• 9 (21 à 23/04/2021)

    La pièce en laisse

    Mai

    " Bonjour à tous, merci de votre présence ce soir. La promotion de 2017 va donc vous présenter une des pièces les plus notoires du dramaturge V. Shakespeare. Veuillez accueillir Romeo et Julio ! "

    Le spot qui éclairait le présentateur et narrateur Sean s'éteignit et la grande salle fut plongée dans l'obscurité, ne laissant que peu de temps à son public d’enregistrer ce qu’il venait de dire.

    Un projecteur placé devant l'estrade où se trouvait la table des professeurs qui servait de scène l'éclaira cette fois-ci de face. Il entonna les premiers vers de la pièce d'un ton chantant, comme le ferait un chœur.

    Sean :

    Deux familles de noblesse égale à Vérone s'entre-déchirent depuis la nuit des temps. Leur rivalité intense entraîne la rage des citoyens qui sont pris sous les coups. La rage obstinée des deux ennemis prend une tournure terrible quand leur rejeton, prédestinée à la même haine, se trouvent charmés par l'un l'autre. Oyez cette exposée et suivez les péripéties des jeunes Montague et Capulet.

    Sean quitta alors la scène derrière le rideau de droit afin de laisser la place aux acteurs. Ani, qui était la régie de lumière derrière le banc de public, alluma un autre spot qui suivit deux silhouettes entrant en scène par la gauche. Elias, régie-plateau caché à côté du projecteur, lança un enchantement pour qu'un décor de la place de Vérone prenne place en face de lui.

    Rose et Laura, vêtues de costume de garde mâles armés, s'avancèrent jusqu'au milieu de la scène.

    Rose :

    Diable, je n'en puis plus des Montague.

    Laura :

    Force est d'admettre que cette rivalité entre nos deux maisons dure bien des lustres.

    Rose :

    Ils ne savent que nous mettre en colère. De grâce, je croiserais le fer si tel est leur souhait.

    Laura :

    Prends garde à ne pas à te faire décapiter.

    Rose :

    Je suis rapide quand émotif.

    Laura :

    Tu feras donc sauter tout leur tête ?

    Rose :

    Je ferai ce qui sera bien pour notre maison.

    Laura :

    Noble intention. Tire donc ton épée, voyons si ton zèle vaut ton acte.

    Un autre spot s'alluma sur la gauche où entrèrent Harley et Lolie, pareillement vêtues.

    Rose :

    Mettons la loi de notre côté et laissons les commencer.

    Laura :

    Je vais froncer les sourcils en passant près d'eux et qu'ils le prennent comme ils voudront.

    Harley, à Rose :

    Quelle est votre intention en brandissant votre épée ?

    Rose :

    Je ne fais que tenir mon arme, monsieur.

    Harley :

    Est-ce à notre intention ?

    Rose, bas à Laura :

    La loi est-elle de notre côté si je dis oui ?

    Laura, bas à Rose :

    Non.

    Rose, haut à Harley :

    Non, ce n'est à votre intention, je ne fais que tenir mon arme près de moi.

    Laura :

    Cherchez-vous querelle ?

    Harley :

    Point du tout !

    Rose :

    Si vous cherchez, je répondrais au nom et honneur de ma maison.

    Une figure apparut derrière chaque côté de rideau. Kylian avec écusson des Capulet sur la gauche et Elise avec écusson des Montague sur la droite, aux dos des quatre gardes.

    Laura, remarquant Kylian :

    Meilleur que le vôtre.

    Harley :

    Ce n'est point la vérité.

    Rose :

    Dégainez si vous êtes si confiants !

    Elise, accourant vers les hommes en garde avec une rapière :

    Séparez-vous et rengainez vos épées, ignorants !

    Kylian, faisant de même :

    Eh là ! Je vous vois épée en main, Benvolio ! Préparez-vous à faire face à la mort, nom de dieu !

    Elise :

    Je ne fais que vouloir la paix règne. Aide-moi donc dans cette manœuvre, Tybalt.

