• Réécriture c9

    Pour le second mois de sa scolarité à l'académie, Ran se permit d'aller dans la salle du conseil des élèves comme elle le souhaitait.
    Avec raison, par contre. Elle voudrait éviter le drame de la première fois.
    Elle avait besoin de cours de soutien pour les examens de mi-trimestre qui arrivaient.
    Ce n'était pas que Miwa ne pouvait pas l'aider, mais Miwa devait justement donner des tutorats à des collégiens dans la même période, faisant que Ran était désespérée malgré les petites sessions du soir qu'elle demandait à son frère.
    Son frère qui était aussi fatigué de lui répéter les mêmes choses et qui n'avaient pas l'air d'entrer.
    Aussi, elle était exempt de cours de math, sciences, français et allemand, où elle était le plus en retard, pour suivre de leçons sur mesure avec les F4.
    Enfin, F2, vu que seuls Shin et Ryu étaient disposés à lui accorder du temps et patience. 
    - Je me charge des langues et Ryu des sciences. Vu que tu es censée avoir math en ce moment, autant que tu commences par ça aussi, lui informa Shin en l'accueillant.
    Elle salua son frère et Ryu qui lui rendirent, mais Kishimoto Yuki l'ignora superbement. Ryu se leva pour aller à sa rencontre 
    - Je pense qu'on ferait mieux d'aller sur le balcon pour éviter de déranger notre Yukkun qui a l'air bien concentré sur son projet.
    - Ou, on peut mettre nos casques pour éviter de se faire déranger, proposa Rei de son côté. 
    Accompagnant le geste à la parole, Rei mit son casque pour ne plus les entendre et se mit à pianoter à une vitesse monstre sur le clavier de l'ordinateur portable. 
    - Ce n'est pas comme s'il faisait frais, commenta Ryu en échangeant un regard avec Ran. 
    - C'est juste. Alors je vais y aller. 
    Pareil, accompagnant le geste à la parole, Kishimoto Yukkun se leva de son bureau pour rejoindre le balcon en prenant soin de fermer la baie vitrée derrière lui. Depuis la journée porte ouverte, le lycéen lui donnait un accueil froid et Ran ne savait qu'en penser. Qui aurait cru que le prodige serait aussi susceptible. 
    - Vous ferez mieux de commencer tout de suite, je crois que les lacunes de Ran-chan sont assez importantes en maths. 
    Shin s'installa derrière son bureau et se mit à pianoter sur sa tablette.
    Ryu arrangea son côté de bureau pour laisser de la place à Ran, puis rechercha quelque chose sur sa propre tablette avant de la glisser sous le nez de la lycéenne avant de l'inviter à faire un petit test pour connaître l'étendu de son savoir sur le sujet.
    À partir de là, la séance de tutorat pouvait commencer. 
    - Je remarque que tu n'es pas très bonne en multiplication. 
    - C'est parce que le temps du test était trop courte. 
    - Mais la table de multiplication est enseignée depuis l'école primaire et il y a de constant rappel depuis. 
    - C'est parce que j'en utilise pas tous les jours. Hors cours. 
    Certes. Il n'y avait pas tant besoin des multiplications dans la vie de tous les jours sauf pour calculer la somme des commandes si on était en sortie de groupe, calculer des montants aux prix similaires ou encore calculer tout un tas de truc.
    Et Ran ne sortait pas avec ses amies malgré leur bonne entente en classe, sauf la fois pour régler des comptes avec ses brutes, elle a aussi utilisé la caisse quand elle a travaillé trois jours dans le café à Kyoto et elle se débrouillait vite fait en addition mentale.
    - 38 fois 7 ?
    - Pardon ? 
    - Combien fait 38 fois 7 ? Vite.
    - Pourquoi vite ? Y a le feu ? 
    Surpris par la question, Ryu cligna des yeux et faillit rire comme Shin qui ne s'était pas gêné. 
    - Répond juste à la question. 
    - Euh, bah, faut d'abord que je calcule 8 fois 7, puis 3 fois 7 mais en puissance dix parce que le 3 est un décimal, et je dois ensuite additionner les deux résultats, ce qui fait...uhhh... 56 plus 210, 266.
