• 3.

    Ran retourna à Tokyo avec sa mère l'esprit embrumé au troisième jour de leur petite virée à Kyoto.
    Elle ne parvenait pas à croire qu'elle était actuellement une Sakura et non une Tsukihana, encore pire, Haru n'était non plus un Tsukimori.
    Le changement était trop rapide pour elle, surtout qu'elle n'avait pas eu de nouvelle de lui.
    Enfin, cela s'expliquait par le fait qu'il n'avait aucun moyen de la contacter.
    C'était pourquoi sa mère lui offrit un portable et l'aidait à comprendre le mécanisme. Mais comme Kanako même ne possédait qu'un portable à clapet, aucune d'elle ne parvenait à comprendre le fonctionnement d'un appareil électronique dernier cri de chez la Pomme qui s'usait avec un simple effleurement de doigt. Pas qu'elles étaient des brutes, mais elles étaient certainement pas habituées à être délicates et gracieuses avec des machines.
    Haru aurait pu lui apprendre même s'il n'avait lui-même qu'un portable glissante de la Mûre parce que Haru savait tout et lui avait toujours tout appris. Mais Haru n'était pas là et Ran avait besoin d'apprendre tout ça pour le contacter. 
    Toute cette sensiblerie n'allait pas avec Ran qui voulait juste avoir un semblant de familiarité mais ne se confrontait qu'à l'inconnu et la nouveauté. 
    Au bout des deux heures et demi de train, elles n'avaient fait aucun progrès sur comment ajouter de nouveaux contacts ni n'étaient sûres quel était son numéro personnel à elle. Pourtant, elles eurent leur aide dès le moment elles quittèrent le train.
    Il s'avérait que leur arrivée correspondait au même moment où Tsukihana Renji finissait la journée. Vu qu'ils étaient sur le même chemin, autant qu'ils rentrent ensemble. 
    Ran put même profiter que Josh fut le conducteur pour demander à son père les fonctionnements de son smartphone et ainsi commencer une vraie conversation avec. Elle découvrit où se trouvait la liste de contact, ajoutant les coordonnées de ses parents en premier et suivit rapidement celle de Haru, l'application Line que tous bons japonais utilisaient de nos jours ainsi que la page de paramétrage pour se connecter au wifi, car cela sauverait pas mal sur le coût de forfait.
    Si la conversation tourna seulement autour de l'électronique, Ran sentit tout de même une tension non négligeable entre ses deux parents, et compris que leur statut de couple était bien fini. Malgré cela, Ran voulait croire qu'une relation cordiale pouvait subsister, si elle s'y impliquait.
    Ça se trouve, elle pourrait même les remettre ensemble.
    La première chose à faire était de demander l'avis des autres résidents du domaine Tsukihana. Car même si l'anciennement couple étaient les maîtres, les autres avaient droit à leur avis comme tout droit dans une communauté.
    Madame Aiko dit qu'elle n'avait pas d'avis tranché dessus et qu'elle se sentait déjà bien redevable au couple de l'avoir accepté sous leur toit alors que monsieur Tachibana demandait juste à ce que les heures de repas ne soient pas obstrués d'atmosphère électrique lorsque les maîtres étaient tous présents. Monsieur Tsuchiura ne voyait pas de soucis à la situation actuelle comme il voyait la maîtresse plus que le maître et cette dernière vivait très bien avec seulement son travail et l'éducation de son fils, mesdames Noda et Ryuzaki étant elles-mêmes des femmes pensaient qu'ils était bon pour sa mère à ce qu'elle ne se noie pas dans le travail pour fuir les problèmes. Ce que Ran était tout à fait d'accord et songeait que la boutique était à peine une expiation envers ses parents.
    Josh avait refusé de donner son avis, disant seulement que chacun faisait de son mieux pour être un parent correct.
    Rei avait simplement souri à sa proposition et l'encouragea à faire de son mieux.
    Ayant à présent l'autorisation de tout le monde, Ran commença la mission sitôt après le dîner, une fois que le patriarche s'enferma dans son bureau comme il ne savait faire que ça quand il se trouvait dans le domaine. Elle inspira un coup pour se donner du courage et frappa poliment trois fois contre la porte.
    Une fois la permission requise, elle entra dans la pièce au ton froid et impersonnel.
    Elle se demanda si son père n'avait seulement qu'une part de caractéristique qui pourrait le différencier de ces hommes d'affaire. 