    Kylian :

    Risible ! Tu discoures sur la paix l'épée en main ! Je méprise ce mot comme je vous méprise, Montague ! En garde !

    Il ouvrit les hostilités et le choc des fers entre les deux camps attira l'attention des citoyens et du chef des Capulet.

    Clara, en robe de chambre et poussant des citoyens :

    Quel est ce bruit ? Une bataille contre les Montague, qu'on me passe une épée !

    Stefan :

    Non, pas une épée ! Pourquoi une épée ? 

    Clara, gesticulant :

    Une épée ! Le vieux Montague arrive en brandissant la sienne pour me narguer !

    Tobias, en robe de chambre et épée en main :

    Capulet, misérable ! Ne me retenez point, ma dame !

    Adrian, le retenant :

    Tu ne feras pas un pas de plus vers ton ennemis.

    Plusieurs spots s'allumèrent pour illuminer la place de Vérone et annoncer l'entrée du Prince Escalus, seigneur de Vérone.

    Chloé :

    Sujets rebelles qui souillent les rues de ma cité, cessez ! Est-ce que personne ne m'entend ? Que chacun jette son arme ensanglanté avant de commettre pire crime. Obéissez et faites face à mon ire ! (tous s'arrêtèrent) C'est la troisième incartade ayant lieu à Vérone et c'est par votre faute, Capulet, comme la vôtre, Montague, perturbant la vie des citoyens. Votre haine irascible prend racine depuis des générations mais il en est trop ! La prochaine sera punie de votre vie. Aujourd'hui, que tout le monde se retire sous peine de mort. Capulet, suivez-moi et Montague, gérez cette affaire au Château de Villafranca.

    Tous se retirèrent de la scène sur la droite sauf Montague, sa dame et Benvolio.

    Tobias :

    Qui a donc réveillez cette ancienne querelle ? Parlez, neveux, étiez-vous présent quand cela a commencé ? 

    Elise :

    Vos hommes et les siennes étaient déjà en garde quand je suis intervenu pour calmer les tensions. Mais Tybalt des Capulet surgit en me défiant. Et tandis que je me défendais, sont arrivés les partisans des deux côtés qui ajoutèrent de l'huile aux feux, jusqu'à l'arrivé du Prince.

    Adrian :

    Où est donc Roméo ? L'avez-vous vu ? Je suis bien rassuré de voir qu'il n'a pas participé !

    Elise :

    Ma dame, très tôt ce matin, je l'ai vu erré sans but près des bois vers l'Ouest mais à mon approche, il prit la fuite. Ne voulant le poursuivre s'il ne voulait point ma présence, je l’ai laissé partir.

    Tobias :

    Voilà bien des jours que je le vois la mine déconfite et soupirante. Le soir, il s'enferme dans sa chambre en tirant les rideaux mais ne parvient à s'endormir comme on le voit faible au matin. Il a besoin d'en parler avant que cela ne lui soit fatal.

    Elise :

    Et connaissez-vous la raison, mon oncle ?

    Tobias :

    Point du tout et personne encore n'a su l'apprendre de lui. Il est maître de sa passion et confident de lui-même. Il est si secret et si impénétrable, si seulement il pouvait nous en confier ses douleurs pour le soulager.

    Les rideaux s'ouvrirent sur la droite où Kenneth s'avança mollement.

    Elise :

    Je le vois venir. Laissez-nous, je vais m'enquérir de son état.

    Tobias et Adrian quittèrent la scène sur la gauche.

    Elise :

    Bonne matinée, cousin !

    Kenneth :

    La journée ne fait-il que débuter ? 

    Elise :

    Neuf heures vient de sonner.

    Kenneth :

    Comme le temps semble long quand l'on est triste !

    Elise :

    Pourquoi ces lamentations ?

    Kenneth : 

    Je suis éperdu d'amour mais celle que j'aime ne daigne retourner mes sentiments !

    Elise :

    Hélas, l'amour a une apparence douce trompeuse, car elle peut être bien tyrannique !

    Kenneth :

    Est-ce que tu ris ?

    Elise :

    Non, cousin, je compatis car il me peine de te voir accablé. Dites-moi donc le nom de cette personne que vous aimez.

