vous devez retenir est que cela a été construit par les Incas. »

    « Oui, puis abandonnée. »

    « Oui, et la civilisation a été massacrée par les européens lors de la découverte du nouveau continent… »

    « Merci pour ton cours d’histoire… »

    « …Car la civilisation est dite pratiquante intense de la magie. »

    Il fallut un moment aux filles de digérer l’info.

    « La chasse aux sorciers a débuté beaucoup plus tôt au sud », commenta seulement Chloe.

    « Toujours pas mon point. »

    « Bon, les Incas seraient des sorciers, et ? Ils sont tous exterminés que je sache. »

    Le regard ironique de Claire lui confirma le contraire.

    « Non. Comment tu sais ça ? »

    « Qui vous a donné des cours supplémentaire en Histoire de la magie ? »

    « Tu te souviens que tu as fait ça ? »

    Les regards consternés des autres filles poussèrent Clara à élaborer.

    « C’était avant que tu ne changes de comportement, j’aurai pensé que tu as oublié vu que tu ne te souviens pas comment tu étais avant ça. »

    Aïe, pas sûr que ce soit la bonne chose à dire pour éviter une rechute.

    Pour cause, Claire se mura dans un silence songeur. Seule la confirmation d’escalader les montagnes des Andes pour atteindre la citadelle la ramena. Mais elle resta distraite pour le reste de la montée et ne fit cas de l’élévation de plus en important de leur pas.

    Il y avait bien une civilisation vivant encore dans la citadelle Inca, comme le sort de protection l’indiquait. Pour se faire connaître et inviter, les filles durent se décliner et attendre une longue procédure avant d’entrer dans le site qui était le revers du site touristique pour les moldu. Elles étaient assez tendues, n’étant pas sûre si elles étaient bienvenues et si elles pouvaient échanger avec les locaux. Est-ce que le sort babbel et l’appareil dentucteur prend en compte les langues perdu comme le Quechua.

    Quelle ne fut pas leur surprise et soulagement quand on leur parla anglais.

    « Oh, il faut bien quand on essaie de vivre avec ces moldu égoïstes. »

    « Et pourquoi pas l’espagnol ? »

    « Pardonnez mon langage, mais vous n’avez rien d’hispanique et puis avec la mondialisation de plus en plus présente, tout le monde parle anglais. Même quand on ne veut pas. »

    Les filles eurent un sourire d’excuse à ça, pas facile l’enculturation.

    Voyant qu’elles n’avaient rien d’offensives, les filles furent libres de se déplacer et faire ce qu’elles voulaient. Chloe préféra interroger cette dame qui les a accueillis et Claire resta aussi pendant que Clara et Harley vaquaient un peu partout.

    « Nous avons en effet une méthode pour retrouver la trace d’une personne. Il suffit d’avoir un de ses reliques ou ce qui fut en contact avec elle. »

    « Et si on a aucun des deux artefacts ? »

    « Et si le contact remontait à très longtemps ? »

    La question de Claire était un peu déplacée dans ce contexte. Ce n’était pas comme si Chloe avait la carte postale sur elle. De plus, elle doutait qu’ils puissent trouver quoi que ce soit avec tous leurs empreintes dessus. Puis, elle se fustigea, on ne parlait pas de science, mais de magie.

    « Il ne devrait pas y avoir de problème si pas trop de monde y a touché, au pire des cas, cela prendrait plus de temps à déterminer la signature magique de la personne recherchée parmi tous les autres qui ont été en contact. »

    Rassurant, mais Chloe n’avait toujours rien d’Elizabeth sur elle. Toutefois, cette réponse sembla contenter Claire qui hocha seulement la tête avant de se tourner vers elle, comme attendant ce qu’elle dirait après. Et Chloe en vint à la conclusion que Clara n’était pas la seule à avoir un autre objectif dans ce voyage.

    « …Je n’ai pas la carte postale sur moi », répondit-elle au bout d’un moment.

    Chaque chose en son temps. Le but était de trouver Elizabeth, elle demanderait plus tard aux filles ce qu’elles avaient en tête tout du long.