    Pourquoi travaillait-il autant, même ? 
    Pour la gloire ? Il n'avait pas l'air de profiter de sa fortune. Pour la reconnaissance ? Elle supposa que ce devait être le cas, les gens avaient l'air de bien connaître le nom Tsukihana. Mais tout ça au dépend de sa propre famille ?
    Enfin, elle allait le découvrir.
    - Que puis-je pour toi ?
    - Est-ce que vous auriez du temps à m'accorder ? Du genre, plus de dix minutes ? Une après-midi, par exemple ? J'aimerai vous connaître.
    Si elle avait fait du progrès avec sa mère, ce n'était définitivement pas le cas avec son père.
    Quand elle rencontra le silence, son esprit commença à songer à tous les raisons qu'il allait utiliser pour refuser. L'une d'elle étant le travail, bien entendu, l'autre étant qu'il ne l'aimait pas, comme son comportement le montrait.
    - En fin d'après-midi, ça ira ? Je serai disponible la semaine prochaine vers 15h.
    - C'est parfait ! Merci de votre temps, je vous laisse ! Bonne soirée ! Bonne nuit !
    Et elle ferma la porte derrière sans écouter la réponse. Des fois qu'il changeait d'avis.
    Avant d'aller dans sa chambre, elle eut juste le temps de croiser sa mère et lui dire qu'il n'y avait plus besoin de lui tenir compagnie pour les jours suivantes, qu'elle s'était déjà bien habituée à sa nouvelle vie grâce à ces derniers jours et qu'elle avait aussi son travail à retourner après avoir négliger pendant une semaine. Mais si elle était inquiète, elle pouvait passer la journée ensemble dans exactement une semaine.
    Elle se jouait cupidon.
    Parce qu'elle voyait que son père tenait à sa mère et que lui voulait qu'elle s'appelle Tsukihana et qu'elle s'occupe de lui comme elle s'occupait de leur enfant. Ou même qu'elle lui parle cordialement et non pas professionnellement.
    Bon, c'est faux. Elle ne voyait absolument pas ça, c'était juste les avis des autres. madame Aiko trouvait juste embrouillant de devoir appeler maître Tsukihana et maîtresse Sakura pour s'adresser à eux alors que ce n'était pas le cas il y a quelque année. Monsieur Tachibana participait la plupart du temps à leur échange et souhaitait vraiment que cela ne devienne pas aussi difficile pour lui. Par contre, elle était pratiquement sûre que son père tenait à sa mère. Il était venu la chercher au retour de Kyoto. Et c'était Josh qui l'avait dit, son père était toujours celui qui conduisait et s'il avait laissé le volant, c'était pour pouvoir regarder et parler à sa mère et se faire questionner par elle aussi.
    Elle raconta tout ça à Haru pour avoir son avis. 
    - Je veux bien comprendre que maintenant que tu as retrouvé ta famille, tu voudrais qu'elle soit au moins unis. Mais si leur relation s'est dégradée au point de divorce, tu dois aussi réaliser qu'ils n'étaient peut-être juste pas faits pour être ensemble. Surtout qu'ils font quand même l'effort de vivre sous le même toit pour ton frère. 
    Elle y avait pensé, bien sûr. Et elle ne disait pas qu'elle allait les pousser ensemble rien que cette après-midi qui allait arriver mais elle pourrait au moins comprendre et entendre les raisons de chacun. 
    - Je sais. 
    - Tant mieux si tu sais ce que tu fais. 
    - Et toi ? 
    - Eh bien, moi ? 
    - Tu sais ce que tu fais ? Tu ne m'as rien dit sur ta nouvelle situation. 
    - Comment est-ce que tu voulais que je te l'informe ? Tu étais celle qui avait mes coordonnés. 
    Certes. Rei avait dû oublier de lui fournir le portable comme promis. 
    - Tout va bien, alors ? Tu t'adaptes dans ton nouvel environnement ? 
    - Certainement mieux que toi. 
    - Eh ! À part pour la mission, je m'intègre bien ! 
    - Sauf que cette mission est un point majeur dans ta nouvelle vie. 
    En effet, et elle allait voir.
     
    Sa mère prit l'après-midi de libre pour la passer avec elle. Elle ne savait juste pas qu'elles auraient de la compagnie plus tard.