    Kenneth :

    Je ne puis le faire sans pleurer. Tout ce que je puis dire est qu'elle est la beauté même, incarne la sagesse et d'une chasteté sans pareille.

    Elise :

    Cesse de te faire du mal et libères-toi de cette attachement en ouvrant tes yeux pour accorder d'autre chance à l'amour. D'autres beautés existent et attendent de ta passion pour elles.

    Kenneth :

    Adieux, si cela était si simple, je ne serais pas là à m'apitoyer ! Cruel vie que je dois vivre avec un cœur brisé.

    La lumière s'éteignit alors que les deux acteurs sortaient de scène. Ani fit allumer un spot en particulier où apparut Sean.

    Sean :

    Alors que le noble Pâris écoutait les projets de Capulet, celui-ci l'invite à son antique fête. Romeo et Benvolio apprennent cet événement quand le valet de Capulet leur demanda de lire la liste d'invité, dont un nom attira leur attention.

    Derrière lui virevolte les dits personnages, suivi par un spot de lumière léger. Tyler et Clara, qui donna une liste à un valet avant de disparaître, puis Kenneth et Elise qui discutèrent avec le dit valet avant que chacun ne quitte la scène.

    Sean :

    De son côté, lady Capulet fait savoir de la fête qui va avoir lieu à son fils Julio, qui n'a pas encore 14 ans, mais dont nourrice insiste que cela se fera dans une quinzaine de jour. Julio prend connaissance des invités et se prépare pour le banquet.

    Un panneau illuminé de guirlande grotesque surgit au-dessus de Sean pour indiquer la date : 15 jours avant Saint-Pierre-Es-Liens, date d'anniversaire de Julio Capulet. Les personnages cités entrèrent en scène pour présenter les faits du chœur, encore une fois suivi par un petit spot.  D'abord Stefan, accompagné de Ruben, puis arriva Matthew, avant que tous ne se séparent à l'arrivée du valet.

    Sean :

    Les festivités débutent et Romeo ne fait qu'arriver avec son cousin Benvolio et leur amie Myriam, parenté au Prince Escalus. Chacun est disposé d'un masque afin de ne pas se faire rejeté par les Capulet.

    Un spot fila pour suivre Kenneth qui avançait sur scène en faisant des gestes dramatiques, vite calmé par Elise et Celia. La dernière demanda à leur valet, joué par Alice depuis le début, de leur fournir des masques, et un second pour elle-même. Masqués, ils quittèrent la scène.

    Tout devint noir à nouveau avant que le décor change grâce à Elias et Ani alluma des spots dispersés pour tamiser l'éclairage afin de donner un air d'intérieur.

    Clara :

    Bienvenus, chers invités ! Il fut un temps où j'ai moi aussi porté un masque pour chuchoter des mots doux à l'oreille de beauté prude. Bien que ce temps fût dépassé pour moi, il ne m'est guère interdit quelque réminiscence. (Remarquant le regard noir de sa dame) Sur ce, que la fête commence !

    Alfred, qui se chargeait de la régie du son caché dans les coulisses, mit une musique de viking festive qui était totalement anachronique à la pièce, mais le public n'avait pas à le savoir.

    Nombre de comédien prirent place sur la piste de danse, acteurs qui avaient déjà joué d'autre rôle tel que Chloé en Escalus mais qui était juste une dame d'un invité grâce au talent costumière d'Albus. Tobias le patriarche Montague et Adrian sa dame qui étaient d'autres invités mâles, ainsi que Harley et Lolie qui étaient serviteurs des Montague et Rose et Laura serviteurs des Capulet en d'autre dames, ayant pour partenaire John, Julius et Scorpius, qui n'étaient pas encore apparus.

    Sean réapparut sur scène en se plaçant devant les danseurs qui n'avaient pas de rôle si ce n'était mettre de l'ambiance et désigna le groupe de Capulet. La musique perdit quelque ton. On voyait Pâris, joué par Tyler, demandait à faire la cour à Rosaline, jouée par Luxchana, au père de celui-ci, joué par Alice.

