• Chapitre 10

    Fiers Serpentards

     Fin Juin

                    Albus traversa le couloir à toute jambe. Il a fallu qu’il passe tout l’aile ouest du château pour rejoindre sa prochaine salle où il devait passer son examen pour la fin de l’année. Il n’était pas stressé, assez confiant même, seulement il ne souhaitait pas avoir de retard juste parce qu’il s’était un peu perdu dans ces couloirs qu’il commençait à connaître.

    Durant toute sa marche, son esprit se mit à vagabonder. Et dire qu’ils étaient déjà à la fin de l’année, qu’elle a filée rapidement ! Il n’avait pas vu le temps passé, franchement la vie à Poudlard est comme un rêve, et Albus avouait que parfois il craignait un peu de se réveiller et constater qu’effectivement ce n’était qu’un mirage. Mais heureusement, tout cela était bien réel. Il était bien étudiant à l’école de magie, envoyé à Serdaigle, s’est fait un meilleur ami et bon camarade avec toute sa maison (en dehors d’Emil et Elias, aussi taciturne l’un que l’autre) et avait ses prouesses dans les matières qu’il révère, les potions et la métamorphose dont il va passer l’épreuve de pratique, puis l’écrit de sortilège.

    Du coin de l’œil, il vit un uniforme jaune et un rouge marcher vers l’aile sud et reconnu deux des filles du quatuor inédit de leur promotion. Clara Castaglione marchait au côté de sa camarade Harley Dubois pour aller rejoindre la salle de défense contre les forces du mal pour le test à l’écrit. Puis il remarqua que deux élèves aux uniformes à la couleur encore différente, bleu et vert, les rejoignirent. Claire Lyu et Chloé Rivers, les deux membres restants du quatuor, rattrapèrent leurs amies afin de discuter rapidement avant le commencement de la prochaine épreuve. En effet, il a été voulu que la promotion allait passer les examens en deux groupes, les quinze premiers un et les quinze derniers un autre, la maison n’avait ici plus aucune importance (et la pratique encore une autre paire de manche : chaque élève doit passer le test pendant une dizaine de minute pendant que les autres patientent dehors). Par conséquent, la petite bande s’est retrouvée séparé en deux, mais ce n’était pas bien grave, elles se retrouvaient à chaque changement. Et ne dit-on pas « Séparer pour mieux se retrouver » ?

    Il se souvint encore de la tension qu’il y avait eu au cours de l’année. À la fin du mois de mars, il eut une dislocation, trois d’entre elles étaient en froid avec l’une des leurs et ce fut une période assez tendue car c’étaient généralement les quatre qui mettaient de l’ambiance durant les cours commun, pas que ce soit silencieux après mais un peu tout de même, et puis dès qu’une d’elles avaient le regard qui croisait celui de la verte, il y avait comme de l’électricité dans l’air. Heureusement que c’était fini tout ça, elles étaient maintenant réconciliées. Parce qu’au bout d’un mois, plus personne n’arrivait à supporter la lourdeur de l’air, lui y comprit. Et puis James aura beau dire, Albus trouvait que c’était ainsi qu’elles étaient mieux, formant une bande soudée et plus forte. Et comme le dirait l’adage moldu : « L’union fait la force ».

    C’est fou comme il se trouvait un brin poétique rien qu’en les voyants.

    Il eut un petit rire en y songeant. Mais cela attira l’attention d’une personne qu’il voulait à tout prix évité.

    « Eh bien, Bubus ? Tu te marres seul dans ton coin ? »

    Lolie Boa-Cameron avait le regard illuminé de malice et un sourire large. Depuis le défi de février que s’étaient lancés Clara et Tobias, il a dû supporter ce surnom ridicule de la part de sa congénère qui ne cessait de le taquiner en le nommant ainsi. Et il était très embêté, surtout que même son meilleur ami prenait part à l’hilarité générale. D’ailleurs en parlant de ce dernier, il était en train de pouffer dans sa manche avant de lui faire un signe qu’Albus prit soin d’ignorer. Ce qui accentua le rire de l’autre groupe et d’une du sien. Rose, sa cousine, se moquait également. Ce qu’il ne pouvait concevoir. Il pouvait bien laisser les autres s’amuser de son embarras ou simplement les laisser sourire car ils trouvent cela amusant, mais il ne permettait pas que sa cousine s’y prêtait aussi au jeu ! Ah non, elle qui avait été toujours là pour lui n’allait pas le laisser se battre seul sur ce coup, là ! Elle n’allait pas l’abandonner avec ce nom ! Il doit déjà porté les illustres noms de morts de ces grands guerriers que son père considère comme ses héros –ben, franchement sympas de lui faire porter tout ça-  Albus Severus -et Potter ! Le nom qui fait tourner la tête de tout le monde, bien que ça se soit tassé-, si en plus il doit se reconnaître à ces noms qu’on lui attribue sans qu’il ne demande rien, il risque fort d’exploser. Al, Alby et j’en passe ! Mais Bubus ! Non mais franchement, ce n’est pas un bébé !