    Claire ne dit rien mais son expression disait qu’elle avait prévu une telle réponse. Elle se tourna à nouveau vers la dame, comme si sa demande de confirmation n’était qu'une question de formalité.

    « Et pour ce qui est de tracer à partir du sang ? On recherche un ancêtre de mon amie ci-présente. »

    Cette question retint quelque chose dans les souvenirs de Chloe. Claire n’avait-elle pas déjà fait une suggestion sur la magie de sang une fois ? Faut croire que les chinois devaient y connaître un rayon dessus.

    Son attention revint quand la dame émit un son d’hésitation. Elle était plongée dans ses réflexions quand les filles revinrent vers elles pour leur montrer leur découverte.

    « Regardez-moi ça ! C’est un miroir dimensionnel, apparemment on peut contacter avec un double d’un autre univers ou je ne sais quel autre terme ! »

    Clara échangea un regard entendu avec Chloe, désignant un certain double d’une certaine personne à leur côté.

    « Intéressant, tu penses contacter ton doubles plus calme ? » Intervint Claire un peu cassante.

    « T’es encore plus rabat-joie qu’Harley quand tu t’y mets et pourtant que notre lionne était toute excitée à cette perspective aussi ! »

    « On était en plein milieu d’une conversation sérieuse, ton entrée a cassé l’ambiance. »

    « Mais non, je réfléchissais juste si nous pratiquons bien une telle magie », rassura la dame Inca.

    « Ah oui ? Et il s’agit de quoi ? » Demanda Harley, curieuse mais surtout voulant évitant d’autre argument entre ses deux amies.

    « Le traçage sanguin, et nous en pratiquons bien. Suivez-moi, mesdemoiselles. »

    Chloe se sentait vertigineuse, c’était un grand progrès, ça ! Et la dame était généreuse de les aider !

     

    « Je vous remercie de votre patience, comme c’est une forme de magie que nous utilisons rarement, il m’a fallu du temps pour préparer tout ça. »

    « Je vous en prie, c’est à nous de vous remercier de votre aide. »

    « Bon, cessons les bla-bla qui ne font que traîner en longueur, expliquez-nous donc comment nous utilisons ce… traçage sanguin depuis ce chaudron rempli d’eau. »

    Ses amies ne dirent rien pour excuser l’empressement de Clara, étant aussi pressées, mais elles se mordirent la bouche pour ne pas rire de nervosité.

    « Comme vous pouvez le voir, le chaudron est rempli d’un liquide translucide qui rassemble en réalité plusieurs mélange magique, c‘est la multitude de couche qui va vous permettre de trouver ceux qui vous sont reliés par le sang. »

    Mais l’explication manquait le point qu’elles voulaient.

    « Ceux ? Aux pluriels ? »

    « Eh bien oui, vous êtes beaucoup dans une famille, même quand vous êtes enfants uniques. Vos parents, au nombre de deux, ne le sont pas. Et même vos parents ont deux parents… »

    Elle ne continua pas l’énumération de la lignée du sang, les filles en avaient parfaitement conscience, mais surtout, elles voyaient où elle voulait en venir. Retrouver la personne en particulier allait être long quand il y avait beaucoup de membre dans la famille.

    (Au moins aucune d’elle n’était comparable aux Weasley…)

    Si près mais si loin du but.

    « OK pour le chaudron et mélange, mais comment nous, on procède ? »

    « Vous laissez tomber une goutte de votre sang dans la mixture qui se chargera de trier vos données, puis une fois avoir réuni tous les membres possédant votre sang, la surface se désintégrera en plusieurs images qui montreront les visions de ces dits personnes. »

    Le temps qu’elles traitent l’information, le liquide avala goulûment la goutte de sang de Chloe et faisait sa magie.

    « Seulement la vision ? »

    « Oui, seulement la vision. »

    « Parmi un amas d’autre qui appartienne du même sang ? »

    « C’est cela. C’est pour cela que je vous ai dit que cette méthode est désuète. Quand une personne perd de vue un membre de sa famille, en général il suppose qu’elle est décédée et passe à la suite. »

    « Oui, mais il faut quand même lui donner un rite funéraire à ce membre perdu. »

    « Chut, ne parles pas de ce qui ne nous concerne pas. »

    Parce que Chloe n’avait non plus songé à cette hypothèse.