    Sean :

    Alors que le noble Pâris tombait sous le charme de la belle et ravissante Rosaline, sous les yeux innocents de Julio et Tybalt, Capulet numéro un s'expliquait de sa remarque plus tôt auprès de sa dame. Après avoir obtenu le droit de faire la cour à Rosaline auprès du père de celle-ci, Capulet numéro deux, cousin du premier, annonce la nouvelle aux invités.

    Kenneth :

    Qu'ouï-je ? Ma belle demoiselle décline mes attentions mais permets à ce gentil homme sorti de nulle part le droit de lui faire la cour ? Ô peine, ô tristesse, je me dois de quitter cette endroit.

    Elise :

    Certainement, laisse-moi donc t'accompagner, cousin.

    Kylian :

    Je reconnais cette voix, ce doit être un Montague. Hérésie ! Qu'on m'amène une rapière, je dois abattre ce misérable qui ose insulter notre nom en posant pied dans cette maison, durant un tel moment !

    Clara :

    Hé là, neveux, que t'arrive-t-il ? Pourquoi cette animation ?

    Kylian :

    Il s'agit là d'un Montague ! Nos ennemis, qui ose se montrer à votre fête !

    Clara :

    N'est-ce pas le jeune Roméo ? Eh bien, laissez-le, il se comporte de manière courtoise et possède une bonne image auprès de Vérone. Je ne voudrais pas causer scandale sous mon toit.

    Kylian :

    Mais mon oncle, c'est une honte ! Que je ne tolèrerai pas !

    Clara :

    Qui est le maître de la maison ? Toi ou moi ? Faîtes ce que je dis ou cette insolence va vous coûter cher ! (à un valet et en s'éloignant de Tybalt) De la lumière ! De la lumière !

    Kylian :

    On m'impose la patience sans se douter c'est ce qui nourrira ma rancœur.

    Sean :

    Alors que Tybalt quitte la fête, dissimulant sa fureur, Julio va pour animer la soirée comme son père. Il croise Roméo et Benvolio sur le point de quitter et là...

    Les deux personnages principaux marchèrent jusqu'au-devant de la scène, dépassant le narrateur Sean, et se trouvèrent face à face. La musique festive cessa brusquement alors qu'ils  croisèrent le regard à travers leur masque et tous deux se figèrent alors qu’Elise continuait sans Kenneth.

    Sean :

    C'est le coup de foudre. Malheureusement, avant de pouvoir échanger un mot, nourrice arriva pour quémander la présence de Julio, désirée auprès de sa mère. Roméo a juste le temps de procurer son identité avant de quitter l'endroit avec son cousin, encore plus troublé. Son départ attise la curiosité de Julio qui s'enquiert de son identité auprès de sa nourrice, qui lui informe la tragique vérité.

    Tous les acteurs désertèrent la scène dans une musique de fond. Les lumières s'éteignirent un à un alors qu'il ne restait plus que Sean. Un dernier spot s'estompait alors que Sean prenait une inspiration avant d'entonner d'une voix chantante, sous le projecteur de face.

    Sean :

    Maintenant, Roméo est aimé de la personne qu'il aime, tous deux sous le charme de leur premier regard. Cette passion engendre perte et impuissance chez les deux jeunes amoureux. Roméo a besoin de conter ses peines à son supposé ennemis et jeune et épris Julio, accepte dans une transe et d'inexprimable joie.

    La scène fut plongée dans l'obscurité après ça.

    Une lueur illumina doucement la scène et prit forme de la lune. Lentement, le public découvrit le décor : façade d'une grande maison avec une fenêtre à l'étage ouverte sur un balcon. Une palissade sépare la maison de l'extérieur et Kenneth y sauta par-dessus pour rejoindre la propriété privée. Il traversa un court jardin avant de s'arrêter sous un arbre invoqué par Elias. Pendant qu'il monologuait les paroles poétiques de Roméo sous le ciel étoilé, Laura, en assistance régie-plateau, enchanta une partie de la façade et Matthew y accouru derrière, puis elle l'évita en altitude pour qu'il apparaisse derrière le balcon et ainsi commencer la scène mythique.

