• Chapitre Un.

    Scarlett leva les yeux sur le ciel bleu.

    C'était un beau jour de mars, l'air était frais et le soleil n'était pas dissimulé par de menaçant nuage gris, le printemps s'annonçait et cela rendait la jeune fille gaie.

    Elle attendait son ami à leur point de rendez-vous mais n'étant pas quelqu'un de très posée, elle commença à se balader et s'éloigner peu à peu de l'endroit prévu. Du haut de ses 14 ans, elle a toujours été distraite, passant d'un sujet à l'autre. Actuellement, elle était trop subjuguée par le merveilleux climat.  Scarlett a toujours aimé ressentir les éléments de la nature dans leur forme primaire, particulièrement le vent.

    Juste au moment elle y songeait, une brise lui caressa le visage et l'odeur parfumé de viennois lui vint au nez.

    En sortant de la boulangerie française avec ses croissants, elle ne fit pas attention sur sa route et manqua de croiser un cycliste. Un bras surgit de nul part et lui évita la collision, manquant de lui faire lâcher ses croissants. A ce moment, la seule pensée sensée qui lui vint à l'esprit était qu'heureusement qu'il ne s'est rien passé, elle voulait éviter de donner une autre raison à ses parents de l'emprisonner comme un enfant. Elle avait déjà dû soudoyer sa gouvernante Christina Murdoch pour sortir rejoindre Aiden sans être accompagné, et bien que cela ne s'était pas bien déroulé, elle voulait profiter de ce moment de liberté.

    Elle se tourna vers son sauveur pour le remercier mais ses mots se bloquèrent dans sa gorge en dévisageant le jeune homme qui lui tenait le bras. Il était brun aux yeux bleus, la peau blanche des britanniques que Scarlett enviait par moment, et plus grand qu'elle d'une bonne tête-épaule. Outre sa beauté digne d'un mannequin, Scarlett avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

    Dans un rêve.

    Elle n'était pas de ces filles qui croyaient aux princes charmants et hommes idéals, parce que pour sa part ses rêves n'ont rien de merveilleux. Il ne s'agissait que d'une lande aride sans vie et les princes ou hommes idéaux étaient nombreux. Quatre gars, du même âge qu'elle, et qui la cherchaient. C'était un rêve récurrent qu'elle faisait depuis ses 13 ans, après le jour où elle a faillit se faire renverser par un camion. Près d'un an plus tard, elle évitait de se faire écraser par un cycliste et rencontrait un gars de ces rêves obsédantes.

    Elle connaissait même son prénom.

    " Matt. "

    Le garçon leva les sourcils, surpris par sa voix. Il a dû la croire trop choquée d'avoir échappé à une blessure certaine pour ne serait-ce que le remercier. Il ne s'attendait surtout pas à entendre un prénom.

    " Comment connais-tu mon prénom ? " Dit-il avant de rouler des yeux, se moquant de sa propre bêtise " ah mais oui, suis-je bête, Aiden a parlé de moi. Et de toi à moi. "

    Scarlett cligna des yeux à la mention de son ami. Oui, Aiden lui avait parlé d'un nouveau dans son collège dont il s'entendait bien et qu'ils devaient se rencontrer, mais Scarlett ne pensait pas que c'était Matt, son prénom, ni ce Matt.

    " Donc, tu connais aussi mon prénom ? "

    Mais Matt sembla gêné.

    " Scarl ! " Héla une voix reconnaissable.

    Aiden arrivait et Matt soupira de soulagement. Visiblement, il ne connaissait pas son prénom. Scarlett repoussa la déception grandissante.

    " Je rêve ou tu as encore manqué de te faire renverser ? Fais plus attention lorsque tu traverses la route ! Et tu t'es aussi éloignée de notre point de rendez-vous ! "

    Scarlett avait un peu du mal à se reprendre et l'avalanche d'accusation ne l'aidait pas. La main de Matt finit par la lâcher et elle se sentit bien seule.

    " Encore ? " Répéta Matt.

    " Ouais, elle a failli se faire écraser l'an dernier. "

    " C'était l'an dernier ", maugréa-t-elle.

    " Et tu as failli te faire renverser par un cycliste. Un cycliste, enfin, il devait juste être en train de s'entraîner et tu l'as dérangé par ta propre distraction. "

    " Tu peux arrêter de me crier dessus ? "

    " Je ne te crie pas dessus par plaisir, c'est pour ton bien. "

    Scarlett n'aima pas trop le regard que lui lança Matt, comme s'il avait l'impression d'être de trop et qu'il ne se sentait pas à sa place. Or, sa place était de se trouver auprès de Scarlett et de trois autres garçons de leur âge.

    " Je suis désolée, je ferai plus attention. "

    " Tu le promets ? Il serait dommage qu'une jolie fille comme toi se blesse pour une maladresse pareille ", intervint Matt.

    Elle ne put empêcher la rougeur de lui agresser les joues. Un sourire naquit sur ses lèvres et Scarlett sentit qu'elle allait bien s'entendre avec lui.


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