    La surface du liquide fut couverte de plusieurs petites parts mouvantes. En regardant précisément, il s’agissait d’image en mouvement.

    « Ce n’est pas possible de voir en plus grande taille ? »

    « Si bien sûr, vous touchez avec votre doigt que vous avez piqué. »

    « Le liquide ne va pas encre aspirer de mon sang, n’est-ce pas ? »

    « Je ne peux rien vous garantir. »

    « Merci de votre honnêteté. »

    Le liquide ne fut pas gourmand et se chargea de montrer les visions que Chloe désignait un à un.

    « Un Tesco ? Je suis pratiquement sûre que c’est Londres. »

    « Mais c’est David, non ? »

    Harley ne rata pas le sourire de connivence de Clara mais Chloe ne s’arrêta pas dessus en passant sur les autres visions.

    Une des landes anglaise qu’elle soupçonnait être son grand-père paternel, ce qui la poussa à chercher sa grand-mère encore plus. Une autre sur le ministère qu’elle suppose être sa mère, une autre d’une pierre avec pleine mousse qu’elle hésita à passer à la suite.

    « Au moins tu n’as pas des cousins dans la mêlée », marmonna Claire.

    Clara eut un sourire ironique en songeant à sa propre famille avant de noter le regard concentré de Chloe sur la vision de pierre.

    « Elle est très vague cette vision-ci. Pourquoi elle reste aussi longtemps devant une pierre couverte de mousse ? »

    C’était une remarque personnelle, vu que personne ne saurait la répondre.

    « J’ai une question : est-ce qu’il y a un temps imparti ? La vision peut s’effacer au bout d’un moment ? »

    « Non, elle reste éternellement et peut même vous hypnotiser. C’est aussi une des raisons que nous ne pratiquons plus cette magie. »

    Elle doit être comparable au miroir de Risèd, sauf que ceux-là sont des visions réelles et en temps actuelles.

    Chloe passa finalement à la suite, c’était son père qui était en train de chercher un sujet pour son prochain article. La suivante l’intrigua. Elle était en mouvement constant comme celui de Tesco et du ministère mais le paysage ne lui disait rien. C’était une ville, plutôt animée et peut-être aussi mal famée au vu de la ruelle pleine de déchet, mais rien n’indiquait son emplacement. Jusqu’à ce que…

    « Ohmg ! Est-ce que vous venez de lire la même chose que moi ? » S’exclama Clara.

    Les filles étaient beaucoup trop ébahies pour lui répondre. Parce qu’elles venaient bien de lire le même panneau de rue : 5th avenue.

    « C’est Manhattan ! J’arrive pas à croire que t’as de la famille à New York où on y était ! »

    Oui, bah, Chloe n’y arrivait pas y croire non plus.

    « Est-ce que tu as de la famille à New York ? »

    Elle ne put que secouer négativement la tête alors qu’elle faisait mentalement la liste des membres de sa famille. Vu qu’elle avait déjà balayé la vision de ses parents et celle de son grand-père paternel, il ne restait que ses grands-parents maternels. Or, c’étaient des sang-purs (et toujours bien vivants) qui vivaient quelque part en Cornouailles, une lande aussi sauvage que là où se trouvait papy Rivers. Sauf s’ils étaient en vacances à New York.

    « Tu crois que tes vieux sang-purs sortiraient du pays juste parce qu’ils ont pris de l’âge ? Je ne veux pas être désobligeante mais ton pépé et mémé côté maternel ne m’ont pas l’air d’être des gens qui s’assagissent avec l’âge. Ils sont plus guindés que ta mère, trait qu’elle a hérité, bien sûr. »

    « Merci Clara, mais on n’avait vraiment pas besoin de cette image mentale. »

    « Donc… »

    « On retourne à New York », conclut Clara.

    C’était la seule solution.