    Ran décida de préparer des douceurs avec sa mère avant l'heure de rendez-vous, pas trop sucrés car son père n'était pas gourmand et qu'elle ne consommait pas de sucre, et du thé pour balancer leur palais. Sa mère et elle discutaient dans une ambiance toute guillerette de l'ancienne vie de Ran quand son père arriva dans le jardin, coupant court à la discussion.
    Voyant ça, madame Aiko s'empressa de quitter les lieux après avoir guidé le maître qui avait promis cette arrangement avec sa fille.
    Ran ne lui laissa pas le temps de désister à la dernière minute et l'invita à s'installer dans l'une des deux sièges restantes. Elle avait bien proposé à Rei mais celui-ci avait décliné en prétextant avoir des devoirs à faire. Des devoirs qui duraient deux semaines, quand même.
    - Eh bien, otousan, okaasan, je suis bien contente d'avoir un peu de temps juste entre nous. J'ai bien conscience que vous êtes tous occupés, mais j'apprécie beaucoup les moments familiales. Ça permet une pause, le temps de retrouvailles et on pourrait discuter de tout et de rien car cela resterait entre nous ! 
    Elle examina chacun de leur expression après son discours pour ne voir que des expressions de considération et de sourire de ménagement.
    - J'apprécie cette initiative, son père répondit calmement.
    - Tu n'avais pas à faire cela, Ran. Je doute que ton père ait beaucoup de temps libre.
    - Oh, je m'en doute. C'est pourquoi j'ai demandé en avance quand est-ce qu'il serait disponible. Nous avons préparé ici quelque collation pour l'occasion, on espère que c'est à votre goût.
    Son père se servit silencieusement.
    - Je ne vais pas passer par quatre chemins, et je vous avoue que j'ai pas mal de question. Premièrement : qui voulait me retrouver ?
    - Ran, pourquoi une telle question ? Bien sûr qu'on voulait tous-
    - Ta mère. Nous avons pratiquement tous perdus espoir de te retrouver vivante. 
    Elle s'en était doutée. 
    - Pourquoi avez-vous divorcé ?
    - Nous avions de différentes visions...
    - Il y a eu pas mal de soucis suite à ta disparition, ta mère et moi étions en désaccord sur pas mal de chose, notamment concernant l'éducation de ton frère. Quand vous avez eu 9 ans, le divorce a été officialisé.
    - Quels étaient les différences d'éducation ?
    - Eh bien, tu vas les découvrir. Nous t'avons inscrit dans le même lycée que Rei, tu feras ta rentrée dans moins de deux semaines.
    - Je vais quand même à l'école ?
    - Tu pensais faire l'enseignement à domicile ?
    Honnêtement ? Oui. Elle comptait même utiliser l'excuse du dépaysement et du temps d'adaptation pour sécher le second trimestre au moins et ne reprendre l'école qu'au troisième trimestre qui était la plus courte.
    - Ne t'inquiète pas, cette école a un règlement de transfert assez souple. Tu auras un accueil et une assistance comme il le faut.
    Bien que ce fut sa mère qui lui donnait le discours de rassurement, le ton n'y était pas et elle se demanda si ce n'était pas l'idée de son père, cette école.
    - Tu pourras passer ton temps à étudier comme ton frère au lieu de manigancer ce genre de complot.
    Pas découragée pour un sou, Ran continua de poser des questions. À savoir leur âge, d'où est-ce qu'ils venaient et comment ils s'étaient connus. Et quel était le travail de son père, car il aurait été plus convaincant pour sa progéniture de le connaître.
    Ils ne restèrent pas longtemps et l'ambiance n'offrait pas vraiment de prolonger le moment, aussi, Ran n'empêcha aucun de se parents de se retirer pour écourter la punition à une heure à peine. Même si ses parents n'avaient plus grand chose à faire, elle devait préparer pour sa rentrée. Apparemment, concernant son éducation, ils étaient d'accord.

     

    4.

    - Haru, je ne sais pas si je peux le faire.
    - Ce n'est qu'une nouvelle école.
    - C'est une académie ! Même leur uniforme est bizarre ! On dirait ces vêtements traditionnels chinoise avec un col chinois mais en version robe ample ! Et apparemment, c'est différent pour chaque niveau.
    - C'est pour différencier les classes.
    - Mais pourquoi la première année est une robe chinoise ?