    Il n'avait pas demandé comment elle procédait son calcul mental mais il était satisfait de la réponse bien qu'il fallait avouer qu'elle avait tout de même eu du mal à trouver les multiples de 7.
    Le qcm n'était donc pas le bon moyen pour tester ses connaissances surtout quand elle était surveillée par le temps, alors il lui fit faire des exercices en lui prêtant une oreille attentive.
    En fin d'heure, il regrettait que le temps s'écroula aussi vite car il voyait maintenant ce que les autres voulaient dire par lacune. Ran n'était pas stupide, loin de là, mais le calcul et les chiffres ne faisaient pas bon ménage et elle avait certain déficit en mémoire de travail sous pression.
    Malheureusement, pas le temps de pause, car l'heure suivante fut le cours d'allemand et c'était au tour de Shin de jouer au tuteur.
    Avant tout, il devait s'assurer qu'elle connaissait bien l'alphabet. Mais à peine eut-elle finit de les nommer et les inscrire que Shin changea de direction et lui dit de rien écrire sur tout le reste de l'heure, surprenant Ryu qui les écoutait par curiosité.
    Apparemment, elle avait la méthode de travail du par cœur pour connaître et communiquer en anglais, pourtant, sa compréhension et expression  écrite n'était pas terrible d'après le rapport de professeur Haneda. Pour ne rien arranger, son expression oral était aussi à désirer.
    Sur cette base, Shin lui fit le complément des expressions allemandes les plus courants et essayer de l'aider à comprendre la grammaire de la langue si elle le demandait, car il ne servait à rien de l'implanter tous les règles d'entrée de jeu sans faire intervenir sa curiosité. Qui était le principal élément qui l'aidait à apprendre.
    À la moitié de l'heure, elle avait réussi à perfectionner un accent compréhensible et parvenait même à faire des phrases facilement pour une conversation qu'auraient des touristes amateurs d'art. La chose se compliqua quand elle dut épeler des mots car elle n'arrêtait pas de les écorcher au point de créer des phrases confusantes. Quand elle ne parvint pas à nommer l'alphabet en question, elle paniqua. 
    - Respire, Ran, rien ne presse. 
    Sauf qu'elle jeta un regard vers l'heure indiquée sur la tablette posée entre eux. Dix minutes de la fin de l'heure. Elle avait perdu vingt minutes à épeler un mot. 
    Shin lui ébouriffa doucement les cheveux et elle respira un peu mieux.
    - Je ne me souviens plus, admit-elle. 
    - Très bien. Continuons plutôt sur un synonyme de ce mot. Un que tu pourrais épeler. 
    La leçon se termina sur une note douce-amère mais Ran se sentait aussi un peu plus confiante que la fois où elle a quitté la professeure d'allemand un samedi midi.
     
    Il ne restait qu'une semaine avant la dite période.
    Ran les passa studieusement avec les F2, tout en affûtant ses connaissances des autres matières, mandarin avec Rei et anglais avec Josh, qui n'était apparemment pas si bon dans cette langue internationale non plus. Et malgré ses origines françaises, il a démontré que tous les natives n'étaient pas forcément fait pour enseigner.
    Pour le japonais et les sciences sociales, elle comptait seulement sur le par cœur.
    Le week-end avant le jour J, les jumeaux et les deux tuteurs usèrent la serre du côté lycée pour continuer les révisions sur un terrain neutre plutôt que d'aller chez l'un ou l'autre. Ran parvint finalement à résoudre l'examen blanc de math dans les temps et avec une grande majorité de bonne réponse alors qu'elle se contentait de l'approximative, impressionnant Ryu. Cela surprit aussi agréablement Ran qui le regarda avec attente.
    Ne sachant comment réagir, il lui tapota gentiment la tête.
    Si cela l'enchanta, la donnant une image d'adorable chaton, elle continua de poser un regard impatient sur lui, commençant même à sautiller sur son siège.
    Ryu ouvrit les bras inconsciemment.
    Et Ran s'y jeta dedans.
    Shin les jeta un regard amusé mais retourna aussitôt à son travail alors que Rei leva la tête vers eux, fusilla Ryu du regard et les observa un moment avant de retourner à son travail en sifflant quelque chose que seul Ryu vit. Cela ne l'empêcha pourtant pas de retourner l'étreinte de la fille dans ses bras.