    Il avait besoin du soutien de ses meilleurs amis qui ne comprenaient pas pourquoi ça le dérange autant, et il ne voulait plus qu’on le nomme comme les autres voulaient, pour ce faire, il allait faire la grève de reconnaissance si on ne l’appelait pas son prénom. Entier. Sans diminutif. Ou surnom.

    « Eh ! »

    Ça non plus, il ne s’y reconnaitrait pas.

    Ses parents lui ont donné un nom –bien qu’il aurait franchement préféré d’autre, hein Harry ? Ginny ?- et il veut que les autres s’y conforment. Tant pis si ça ne leur plait pas, il ne leur répondra tout simplement pas.

    « Eh, tu m’entends ? Pot… »

    « C’est Albus Severus ! » Il finit par craquer.

    Le nom était volontairement ôté, puisqu’il supposait que l’autre voulait le nommer comme ça s’il continuait à se faire négliger, car cela s’associait trop facilement à son père et l’enfant ne souhaitait pas qu’on les « confonde ». Mais en découvrant qui l’avait hélé, il se figea. Et devint aussi pâle que son interlocuteur. Car celui qui l’avait apostrophé n’était autre que Scorpius Hyperion Malefoy. Qui le regardait avec des yeux ronds. Ils restèrent tous les deux assez longuement comme ça. Puis quand le blond se décida de sortir de cet état allergisant, il remarqua qu’il ne restait plus qu’eux dans le couloir et l’autre qui ne parvenait toujours pas à déstatufier. Puis il se rendit compte de ce qu’il venait de dire, enfin hurlé serait plus juste, étrangement il ne se sentait pas scandalisé ou en colère contre cette réplique que l’autre avait voulu violente, il trouvait même ceci plutôt plaisant. En réalité, de son point de vue, la situation était assez comique, surtout en voyant le visage défait de son locuteur. Il sourit.

    « Hum, je dirai Severus, sinon c’est trop long les deux ensemble. Je voulais juste te dire que tu as fait tomber ta plume et que je doute que ce te soit profitable pour le test d’après. »

    « Euh, oui… merci », bredouilla le brun, incapable d’en dire plus.

    Tandis qu’il se reprenait peu à peu l’esprit, il vit un sourire s’étirer sur les lèvres de Malefoy. Zut, il venait encore une fois de se ridiculiser. Rejoignant sa cousine qui attendait tranquillement devant la salle d’examen, il repassait encore et encore la scène en se fustigeant intérieurement de ne pas avoir su trouver plus de réponse. Rose vit bien son combat intérieur et entreprit de l’interroger.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es inquiet pour la métamorphose ? »

    « Non, pas du tout, en fait…euh, Malefoy m’a parlé », chuchota-t-il en le voyant.

    La rousse fronça les sourcils en suivant le concerné du regard, qui entra dans la salle de pratique après le passage de Julius Macmillan.

    « Il t’a dit quelque chose de désagréable ? »

    « Au contraire, ce n’était rien de méchant. » Il lui raconta ce qui s’est passé.

    À la fin du mini récit, Rose poussa un soupir, se détendant un peu.

    « Bah, il a choisi la particularité, car il se refuse d’être mis au même niveau que les autres, ce n’est pas très étonnant de sa part », dit-elle avec mépris, n’ayant toujours pas digérer la façon dont Scorpius se comporte, rancunière.

    Mais cette fois-ci l’avis de sa meilleure amie ne l’atteint plus tellement, avant il l’aurait cru sur parole parce que c’était un puit de science et de sagesse, mais là elle était un peu sur les nerfs, donc le jugement subjectif, et puis il voulait croire que le blond n’était pas aussi vil qu’il laissait montrer. Il voulait être son ami.

    La fin de la journée arriva. Albus était déjà fatigué. Et dire qu’il avait encore deux jours comme celui-là à supporter. Ha, qu’il avait hâte d’être en vacance !

    Et ce n’était pas le seul.

    Dans la salle commune des Gryffondor, chaque groupe de table était en pleine révision pour le prochain examen. La concentration était au paroxysme, mais un évènement la rompit. James Sirius passait entre chaque tablée et faisait un petit tour avec son meilleur ami Lucas Dixon pour détendre cette ambiance lourde, mais ils firent quand même attention de n’embêter aucun cinquième ou septième année qui passent des épreuves officiel qui détermineraient leur avenir.