    - Ça, tu ne penses pas que tu devrais demander à ton frère qui s'y trouve ? Ou encore à la principale que tu vas voir demain à la première heure ?
    - Tu veux que je leur demande ?
    - C'est toi qui te posais la question, non ?
    - Oui, mais, et si elle n'était pas commode ? Apparemment, Sakura Gakuen a une très grosse réputation.
    - C'est un établissement privée pour les gens qui ont les moyens d'envoyer leur progéniture, leur renommée n'est en effet plus à refaire.
    - Et tu veux que je lui demande pourquoi ses uniformes sont ainsi ?
    - Tu veux le savoir, oui ou non ?
    - Bien sûr que je veux le savoir !
    Encore plus maintenant qu'elle a vu son frère être affublé de pareille couture, sauf le bas qui était un pantalon Gurkha, un style dont elle le voyait souvent avec et qui le seyait parfaitement. Elle aurait pu questionner Rei, certainement, surtout qu'il était disposé à discuter contrairement à la dernière fois qu'ils étaient ensemble dans une voiture, conduite par Josh, tiens, mais ils parlèrent d'autre chose à la place. Comme le nombre de matière et le moyen de noter le cours.
    - On est équipé d'une tablette numérique ?
    C'était pourquoi leur maigre bagage qui ne consistait qu'un cartable juste assez grand pour déposer ladite tablette. 
    - Tout à fait. Pour suivre un plan écologique, les fournitures scolaires se résument simplement à la tablette et l'uniforme. Tous les cours sont projetés sur le tableau avec d'occasionnel remarque des professeurs, mais tes notes ainsi que des documents supplémentaires seront directement dans la tablette que l'académie te distribuera. Tu verras tout ça plus en détail avec la proviseure Yamasaki.
    - Elle est aussi principale du côté collège, c'est ça ?
    - Exactement, bien qu'elle s'occupera plus de la partie lycée. Le principal adjoint Honjo sera plus à même de répondre sur les questions côté collège.
    Dont le système fonctionnait différemment du lycée, devant encore noter les cours sur un cahier suivant les notes du tableaux en craie ou feutre même leur uniforme était plus régulier ayant juste le nœud qui changeait. Ran ignorait cependant si le nœud de papillon représentait l'année supérieure ou inférieure à la cravate.
    - Nous sommes arrivés, monsieur, mademoiselle, annonça Josh.
    Comme dans les drama qu'elle a vu avec les jumelles, devant leur voiture occidentale se profilaient une suite de véhicule aussi noir et luxueux qui se garait le temps de laisser leur propriétaire descendre. Arrivé à leur tour, Josh dut relever le frein à main et leur ouvrir la porte aussi.
    - Je vous souhaite bonne journée, monsieur, mademoiselle.
    Ran n'eut pas le temps de lui répondre qu'il avait déjà disparu dans la voiture pour laisser place à la suivante. Rei était déjà en chemin pour la prestigieuse établissement à l'architecture ressemblant à un édifice touristique plutôt qu'un bâtiment d'apprentissage. Il n'y avait pas de fioriture en or ou de sculpture romaine mais la grandeur statuesque en valait autant. Par contre, il y avait des étendards avec le sigle de fleur de cerisier. Cela rappelait la police japonaise, et Ran eut la ridicule pensée qu'on y formait de futurs officiers ici aussi. 
    Et il devait bien avoir une dizaine d'étage. 
    Ran n'était pas effrayée d'user de ses jambes, mais le fait était de devoir grimper des centaines de marches pour aller en des cours thématiques. Et Ran n'était pas quelqu'un d'académique, ses résultats du premier trimestre et les regards de ses parents étaient assez éloquent.
    Autant pour elle, il n'y avait que quatre étages, les salle de cours étaient juste de la taille équivalente aux amphithéâtres.
    Au lieu de suivre la masse d'uniforme de robe chinoise ou celle au col fantaisiste, Rei la mena dans un bout de couloir, fit grimper plusieurs séries de marche avant de se poster devant une porte au bois massif qui ne pouvait qu'être que le bureau de la directrice.
    Évidement, c'était au dernier étage mais l'endroit même était vide de salle si ce n'était le bureau d'un côté et la salle du conseil des élèves en face. C'était tellement dégagé que même les murs étaient faites de verres et qu'on avait l'impression d'être à découvert. Pendant un court moment, elle avait l'impression d'être sur une piste de danse et craignit ce que les cours de physique réservaient.