    On les dérangea pour savoir s'ils voulaient déjeuner à ce moment.
    Juste avant que les deux ne se séparent, il lui fit une proposition. Si elle réussissait l'examen de math, il lui donnerait une récompense. Inutile de dire qu'elle fut encouragée d'obtenir une note remarquable.
    Le jour J, elle remplit tous les questions de math sur la copie de feuille synthétique. 
    Une matière qu'on pouvait effacer les inscriptions après chaque usage à l'instar des tableaux magnétiques, inventé par, vous l'avez deviné, Kishimoto Yuki, il y a trois ans. Il n'y a que cent copies qui viennent avec une machine ressemblant à un scanner qui enregistre tous les inscriptions pour les mettre en version informatisé, permettant aux professeurs de les corrigé numériquement tout en effaçant ce qui était noté pour les épreuves suivantes. Ainsi, dès que les premières années auraient fini tous leur examens, les profs les corrigeaient et notaient sur leur tablette avant d'imprimer les sujets d'examen pour les deuxièmes années dessus, qui ne se déroulaient donc pas au même moment que les premières ni les troisièmes années. Cela évitait d'user des feuilles de papier pour rien et les élèves recevaient leur copie avec réponses annotés via leur tablette une fois que leurs notes seraient connus. Cela économisait aussi l'encre, comme les élèves écrivaient avec un stylet pour écran tactile comme certains le faisaient habituellement avec leur tablette.
    Ran alla voir son classement et sa note de l'examen de math sur sa tablette exactement deux jours après l'avoir passé.
    La première place était une élève de la classe A qui avait le score parfait. Elle dut dérouler la liste d'élève un moment avant de trouver son nom qui se trouvait à la 41ème place sur 96 avec 76 points sur 100. 
    Sans attendre, elle alla le montrer à Ryu.
    Après les félicitations dû, Ran était fébrile de le voir ouvrir les bras encore une fois pour recevoir sa récompense, mais sous le regard menaçant de Rei et hilare de Shin, Ryu ignora le message subliminal et lui offrit un laissez-passer V.I.P à la place.
    Ran le saisit sans comprendre et montra clairement sa déception.
    - Merci ? Dit-elle toutefois par politesse.
    - Il s'agit du passe particulier qui permet à des personnes privilégiés de visiter les locaux du studio où travaille Aikawa Kenta. Tu voulais avoir son autographe, n'est-ce pas ? 
    C'était, au final, un présent de grande valeur et Ran apprécia l'offre avec les yeux brillants. De quoi se vanter auprès des jumelles et Haru, surtout que maintenant elle savait user de la fonction photographe de son portable tactile et que ça prenait des photos de très bonne qualité comme les créateurs du logo de la Pomme le promettaient.
    - C'est vraiment gentil de ta part, et dans le cas Ran n'avait pas eu le score nécessaire ? Commenta Rei.
    - Je l'aurai gardé pour le prochain examen où elle aurait le score correct.
    Ran ferma volontairement son audition pour ignorer le fait qu'il y aurait d'autres examens. Une chose à la fois, et l'étape des examens de mi-trimestre venait de se finir.
    - Et Ran devrait se rendre seule à un studio au milieu de la ville ? Releva Shin.
    - Hey ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Je viens de Kyoto, pas d'un village perdu !
    - Oui, mais tu n'es encore jamais allée en plein centre de Tokyo, non ? L'académie se trouve à la lisière de la forêt, l'hôtel Sugisaki à l'orée de bois et le manoir Tsukihana quelque part d'isolé.
    - C'est ainsi que fonctionne un manoir, dit seulement Rei.
    - Bref, comment tu comptes y aller ? Il y'aurait trop de voiture pour une circulation fluide même si votre chauffeur t'emmenait.
    - Allons, je ne vais pas envoyer une jeune fille seule sans accompagnement dans un endroit inconnu et bien gardé. Je vais bien sûr l'accompagner.
    Ceci dit, il sortit son propre passe avec les inscriptions V.I.P.
    - Et tu penses que je vais encore vous laisser seuls ?