    Matthew :

    Oh, Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renies et abandonnes ton nom ou si tu ne le veux pas, promets-moi amour et je le ferai pour toi !

    Kenneth :

    Dois-je l'écouter ou lui parler ?

    Matthew :

    En soi, qu'est-ce un nom ? Roméo est un Montague mais il aurait tout aussi bien être d'un autre nom ! Cela ne le détermine pas ! Un rose embaume l'air mais en changeant de son nom, ça ne changera pas ses capacités ! Roméo restera celui qui a pris mon cœur même en ne s'appelant pas Roméo !

    Kenneth :

    Je te prends au mot ! Et renonces à mon nom ! Je suis dès à présent celui qui t'est destiné, peu importe le nom que tu me donnes !

    Matthew :

    Qui va là ? Caché par la nuit, à écouter mon secret le plus profond ?

    Kenneth :

    Je ne sais me présenter à quel nom puisque je viens d'abandonner le nom que tu détestes. Je serais ce que tu voudras que je sois.

    Matthew :

    Perfides paroles, tu es donc Roméo des Montague. Que fais-tu donc ici ? Les murs du jardin sont difficiles à grimper.

    Kenneth :

    Je l'ai gravi grâce à l'amour.

    Matthew :

    Comment as-tu trouvé le chemin jusqu'ici ? 

    Kenneth :

    C'est l'amour qui m'a guidé près de vous.

    Matthew :

    Est-ce que l'amour va t'aider contre la soif de sang de mes parents quand ils te verront ici ?

    Kenneth :

    L'amour m'aidera à passer cet obstacle.

    Matthew :

    Ils te tueront.

    Kenneth :

    Qu'il le fasse si tu ne retournes point mes sentiments. Car je préférerais mourir que vivre sans ton amour.

    Matthew :

    Grand dieu, tant de mots doux qui me font rêver ! Ne les dis-tu pas parce que tu as entendu mes paroles ?

    Kenneth :

    Je n'avais pas besoin de les entendre pour te déclarer ma passion et ma loyauté.

    Matthew :

    Dis-moi. Dis-moi donc tes sentiments de ta bouche-même.

    Kenneth :

    Tu veux que je le jure ?

    Matthew :

    Point du tout ! Ne jurez point, car les promesses sont faîtes pour être brisées.

    Kenneth :

    Pas les miennes ! Je le vous dis !

    Matthew :

    Ne jurez guère, ou alors en votre personne car c'est votre être qui m'a saisi.

    Kenneth :

    Et vous, la mienne.

    Matthew :

    Je n'ai pas l'âge légal pour vous joindre.

    Kenneth :

    Nous sommes tous deux mâles, qui s'en occupe ? Les grecs le font, la pédérastie, qu'ils appellent !

    Matthew :

    C'est juste, vous m'avez convaincu, je serai à vous le lendemain, après avoir eu mon sommeil ou alors mes parents vont s’inquiéter.

    Kenneth :

    Demain, à l'aube, 9 heures.

    Matthew :

    Certainement. Douce nuit à vous, Roméo.

    Le décor et la lumière changèrent. La pièce, intérieur en brique de la cellule de frère Laurent, ne fut allumée que par une torche. Une silhouette s'y trouvait déjà, en train de prier et Kenneth entra en scène.

    Kenneth :

    Mon père ?

    Julius :

    Quelle est cette voix de si bon matin ?

    Kenneth :

    C'est moi, père.

    Julius :

    Le jeune Roméo. Quoi donc te tourmente-il pour ta présence à cette heure-ci ? Tu n'as sûrement pas eu longue sommeil pour quitter le lit ou alors n'as-tu pas dormi.

    Kenneth :

    Le dernier est juste, mais écoutez-moi donc, mon père. J'ai une grande nouvelle à vous annoncer.

    Julius :

    Est-ce en rapport avec Rosaline.

    Kenneth :

    Par le seigneur, j'ai totalement oublié ce nom. Non, il ne s'agit point d'elle, j'ai cessé de me lamenter après elle. Je viens vous quérir pour une toute autre raison.