    Elle emboita le pas de son frère quand celui-ci entra dans la pièce après avoir eu l'autorisation et ils furent accueilli par deux figures aux traits relativement semblables qui expliqueraient leur lien familial.
    La femme derrière le bureau leur sourit aimablement mais elle dégageait clairement une aura d'autorité et voulait montrer qui était la cheffe ici. L'autre, un jeune homme de leur âge, était installé sur la chaise d'en face avec nonchalance et avait l'air de seulement attendre les ordres.
    - Bien le bonjour, jeunes gens. Tsukihana-kun, je te remercie d'avoir fait ta part de travail. Je ne vais pas te retenir plus longtemps.
    Aussi vite renvoyé, elle se tourna vers Ran pour continuer son discours diplomate qui n'acceptait pas de compromis.
    - Tsukihana-san, bienvenue à Sakura Gakuen. Comme tu as dû le comprendre, le système éducatif ici est très rigoureux et le personnel éducatif y met de tout cœur pour votre réussite à vous, élèves. Nous ne sommes cependant pas des monstres à pousser ses pupilles à bout et avons à disposition de quoi vous laisser souffler, car il faut profiter de sa jeunesse. Mon fils Kouhei, avec qui tu te retrouves dans la même classe, va répondre à toutes questions si tu en as, ainsi que te faire un court exploration des lieux et te présenter les loisirs de détente mentionnés plus tôt.
    À son nom, Yamasaki Kohei se leva comme signalé et lui tendit son set de tablette avec clavier détachable. 
    - Sur ce, passez une bonne journée, jeunes gens.
    Eux-mêmes renvoyés, Ran suivit alors le fils du proviseur cette fois-ci et ils dévalèrent les escaliers et traversèrent les couloirs à présent vide.
    - Notre classe, première année B, est actuellement en cours de français. On peut se permettre de le rater pour cette fois-ci, mais tu devras demander des informations supplémentaires au professeur Hagiwara en fin de cours. Pour l'instant, je vais te décrire rapidement l'académie.
    Ran poussa discrètement un soupir de soulagement. Elle n'avait pas appris le français dans son ancienne lycée et bien que ses parents ont essayé de la préparer en la faisant échanger avec Josh qui venait de France, deux semaines étaient assez courts.
    Haru n'aurait pas eu de soucis, il était doué en langue étrangère. C'était lui qui lui avait appris l'anglais avant même de commencer la primaire et Ran se débrouillait vraiment bien, n'arrivant seulement pas à enlever son accent. 
    Aussi, elle se concentra sur ce qu'on lui expliquait pendant les 40 minutes qui suivirent, pour ne pas perdre l'heure que son camarade a sacrifié. L'académie était séparée en deux parties, lycée et collège, eux étaient bien évidement dans la première. Le bureau de la directrice se trouvait entre les deux, le bâtiment du lycée était relié à celle du collège via un pont au dernier étage. Le parc du lycée est radicalement différent du collège qui possédait une partie équestre et autre élevage d'animaux, alors que le lycée n'était composé que de serre et de point d'eau que les élèves devaient faire attention à bien conserver. 
    Il n'y avait pas de club extra-scolaire.
    Il y avait cependant des leçons de langue corporel. Par exemple, en japonais, le professeur pouvait faire une journée active avec du shogi ou go ou encore en pratiquant le cérémonie de thé ; en mandarin, qui était une langue obligatoire avec anglais, français et allemand, il y avait de la danse classique pour apprendre les termes chinois ; musique en allemand et peinture en français. L'anglais qui était pratiquement considéré comme une seconde langue officielle en ces lieux permettait une heure de détente tant que personne ne parlait japonais durant.
    Le couloir entre le bureau de la directrice et la salle du conseil des élèves était pour l'observation d'étoile, et non pour danser, les télescopes ayant été rangés dans les malles devant la salle du conseil.
    Les uniformes étaient différentes pour chaque année car cela représentait le pays dans lequel ils allaient partir en voyage scolaire. Chine, Shanghai, en première année, France, Lyon, la suivante et à Guam, en dernière année.
    - Le voyage de première année s'est déroulé la semaine précédant les vacances d'été, tu les as donc raté. Il faut de plus remplir certaines conditions pour y participer.
    - Est-ce qu'il y a des cours d'économie domestiques ?
    - En cours d'anglais.