    Ran pensa à la première fois qu'ils avaient été juste tous les deux avec une certaine amertume. C'était avant que tout change.
    Rei, cependant, désignait autre chose. Il a été le seul à les avoir retrouvé le soir qui concluait la journée porte ouverte dans une position assez intime qui ne pouvait que signifier une chose, connaissant la réputation du jeune homme. Et si Rei n'avait jamais jugé les activités extra-scolaires de son camarade, il voudrait éviter que sa sœur soit impliquée, car cela ne risquait pas de plaire à leur mère.
    - Oh, tu peux essayer de te procurer une passe, mais tu vas devoir y aller seul avec ton chauffeur car je ne peux accueillir qu'une personne sur ma moto.
    Encore une fois, Ran fut remémorée par cette première fois avec une certaine aigreur.
    L'expression de Rei tourna sombre en songeant qu'ils allaient être vus dans une position très proche. L'étreinte de félicitation avait été une chose, ils étaient à huis clos, mais les midinettes s'alanguissant pour Ryu n'allaient pas apprécier de voir Ran à nouveau s'attacher à leur beau pour une autre tête à tête.
    - Est-ce que ça veut dire que c'est un rencart ? 
    Et Ran qui ne comprenait pas les enjeux compris en posant la question tabou.
    Ryu refusa sans surprise de répondre.
    - C'est pas grave, prends ton temps pour trouver la réponse. Comment tu as pu avoir ces passes, dans ce cas ? 
    - J'ai demandé au concerné même.
    - Oh, vous êtes donc si proches. Ma mère m'a dit que c'était un ancien élève et qu'il avait aussi été de la classe S, mais c'était il y a trois ans, faisant qu'on a 5 ans d'écart et vous n'avez pas eu l'occasion de vous échangez avant, non ?
    Ryu détourna en complimentant sur le procédé qu'elle a usé pour résoudre le problème de calcul.
     
    Ils y allèrent le samedi qui arriva.
    Ryu vint la chercher au manoir des Tsukihana-même, où aucun autre membres de la famille ne s'y trouvait, étrangement. Excepté de Ran qui était tout de même l'intéressée que l'étranger était venu chercher.
    Cette fois-ci, Ran était fière d'être dans un accoutrement qui permettait plus de confort et correspondant le plus sur une moto. Aussi, si on les voyait, on ne risquait non plus de les prendre pour un couple comme elle avait coiffé ses cheveux dans une tresse bien collé afin de porter le casque proprement, les cachant facilement sous ses vêtements.
    - Tu as déjà mangé ? 
    Ran le regarda avec incompréhension et lui demanda de répéter en pensant que le port du casque avait impacté son ouï. 
    - As-tu déjà mangé ? 
    - Il est dix heures, Ryu-kun, bien sûr que j'ai déjà pris le petit-déjeuner. 
    - Depuis un moment, non ? Je suis sûr que tu manges tôt comme tu es une lève-tôt. Je te propose de nous restaurer aussitôt dans le centre de la ville avant d'aller faire notre tour au studio.
    Considérant qu'elle s'est levée à 6 heures et a déjeuné dans l'heure qui suivait, cela allait faire 4 heures qu'elle sera à jeun le temps du trajet. Elle accepta facilement l'offre et s'installa derrière le conducteur. 
    Comme la dernière fois, il se gara devant une grande bâtisse aux allures des plus luxueux et la mena dans un intérieur qui correspondait parfaitement à l'apparence qu'elle donnait.
    Un serveur les accueillit aussitôt à leur vu et les guida vers une place en particulier. Avec le même processus pour Ran, lui offrir le siège, puis leur déposer le menu avec des mouvements très élégants.
    - Pas de portable conservé, cette fois-ci. C'est un restaurant qui accueille souvent des gens de travail, qui parlent affaire ou qui doivent être disponibles à tout moment.
    Tant mieux, Ran comptait bien prendre en photo ce qu'ils allaient manger pour tenter de le reproduire une fois chez elle. Commandant donc selon les ingredients indiqués sur le menu. 
    - Tu comptes photographier toutes les pages ? 
    - Non, juste ce que je vais prendre. 
    - Et qu'est-ce donc ? 
    - Blanquette de veau.