    Julius :

    Eh bien, dites-moi donc, mon enfant.

    Kenneth :

    Mon cœur a été fixé par une personne que j'ai rencontré hier soir. Moi et lui partageons de fort sentiment et je souhaite que vous bénissiez notre relation.

    Julius :

    Vous vous êtes débarrassé de vos sentiments pour Rosaline pour en assouvir un autre ? 

    Kenneth :

    C'est réciproque cette fois-ci.

    Julius :

    Pour un garçon cette fois-ci ?

    Kenneth :

    Le beau Julio Capulet.

    Julius :

    Et un autre Capulet ?

    Kenneth :

    Pouvez-vous nous aider à nous unir ? Cela pourrait changer la haine que vouent nos deux familles.

    Julius :

    Absolument pas. Le vieux Capulet aurait tôt fait de vous décapiter plutôt que de vous céder son fils unique.

    Kenneth :

    Mais nous nous aimons.

    Julius :

    A la bonne heure.

    Kenneth :

    Julio a dit qu'il abandonnerait les siens pour qu'on vive ensemble.

    Julius :

    L'a-t-il dit ?

    Kenneth :

    Il l'a dit. Nous allons nous retrouver à 9 heures.

    Julius :

    Cette information change tout. Allons-y.

    Le décor changea, c'était en extérieur. Benvolio et Myriam entrèrent sur scène par la gauche et parlèrent de Roméo qui arriva après, tout guilleret.

    Celia :

    Heureuse nouvelle, mon bon Romeo ?

    Kenneth :

    Ce le sera dans quelque heure.

    Elise :

    Eh là, pas de précipitation. Dis-nous où es-tu passé hier soir après nous avoir abandonné ?

    Kenneth :

    Dû à la découverte troublante d'hier, je me suis empressé de prendre ma retraite, vous pouvez m'excuser certainement.

    Celia :

    Je comprends, l'ami. Cependant, tu dois savoir que tu as reçu une lettre tôt ce matin envoyé par Tybalt.

    Kenneth :

    Eh bien ? 

    Celia :

    Il te convie à le voir pour quelque raison.

    Kenneth :

    Est-il vrai ?

    Celia :

    Certainement.

    Elise :

    Peut-être qu'il t'a reconnu, hier.

    Kenneth :

    N'importe, l'heure passe et je dois aller à mon propre rendez-vous.

    Elise :

    Dans ce cas, fais vite ! La journée est chaude et les Capulet sont assurément sortis à cette heure-ci. Et dans les jours de chaleur, le sang est furieusement excité ! (Roméo est sur le point de sortir)

    Un soudain son éclata, surprenant le public et les acteurs. Une figure apparut du côté droit, Tybalt.

    Kylian, une épée en main :

    Pas si vite !

    Kenneth :

    Tybalt, que me veux-tu !

    Kylian :

    Bats-toi si tu es un homme, pour l'humiliation que tu nous as donné en t'infiltrant à notre fête hier soir !

    Elise :

    Qu'est-ce que je disais.

    Celia :

    Allons, pas d'affolement, nous pouvons régler cette histoire sans rencontrer le fer.

    Kenneth :

    Cela est vrai et je ne voulais aucunement vous humilier en agissant de la sorte, crois donc en ma parole.

    Kylian :

    Jamais ! Que dieu témoigne ma faiblesse le jour où cela arrivera !

    Kenneth :

    Eh bien, elle arrivera bien vite car le Prince a exigé qu'aucun pugilat n'ait lieu dans la cité, encore moins en public.

    Kylian :

    Qu'importe ! Là, je me dois d'honorer le nom des Capulet ! En garde, si tu veux faire de même pour les Montague !

    Celia :

    Suffit !

    Kenneth :

    L'honneur des Montague ? J'aurai souhaité de tel chose n'ait pas à sortir de ta bouche !

    Kylian :

    Mais je l'ai fait ! Bats-toi ou il en serait ta perte ! (Croise le fer car Roméo se défend) Misérable !