    L'heure tournant, il ne développa pas plus et la ramena au bâtiment principal.
    - Tu as dû remarquer qu'il n'y a pas d'éclairage public dans l'académie. Du moins, pas d'électrique. On use de torche pour s'éclairer une fois la nuit tombée, composé de déchets organiques des repas préparés par des chefs cuisiniers. Apparemment, cela donne un air médiéval et nous ferait croire qu'on fait partie d'un cortège royal.
    Ran ne voyait pas en quoi c'était connecté. Il était vrai que marcher sur un chemin de pavé et éclairé de torche une fois dans la pénombre donnait l'impression d'être retourné à l'époque médiéval, mais en quoi cela faisait d'eux partie de la noblesse ?
    Quand elle dut ramasser un pan de sa robe pour grimper les escaliers, elle comprit pourquoi. Les robes des filles laissaient penser à des habillements que seules les bonnes familles possédaient. Même les chaussures, qui étaient unisexe, avaient des mini talons qui claquaient à chaque pas. 
    - Combien d'élève sommes-nous ?
    - Près de trois cents chez les lycéens, plus ou moins pareil au collège.
    Si privée que le nombre d'étudiant s'en trouvait limité.
    - Maintenant qu'on est sur le sujet, on sait tous que l'académie est connu pour ressortir des étudiants avec plein de mérites intellectuels, mais sache que c'est avant tout un établissement pour des gens particulièrement aisés. Donc, si la pression est financière, il est possible que des favoritismes aient lieux.
    Assurément.
    C'était le cas de Ran.
    - La classe B regroupe les élèves aux résultats académiques moyennes. La A les meilleurs et la C les moyennes basses. Il est possible de changer de classe entre chaque trimestre que ce soit dû à une requête auprès de la principale ou suite aux résultats affichés après les examens. 
    Merci de l'information. Ran savait déjà quel serait son changement. Qui n'était sûrement pas positive.
    - Bon, nous aurons le cours de maths dans quelque instant, mais tu ferais mieux de saluer le professeur Hagiwara en passant.
    Contrairement aux lycées publics où c'était le professeur qui faisait le déplacement, ici, les deux étaient demandés à le faire, leur permettant de se dégourdir les membres. Les professeurs de langues pouvant enseigner physiquement informait alors leur classe d'un déplacement via les tablettes, et les cours de sciences et sciences sociales demandant des salles de classe spéciales faisaient de même.
     
    Après les présentations officielles où Ran pu compter au moins 40 camarades de classe, le reste de la matinée passa assez vite jusqu'à l'heure du repas de midi.
    Ran se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée de comment cela fonctionnait ici.
    Elle chercha Yamasaki du regard mais ne parvenait à le retrouver dans la masse de brun qui sortait de la salle de classe. Elle songea que laisser ses camarades se diriger vers un but précis n'était que polis en plus d'un moyen pour elle de suivre le troupeau. Une fille semblait pourtant l'attendre dans le couloir.
    - Bonjour, je suis Mashima Miwa, la déléguée de la classe B. Je me suis dite que Yamasaki-kun n'a pas eu le temps de te présenter le réfectoire et que je pouvais t'y emmener.
    Ran lui aurait sauté au cou si elles se connaissaient.
    C'était faux, même si elle la connaissait, elle n'était pas sûre que ses câlins seraient appréciés.
    - Avec grand plaisir. Merci beaucoup, Mashima-san ! 
    - Je t'en pris, Tsukihana-san. 
    - Oh, appelle-moi, Ran. 
    Ce n'était pas qu'elle était facilement familière, le cas avec Rei ne comptait pas, mais elle n'avait pas encore l'habitude de ce nom. Encore qu'il était possible qu'elle était officiellement une Sakura. Elle n'avait pas posé cette question, tiens. 
    - Eh bien, tu peux m'appeler Miwa. 
    - J'avais aussi une amie qui s'appelait Miwa à Kyoto ! Alors je vais t'appeler Miwa-chan. 
    - Cela ne me dérange pas, je t'appellerai Ran-san, dans ce cas. 
    Elles arrivèrent à la salle de réfectoire qui avait le décor d'une salle de bal avec des fioritures et gravures de guirlande et mêmes des colonnades. Il y avait trois rangées de tables avec des sièges de velours pour chaque année et le service se trouvait relié à la cuisine où chaque élève se servait des plats en exposition sur un comptoir, puis chacun les amenant à une des trois tables sur son plateau en argent.