    - Un choix digne de toi. 
    - Qu'est-ce que ça veut dire ? 
    - C'est une viande coûteux car bien moins produites que les autres, dont le bœuf. Rare sont les gens qui comprennent la qualité.
    - Et tu penses que je connais ? 
    - Eh bien, tu es celle qui a choisi. 
    - Je peux juste vouloir goûter. 
    - Et c'est aussi digne de ta personnalité. 
    Ran se demandait s'ils étaient en train de flirter et si Ryu s'en rendait compte.
    Au moment de régler la consommation, le serveur opina la demande de Ryu qui avait l'air de dire de mettre sur son compte. Ran essaya de ne pas être trop curieuse, elle ne connaissait pas le fonctionnement des gens aisés et elle n'avait pas à fouiner quand on l'invitait.
    - Tu viens souvent ici, donc ?
    Elle ne pouvait décidément pas laisser ça couler.
    - Mon oncle m'invite souvent pour discuter autour d'un verre, le temps d'une pause. 
    Une relation décidément bien plus familial qu'il avait avec n'importe qui de sa famille. 
    - On y va ?
    Ran opina, fébrillant presque d'excitation. 
    L'endroit était un énorme bâtisse de plusieurs dizaines d'étages. Elle se trouvait sur une place pour elle, séparée de tous les autres bâtiments pour un semblant d'espace mais il y avait autant de monde devant que dans les rues urbains de la ville.
    Ils furent permis d'accès à la simple présentation du passe. Ryu s'avançait avec l'aisance de celui qui possédait l'endroit et Ran se demandait si tel était le cas. Après tout, le groupe Kujo et Asano avaient assez d'influence pour acheter l'entièreté du bâtiment.
    Ils cherchèrent l'étage où se trouvait leur artiste sur le tableau d'information dans le hall avant d'emprunter un ascenseur. L'immeuble était si grand qu'elle comportait trente deux étages dont les douze derniers étaient privés. Sauf qu'avec leur passe, ils avaient les autorisations requis.
    Ran demanda de faire des arrêts, puisqu'ils y étaient. 
    Ils n'allèrent pas plus loin que longer le couloir, Ran se sentant un peu gênée d'être celle qui devait mener comme Ryu ne faisait que suivre, avant de reprendre l'ascenseur et se rendre enfin à l'étage où se trouvait le vestiaire de Aikawa Kenta.
    Ils eurent la chance de l'avoir au moment où il y retournait.
    - Kenta-san, pouvons-nous avoir un peu de votre temps si ce n'est trop demandé ? 
    Encore plus de chance quand l'artiste n'était pas accompagné de son manager qui aurait préféré qu'il se repose. Ran l'aurait certainement laissé si elle avait vu qu'il était en sueur.
    - Ah Ryu-kun ! Et la fille de Sakura-San, je m'excuse, votre nom m'a échappé.
    - Il n'y a pas de mal. Je suis Ran ! 
    - Ran-kun, bien sûr ! Quand Ryu-kun m'avait demandé des passes, je ne pensais pas que vous allez venir visiter aussi tôt.
    - Ah, j'espère qu'on ne dérange pas votre emploi du temps chargé.
    - Pas de problème, je suis en pause jusqu'en fin d'après-midi. 
    C'était bien ce qu'ils avaient lu sur le tableau d'information.
    - Avez-vous déjà mangé ? Je souhaiterai vous parler dans des conditions favorables et je doute que le faire le ventre vide soit supportable pour qui que ce soit.
    Elle fut assez convaincante pour qu'il les invita au réfectoire qui se trouvait au second étage, les permettant de faire une petite visite guidée. Dans un moment assez gênant, les deux lycéens regardèrent leur aîné manger, le temps qu'il se remplisse le ventre. 
    - Bon, que puis-je faire pour vous ? 
    Heureusement qu'il posa la question, car Ran n'en pouvait plus d'impatience alors que Ryu s'est servi à boire et sirotait son verre avec classe.
    - Je ne vais pas aller par quatre chemins, j'ai besoin de votre orthographe, Kenta-niisan. Une simple sur cette serviette et une dédicace sur ce CD. Ensuite, je voudrai une photo, vous savez celle qu'on se prend ensemble grâce à la caméra frontal.