    Harley Dubois pouvait le remercier pour cette fois-ci, car elle devait avouer qu’elle n’arrivait plus à respirer dans cette atmosphère tendue. Et surtout pénible. Cela faisait déjà deux jours qu’il y avait un trop-plein de travail non-stop, et fallait bien intervenir pour donner une petite touche d’humour, on pouvait même dire qu’on se croirait dans la salle commune des Serdaigle, préjugé bien sûr. Mais surtout les examens était un moment barbant, mais vraiment pas croyable, quoi ! Les premières années devaient enchaînés, à l’exception de la Botanique, les doubles épreuves de pratique et écrit d’une matière le jour et le lendemain (sauf l’histoire, puis bon, qu’est-ce qu’il y a à pratiquer dans cette matière, et à réviser surtout pour les élèves qui n’ont pas suivi à cause du puissant pouvoir somnolent de Binns). Et la variation avait de quoi perdre la plupart des élèves qui sont très dissipés. Elle visait notamment un certain blond qui porte des lunettes étranges. Non, ce n’est pas Tobias Finnigan, mais bien de Matthew Goldstein qu’elle désignait. Rien qu’aujourd’hui, le garçon s’est trompé trois fois de salle et de matière en rentrant dans une salle d’écrit. Poussant un soupir à fendre l’âme, Harley referma son manuel de métamorphose qu’elle tentait de réviser pour l’épreuve écrit de demain –sa matière honni-. Au même instant, quelqu’un s’installa à ses côtés.

    « Faut pas soupirer pour si peu, sinon un instant de bonheur s’envolera. »

    La punk regarda curieusement le nouvel arrivant. Ruben Smith sourit en constatant qu’il a réussi à faire changer les idées de sa camarade.

    « C’est un proverbe japonais qui signifie que soupirer peut avoir des conséquences néfastes et qu’il vaut mieux ne pas trop en faire. »

    « C’est plus facile à dire qu’à faire ça, nous sommes déjà conditionné, c’est trop tard », mâchonna l’enfante châtain.

    « Rien n’est trop tard, d’ailleurs tu devrais vraiment penser à ton chat qui n’arrête pas griffer la porte de la chambre des garçons pour qu’on s’en occupe », reprocha le brun avec une moue.

    « Ah oui, je l’avais complètement oublié celle-là ! » réalisa tardivement Harley.

    « Tu n’es pas croyable, c’est ton animal, non ? »

    « Oui, mais elle est vraiment indépendante. Quand je veux lui faire quelque chose, elle prend la fuite et ne revient uniquement pour me demander à manger, quel toupet ! Elle semble oubliée qui est le maître »

    « C’est surtout qu’elle veut te rappeler comment dois agir un maître, non ? »

    « Je sais ce que je dois faire, c’est Pandore qui est en tort », se défendit-elle.

    « Tu penses être dans le bon en la négligent ? »

    « Mais en quoi ça te regarde ? De toute façon, elle fait sa capricieuse car elle se sent seule, c’est tout, pas besoin d’en faire tout un plat ! »

    « En même temps, tu ne t’en occupe pas, elle ne peut pas se sentir comblée. »

    « Raah, mais fiche-moi la paix ! Si tu n’es là que pour me sermonner vas voir ailleurs si j’y suis ! »

    « D’accord, je laisse tomber. Bonne révision. »

    « Oh, ne me le rappelle pas ! » se plaignit-elle, et le soupçonna de se venger.

    La semaine d’examen fut enfin terminée. Dans le château entier, on entendit nombre de relâchement soulagé de la part des étudiants et des professeurs chargés de surveillance. Arriva le banquet de fin d’année où l’on décernait les prix. La coupe de Quidditch et des quatre maisons.

    L’aîné Potter fut particulièrement heureux ce jour-là. Au moment d’entrée dans la grande salle décorée aux couleurs de Serpentard, il donna une tape dans le dos de son frère qui en fut ébranlé sous le choc. Et éclata d’un rire joyeux en joignant la table des rouge et or aux côtés de Lucas, qui était aussi heureux, car à leur table trônait la belle coupe en or pour l’équipe gagnante du Quidditch. Elvis Lawrence, en sixième année, avait le sourire éclatant, pouvant aveugler tout le rayon de cinq mètres. N’en prenant pas grand compte des actions de James, bien que ça l’ait touché plus qu’il ne l’aurait voulu, Albus trottina jusqu’à sa table en compagnie de Wyatt qui se moquait gentiment de sa faible constitution.

    Alors que tous les élèves s’installaient, la directrice Pomona Chourave, vêtue d’une robe au jaune canari étant anciennement directrice de la maison des Poufsouffle, acclama leur attention en faisant tinter son verre à l’aide de sa cuillère. Peu à peu, le silence vint. Elle toussota.