    Miwa et elle se posèrent au bout d'une table car personne issue de bonne famille n'irait s'isoler. Cela aurait été le cas de Ran si elle ne s'était pas fait ignorée par Rei de tous les vacances. Et Miwa était la seule élève boursière de toute la partie lycée. Sauf que, si elle se trouvait dans la classe B en plus d'être la déléguée, ses résultats scolaires devaient valoir sa place. 
    Elles furent presque aussitôt rejointes par deux plateaux déposées par deux filles de leur classe. Ran les avait remarqué car elles avaient les cheveux clairs, soit teintes soit blanchis, et en couette. Elles avaient toutes deux des sourires avenants que Miwa retourna.
    - Matsumoto-san, Sugisaki-san, Miwa les salua. 
    - Hey, Mashima. Enchantée, Tsukihana-san, Sugisaki Kiyo, tu peux m'appeler Kiyo, comme je l'ai proposé à iincho mais elle est trop polie.
    - Ou toi trop familière, continua Matsumoto. Je suis Matsumoto Miyu, tu peux m'appeler comme tu le souhaites, je ne suis pas trop à cheval dessus.
    - Eh bien, je préfère personnellement me faire appeler Ran.
    - Facilement noté, pour moi, répondit rapidement Kiyo, confirmant sa personnalité familière.
    - Eh bien, il ne serait que juste que tu puisses m'appeler par mon prénom aussi, enchaîna Miyu.
    Ran s'en réjouit mentalement. Elle ne voulait pas mettre de la distance avec ces filles super amicales.
    - Tu es donc la sœur de Tsukihana-kun ?
    Ou peut-être jouaient-elles les amicales juste pour en savoir plus sur Rei. Manque de peau, elle en savait sûrement autant qu'elles.
    - Je lui ressemble, n'est-ce pas ? Se contenta Ran de répondre.
    - Oui, c'est tellement flagrant.
    - La jumelle disparue il y a longtemps.
    - Disparue est un grand mot, j'étais juste à Kyoto.
    Il était juste étrange que personne ne l'ait retrouvé même avec les avis de recherches.
    - Comment tu procèdes le changement ? Il paraît que la vie dans le Kansai est différente du Kanto.
    Elle n'avait pas tant vu de différence régionale que de classe sociale, mais elle doutait que c'était la réponse attendue. Surtout que cela pouvait ternir l'image des Tsukihana.
    - J'y vais à mon rythme mais j'ai de la chance d'avoir mon entourage qui me soutient beaucoup.
    Elle avait comme l'impression de faire un discours de remerciement.
    - Dont Rei, qui devait en plus jongler avec ses devoirs. Il est tellement studieux qu'il doit faire partie des meilleurs de la classe A !
    Elle comprit son erreur non seulement dû à sa formulation qui laissait comprendre qu'elle ne connaissait pas tant son jumeau et au regard surpris des filles.
    - Hum, ton frère n'est pas en classe A, Ran-san, commença doucement Miwa.
    - Ah, il ne m'a pas dit. Je veux dire, vu comment il est... appliqué, je pensais qu'il serait au top.
    - Oh, tu n'as pas laissé iincho finir. Il n'est pas en classe A, mais il est définitivement un des meilleurs élèves. Il y a juste une classe au-dessus de la A. La S. Miyu, explique pourquoi c'est si spéciale. 
    Miyu envoya un regard à Kiyo mais obéit à son amie.
    - La classe S n'est techniquement pas une classe, mais une catégorie de quatre à cinq premières années qui garde le titre pendant les trois ans qu'ils sont au lycée. Le S vaut pour Spécial car leur condition l'est. Ils n'ont pas à participer les cours d'aucune classe, leurs droits prévalent tous les autres élèves et ils ont en général le rôle du conseil des élèves avec plus de responsabilités comme gérer l'économie financier et la publicité de l'école.
    Et son frère faisait partie de cette élite ?
    - Tiens, quand on parle du loup, fut Kiyo en les désignant du menton.
    Une rumeur s'éleva dans le fond du réfectoire et tous les regards se tournèrent vers les nouveaux arrivants. Ran qui était de dos à la porte se tourna aussi et reconnu son frère au milieu de trois autres lycéens, tout aussi attrayants les uns que les autres. 


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