    - Selfie, fournit Ryu.
    - Oui, ça. Et je veux aussi une vidéo que vous dédicacez pour deux filles, du noms de Tsukimori Manami et Masami. Et une de votre vestiaire pour que vous soyez dans votre environnement naturel que je ne divulguerai pas au public, bien entendu. 
    Un silence suivit sa demande et elle remarqua qu'elle était un peu à bout de souffle. Leur aîné la regarda sans ciller pendant ce temps.
    Ran glissa un regard discret vers Ryu, se demandant si elle a dépassé les bornes avec ses multiples requêtes. Ryu continua de siroter tranquillement, le sourire aux lèvres.
    - Tu as le dialecte du Kansai ? Demanda finalement Aikawa Kenta. 
    Ran se couvrit la bouche. Sans le remarquer, son accent glissa dans celle qu'elle a grandi avec.
    - Elle a grandi à Kyoto, ayant vécu là-bas pendant 12 ans.
    - On dirait que le cliché du Kansai sont corrects. Vous êtes très énergiques. 
    Elle se contenta de sourire, mieux valant le prendre pour un compliment.
    - Je suppose donc que ces filles sont aussi de Kyoto ? Tu es gentilles de penser à elles.
    Elle continua de sourire poliment car la réalité était toute autre. Ran comptait seulement utiliser ces preuves pour les narguer et utiliser comme levier pour qu'elles la traitent bien après les dits douze années à être traité comme une subalterne. Elle pouvait se montrer rancunière quand elle voulait.
    Bref, la séance de fanmeeting commença avec Ryu comme assistant.
    Ils terminèrent un peu avant la fin d'après midi pour laisser l'artiste son temps de repos bien mérité. Ran quémanda tout de même une étreinte avant de le quitter, finissant de rendre son compagnon du jour hilare.
    - Eh bien, merci pour tout, Kenta-niisan !
    - Pas de problème, je me suis bien amusé, Ran-kun. Je suis content de voir que Ryu-kun s'est fait une précieuse amie comme toi. Si vous voulez  encore passer me voir, Ryu-kun n'aura qu'à me prévenir à l'avance !
    Et ils quittèrent le brave homme qui a su garder un accueil des plus chaleureux pour une personne aussi superficielle que Ran.
    Tout ça, grâce aux contacts de son compagnon. 
    - Bon, je pense qu'il serait temps que tu me dises comment tu connais aussi bien Aikawa Kenta, ne penses-tu pas ? Je suis une précieuse amie de Ryu-kun, après tout.
    - Je te ramène chez toi, avant ça ? 
    Ran voulait argumenter, mais ils n'avaient plus rien d'autre à faire si ce n'était discuter autour d'un repas. Et si les amis s'invitent entre eux, Ryu s'était déjà chargé du midi, il retombait donc sur Ran de s'occuper du dîner. Or, Ran n'avait pas d'argent.
    Elle n'avait jamais osé en demander à ses parents.
    Aussi, elle accepta et monta derrière son ami qui était aussi le chauffeur. Arrivés devant le manoir à la grille fermée, Ryu attendit qu'elle ôte son casque pour ouvrir la bouche.
    - Avant que je te laisse retourner à ta famille, je dois te dire quelque chose. 
    Ran le regarda en frémissant tout en le laissant ranger son casque dans son coffre. 
    - Je ne fais pas de relation car ça ne va pas durer. Il n'y a pas de raison outre le fait que je ne parviens pas à m'attacher à qui que ce soit, en plus que ces échanges ne sont que charnels. Les filles qui ont connu ça ne cherchaient pas plus que quelque contact physique que j'ai offert volontiers. Car il n'y a rien de mal à ça.
    Ran ne dit rien mais songea à l'amie de Miyu, Minagawa Shiori, qui n'avait pas l'air de prendre ces contacts à la légère. Ran n'était non plus du genre à accepter une relation seulement basée sur le corporel.
    - Quant à mon lien avec Aikawa Kenta, nous ne nous connaissons pas tant que ça. Il est juste très amical de nature. Et il est aussi le frère de ma fiancée.
    Bah ça. Elle ne s'y attendait certainement pas. 
     
     
     
     

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