    « Attendez, pas si vite, elle se trouve peut-être actuellement à New York mais on ne sait toujours pas sous quelle identité. Est-ce qu’elle y vit en permanence ou elle fait un voyage d’affaire… »

    « Parce qu’elle est archéologue ? »

    « C’est pas le moment, Claire. »

    « Si c’est un voyage d’affaire, est-elle accompagnée ? Et comment ces gens l’appellent-elle ? »

    « Tu reviens au même point, là. OK, on ne connait pas sous quel nom elle se balade, ça se trouve, elle a même changé de sexe pour mieux se cacher, mais on sait que la personne se trouve à New York en ce moment même, on ne va pas la rater ! »

    « Sauf que tu ne sais pas si elle s’apprête à prendre l’avion pour retourner au Pérou. Et Pérou, où ? »

    « C’est que des suppositions, et on ira loin avec tout ça, mais un membre familial de Chloe se trouve à New York, là tout de suite, et c’est la seule piste qu’on a. »

    « Et tu proposes quoi ? Qu’on vole jusqu’à New York ? Le temps d’y être… »

    La personne n’y sera plus. En plus, elles ne devaient pas oublier qu’elles ne savaient pas si elle y séjournait chez des connaissances ou dans un hôtel.

    « Pourquoi est-ce que le chaudron n’indique pas les lieux ? »

    « Mais vous reconnaissez les lieux. »

    « Parce qu’il y avait le panneau 5th avenue ! Mais on n’a pas la plaque exacte et en plus, la cible est en mouvement. »

    « C’est pas le meilleur terme que t’aies pu employer. »

    « Faut dire ce qui est, hein, on est en train de traqué une cible. Sauf qu’on faisait comment à l’époque ? On connaissait tous les rues du monde entier ? »

    « À l’époque, comme vous le dites, les gens restaient dans le même pays, ayant des craintes de l’inconnu. »

    Bon point.

    Toujours était-il que les filles n’étaient pas plus avancées.

    « On ne peut que la suivre jusqu’à ce qu’elle nous amène à une adresse complète. »

    Et ce fut ce qu’elles firent.

     

    Plus tard, bien plus tard (vu que New York n’avait qu’une heure de plus que Cuzco), et après avoir découvert que ce chaudron rempli de liquide transparent ne comportait pas de son en plus d’avoir plusieurs images désynchronisées, les filles purent avoir une idée générale du membre familial de Chloe qui se trouvait à New York.

    « Donc, elle séjourne en ce moment dans un hôtel trois étoiles, chambre 209, possède une carte magnétique et se balade avec un journal de bord où c’est noté les faits du jour et une liste de chose à faire. »

    « C’est un peu trop détaillé, là. Mais en gros, c’est ça. »

    « Bon, on se met en route quand ? Parce que les dates sont peut-être prévues pour deux jours encore mais le temps qu’on se mette en route et le temps de trajet, une journée se serait écoulée. »

    « Si on décide d’y aller le lendemain… »

    Les filles eurent juste à s’échanger un regard avant d’être d’accord, elles allaient voler toute la nuit jusqu’à New York, que cela plaise à Claire ou non.

    « On fera des pauses. »

    « C’est pour vous, hein, vous allez vous fatiguer à voler toute la nuit. »

    « Vois le bon côté des choses, personne ne nous remarquera à cette heure tardive. »

    « On n’est certainement pas les seules à faire une nuit blanche, mais eux se feront passer pour des délurés s’ils nous voient. »

    « Et s’ils nous prenaient en photo ? »

    « On les obliviate, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? »

    « Parce qu’on doit aussi vérifier qui nous surveille ? »

    « Claire peut le faire, elle ne vole pas, elle. »

    « Je serai assez concentrée à me cramponner de crainte de tomber de sommeil alors faut oublier cette idée. »

    « Fais un effort… »

    Bref, elles se sont mises en vol, de formation de préférence, et volèrent toute la nuit avec de courte pause où elles mangèrent les mets réapprovisionnés de Machu Picchu.

    Comme lors de leur arrivée à Lima, elles étaient crevées et échevelées mais au moins les gens ne faisaient que se réveiller. Si les vols moldu prenaient dix heures (avec escale), les filles prirent six heures en tant que pilotes douées (même avec une passagère récalcitrante) et furent sur place à 3 heures du matin (allez savoir ce que les gens faisaient debout à cette heure-ci).