    « Avant que ne débute votre dernier repas de l’année, laissez-moi vous annoncer le classement des maisons selon les points obtenus. Nous avons les Gryffondor en quatrième place avec 489 points » il eut des forts acclamations surtout chez les rouges qui, nullement préoccupé leur dernière place, était beaucoup plus content d’obtenir leur coupe de match. « En troisième place, les Serdaigle obtiennent 503 points. » De courtois applaudissements s’élevèrent un peu partout dans la salle. « Les Poufsouffle se classe deuxième avec 526 points ! » Elle eut un sourire en le déclarant et des vivats se soulevèrent pour accueillir cette information, Dominique Weasley, capitaine et gardien en cinquième année, souriait avec indulgence pour leur équipe qui était classé deuxième. « Et pour finir, félicitons les Serpentard pour leur première place avec 571 points ! »

    La salle éclata en ovation. Tout bon joueur les félicitait comme demandé par la directrice. Il n’eut aucun mécontentement, même James n’en était pas renfrogné, trop obnubilé par leur victoire de Quidditch.

    « Bien, je vous remercie pour cette fabuleuse année et bon appétit ! »

    Les plats apparurent sur toutes les tables en même temps que les conversations reprirent comme avant le discours. Divers mets et accompagnements excitèrent les élèves qui étaient affamés. Il y avait aussi beaucoup d’assortiment très succulent que les elfes de maisons ont pris beaucoup de soin. Ils ont cartonné pour ce dernier repas avant deux mois !

    Les plus condescendants furent les Serpentard qui se servaient avec dignité, pas stimulés pour deux noises de leur exploit pour l’obtention de la Coupe des Quatre maisons. Chloé Rivers avait un sourire joyeux qui ne la quittait plus à chaque fois que son regard croisait ceux des trois autres. Elles s’échangeaient déjà des messages codés rien qu’avec leur regard, c’est preuve à quel point leur amitié s’est fusionné. Elles s’étaient même concertées pour les programmes des deux mois à venir. Huit semaines à ne plus se voir, c’est long.

    En parlant des vacances, Albus Severus Potter en avait également prévu tout un programme de son côté. Il en avait parlé à Wyatt, qui retournait en Amérique. En effet, celui-ci ne vient en Royaume-Uni uniquement pour rester en Ecosse durant la période des cours, même ses affaires sont achetées dans un quartier sorcier de la Floride. Wyatt Devon aurait bien souhaité resté pour fêter l’anniversaire de son meilleur ami, mais ses parents, Natalie McDonald et Christopher Devon, respectivement peintre sorcière travaillant côté moldu et haut fonctionnaire d’une entreprise d’artiste, veulent le garder près de lui après une longue séparation. Mais en insistant auprès de sa mère plus affable, il pourrait obtenir l’autorisation de dormir une semaine chez Albus à quelque semaine avant les vacances. Pour Rose, il n’y avait rien à craindre, ils se verront autant qu’ils voudront même s’ils n’habitent pas à côté. Leurs parents se visitent l’un l’autre plusieurs fois par mois. Ensuite, il y avait Alfred, qui ne souhaite pas rentrer car « c’est un peu compliqué ». Pour le rassurer, il lui a proposé de venir chez lui aussi, pour la grande majorité des vacances, vers fin juillet. Rose en fit de même, ainsi il passera moins de temps chez ses parents « un peu marginaux ». Pour plaisanter, Wyatt dit qu’il aurait bien voulu proposer de l’inviter chez lui mais un brusque changement de pays risque de provoquer des crises de nerfs, alors il faudrait attendre encore quelque année avant que ce projet puisse se faire. Et enfin, il pouvait demander à son père de recontacter le père de Tobias, car étant d’ancien camarade ça fait toujours plaisir de se retrouver, bien que son intérêt à lui soit de revoir Tobie avant la rentrée des classes.

    Ça de réglé, il se remit à engloutir joyeusement ce dernier bon repas que le collège fournissait avant le retour à 12, square grimmaurd. Pas que les plats de Kreattur était mauvaise, au contraire, ils étaient même succulent, mais il devait avouer que ce sera différent dans tous les sens du terme. La présentation, la compagnie avec qui il allait déguster et tout le tralala. Il ne prendrait plus ses repas qu’à une heure indue par rapport à la semaine de cours et ne serait plus en présence de brouhaha de la grande salle. Mais il retrouvera le sourire bienveillant de sa mère et de la douceur des chevelures rousses des deux femmes de sa famille. En tournant sa tête vers la table des lions, son regard croisa celui de son frère et ils eurent un même sourire. Oh oui, c’est sûr, ils avaient bien hâte de se retrouver dans leur cocon familial.

    C’est comme ça que la première année d’Albus Potter à l’école de magie Poudlard se termina.