    « On cherche l’hôtel où elle séjourne ? »

    « Ce serait le mieux pour la surveiller. »

    « Il est encore ouvert, l’hôtel ? »

    Inutile de dire que la conversation était ponctuée de bâillement avec les filles ayant les yeux à demi fermé.

    « On va dans un motel, alors. »

    « C’est quoi ça, encore ? »

    Hôtel à prix bas que tu peux louer à n’importe quelle heure. Ça tombait à pic, non ? New York avait vraiment tout.

    Bien qu’elles aient voulu agir à la première heure, elles dormirent jusqu’à assez tard et ratèrent la personne.

    Elles ne sont pas allées demander directement à l’accueil pour voir une personne dont elles ne connaissaient pas l’identité comme des moldu (pardon, no-maj) exemplaire, mais elles se faufilèrent sous deux capes d’invisibilité médiocre (mais très efficace aux yeux des no-maj) et se rendirent jusqu’à la chambre 209 pour forcer la serrure avec alohomoha, qui était vide. En même temps à 10h41, la personne doit surement prendre un brunch avec un rendez-vous si ce qu’elles ont lu la veille était correct.

    Le hic, c’était qu’aucune de leur mémoire ne parvenait à se rappeler du nom du resto-café que la personne devait se rendre…

    Si près mais si loin.

    « On va aussi prendre un brunch ? Ou vous préférez qu’on campe devant la porte de la chambre, le temps qu’elle revienne et qu’on prend à emporter ? »

    « Laisse tomber, à la moindre inattention, on se ferait prendre. Et bonne chance pour expliquer d’où l’on apparaît. »

    « Comme par magie, tiens. »

    « Hilarant. »

    Elles ôtèrent leur cape une fois dans une ruelle à côté de l’hôtel et s’installèrent à la terrasse du premier café en vue. Au moment de payer, Clara les lâcha brusquement et disparut de leur vue.

    « …Si je ne la connaissais pas, j’aurai dit qu’elle a pris la fuite avant de payer. »

    Les filles décidèrent de faire comme si de rien n’était devant la caissière et payer la part de la blonde (dont l’argent a été, de toute façon, fourni par l’alchimie d’Alice, on le rappelle) avant d’essayer de la rattraper.

    Elles la retrouvèrent juste sur la terrasse du restaurent en face, en train de parler avec une femme brune aux cheveux coupés en carré. Ne comprenant absolument pas ce qui était en train de se passer, elles hésitèrent à les approcher et restèrent juste devant le chevalet de trottoir, faisant genre de lire.

    « Mais qu’est-ce que tu fais à New York ? Lucia ne m’a rien dit à ce sujet », demanda la femme dans un accent américain mais aussi un petit soupçon d’une autre langue.

    « Oh, ça, c’est parce que…eh bien, elle n’est pas au courant, tout simplement. »

    Un silence et les filles s’échangèrent silencieusement sous ce dialogue plus qu’incongrue. Qui était Lucia et pourquoi Clara racontait tout ça à cette inconnue ?

    « Et tu es venue toute seule ? Et comment ? »

    « En avion ! Et je suis accompagnée de mes amies, qui ne sont absolument pas discrètes. Vous pouvez approcher, les filles. »

    Prises sur le fait, les filles se montrèrent devant la femme. Elle avait des yeux noisette et était habillée avec classe, un tailleur noir et une blouse gris qui faisaient très professionnels. Seule la chaînette en argent autour du cou cassait un peu l’image d’une fonctionnaire lambda.

    « Les filles, je vous présente ma tante du côté maternelle, Stella Moreno. Tantine, voici de la droite à la gauche : Chloe, Claire et Harley, mes amies qui m’ont accompagné jusqu’ici. »

    « Oh, bonjour et vous êtes tous du… de la même école ? »

    « Ouais, c’est ça ! »

    « Je vois, et c’est une école pour fille ? »

    « Oh non ! » S’esclaffa la blonde. « Ce sont juste mes meilleures amies. T’imagine la tête de maman si je lui disais que je voyageais avec des gars ? »

    « J’imagine surtout sa tête de savoir que tu t’es retrouvée seule à New York sans lui avoir informé. Sans adulte, j’entends, sans offense, les filles. »

    Les filles haussèrent les épaules pour montrer qu’elles ne l’étaient pas. Puis, connaissant le personnage de Clara, oui, il y avait de quoi s’inquiéter.

    « Je lui ai juste dit qu’on allait faire du camping avec mes amies. C’est elle qui a accepté sans poser de question. »

    « Qu’est-ce que tu lui as raconté pour qu’elle n’insiste pas plus ? »

    « Disons que je l’ai aussi embrouillé de pas mal d’autre info inutile. »

    Stella eut un sourire connaisseur et n’insista pas sur le sujet.

    Les filles discutèrent un peu avec la femme et apprirent qu’elle vivait seule dans le Queens et travaillait en tant que trader, expliquant sa manière de s’habiller et du fait qu’elle mangeait seule dans un restaurant new yorkais. Elle était en pause midi.

    Une fois sa pause terminée, Clara la salua et elles échangèrent leurs coordonnées. Ce ne fut qu’une fois hors de vue qu’elle leur expliqua que c’était le seul membre de la famille qu’elle n’avait pas beaucoup de contact, vivant dans un continent différent. En 16 ans de vie, elle a dû la voir que deux fois et la dernière remontait à quatre ans, les souvenirs se faisaient anciens et profitant du voyage où elles devaient passer par les Etats-Unis, elle avait en projet secondaire de retrouver sa tante pour échanger plus souvent avec elle.

    Chloe fut contente pour elle, parce qu’elle comprenait maintenant son comportement. Et puis, c’était une bonne nouvelle qu’une d’elles avait obtenu ce qu’elle voulait durant ce voyage.

    Parce que contrairement à Clara et elle, le membre familial que Claire recherchait ne se trouvait pas en Amérique. Ni dans les Etats-Unis, ni dans le continent. Ayant aussi eu accès à la magie de traçage sanguin, elle put déterminer (entre ses cousins et oncle et tante et membre dans le coma) que son grand-oncle qui avait été déshérité des Lyu vivait aux Philippines. Clairement à l’autre bout du monde.

    Quant à Chloe, il leur restait encore un peu de temps avant de savoir si elle avait réussi cette mission ou non.

    Pour le reste de la journée, les filles traînèrent un peu partout mais toujours très près de l’hôtel, au cas où la personne y retournerait. Sauf que la retrouver parmi tous les passants qui y circulaient, ce n’était pas une mince affaire.

    Aussi, elles furent abordées.

    Enfin, plutôt Clara et Chloé qui attiraient plus le regard des mâles que Claire et Harley le pouvaient à elles deux. Surement parce que les airbags des demoiselles étaient plus imposantes. Ou peut-être parce que les cheveux courts n’étaient pas les coupes préférés des mâles américains.

    Simple supposition.

    Evidemment, ayant fort caractère, les deux joueuses de Quidditch (ah, ou c’était peut-être l’air sportive qu’elles dégageaient ?) rembarrèrent leurs soi-disant prétendants. Sauf qu’un non poli ne suffisait pas, il fallait être plus revêche. Or, même après plusieurs rejets, il en revenait des nouveaux et Harley dût intervenir avant que les choses dégénéraient.

    Du coup, ce furent trois filles sur les nerfs qui entrèrent dans l’hôtel non pas couvertes de cape d’invisibilité mais dans toute leur splendeur juste histoire de faire comprendre aux harceleurs qu’elles avaient à faire, contrairement à eux.

    Et à Claire de se moquer sous cape. C’était bien parfois d’être petite et discrète.

    La mauvaise humeur de Chloe disparut néanmoins peu à peu lorsqu’elle vit une silhouette qui attira tous ses sens. Elle abandonna ses amies qui devaient trouver un moyen de payer les chambres qu’elles allaient réserver pour une nuit juste histoire de paraître sérieuse dans leur image et ne pas être prises pour des gamines (bien que ça va être difficile pour une).

    Elle suivit la personne qui prit l’ascenseur et attendit de voir appuyer son étage pour avoir confirmation. Ce ne fut qu’une fois arrivée devant la porte 209 qu’elle ne pouvait qu’en venir à la conclusion.

    Elle l’avait enfin trouvé.