    Celia :

    Assez ! Ou je fais venir le Prince ! (les deux l'ignorent et la lame de Tybalt la touche alors que Roméo esquive) Ah ! Je suis touchée !

    Elise :

    Myriam ! Maudit Tybalt ! Tu oses t'en prendre à un innocent !

    Celia :

    Qu'on m'amène un chirurgien, je me sens faiblir, je perds mon sang, je suis perdu...

    Kenneth, s'approchant de ses amis :

    Myriam !

    Kylian :

    Nous n'avons pas fini, Montague ! (croise à nouveau le fer)

    Elise :

    Myriam ! C'est fini, Roméo, on l'a perdu !

    Kenneth :

    Tybalt ! C'est de ta faute ! (l'abat) Oh Grand dieu, que vient-il de se passer ? 

    Elise :

    Malheureux, Romeo, fuis ! Toute l'incartade a été vue par des citoyens curieux ! Vas-t-en quand tu as le temps !

    Kenneth :

    Oh, Myriam... et j'ai tué Tybalt...

    Elise :

    Fuis, Roméo !

    Roméo s'enfuit de la scène, vierge de sang pour ne pas traumatisé les plus jeunes, vers la droite sous une musique d'action haletante alors que le Prince, Capulet et sa dame entraient sur la gauche.

    Chloe :

    Que vient-il de sa passer ? Est-ce Myriam que je vois ? Mon enfant ! 

    Stefan, accourant au corps de Kylian :

    Tybalt ! Mon neveu ! Le fils de mon frère ! A terre !

    Clara :

    Par tous les bontés divines, que s'est-il passé ?

    Stefan :

    Qui a osé tuer Tybalt ? Qui ?

    Elise :

    Romeo, ma dame.

    Clara :

    Montague ? Ton cousin, Romeo ?

    Chloe :

    Qu'en est-il de Myriam ?

    Elise :

    Il s'agit de Tybalt, ci-présent.

    Chloé :

    Expliquez-vous ! Qui a commencé ce rixe !

    Elise :

    Le défunt Tybalt. Il est venu chercher querelle auprès de Roméo et notre amie Myriam est intervenue. La blessure lui fut fatale et elle succomba. Roméo fut consumé par la vengeance et abattit Tybalt.

    Stefan :

    Il est parent du criminel ! Nous ne pouvons le croire ! Roméo a tué mon neveu, je veux sa vie en retour !

    Chloé :

    Et votre neveu a pris la vie de mon parent. Je pense que justice a été fait, aussi pour cela je condamne Roméo Montague à l'exil !

    Elise :

    Miséricorde.

    On sonna le glas à la fin de cette scène alors que la lumière disparaissait. Lentement, la scène reprit couleur et le décor reprit l'aspect du jardin des Capulet.

    Matthew :

    C'est étrange, neuf heures a sonné et Roméo n'apparait pas. Est-ce que tout ceci n'a été qu'un rêve et que nous ne nous sommes rien promis ? Je lui avais pourtant dit de ne rien juger. Je divague, je n'ai parlé qu'à un Roméo de mes songes.

    Ruben, accourant avec expression troublé :

    Jeune maître, jeune maître !

    Matthew :

    Nourrice, que t'arrive-t-il ?

    Ruben :

    C'est terrible, terrible ! Un tragique incident est survenu pas plus tôt que tout à l'heure ! La guerre entre Capulet et Montague a pris de la gravité !

    Matthew :

    Montague ? Que s'est-il passé ? Dis-moi, donc, nourrice !

    Ruben :

    Il est mort, mort ! J'ai vu son corps en sang et vos parents pleurent la disparition de votre cousin Tybalt 

    Matthew :

    Tybalt ! Qui l'a tué ?

    Ruben :

    Montague ! Roméo Montague !

    Matthew :

    Quoi ! Roméo ?

    Ruben :

    Quelle tristesse ! Nous perdons un gentil homme comme Tybalt et le Prince n'a fait qu'exiler ce meurtrier !

    Matthew :

    Romeo, exilé ? Comment est-ce possible ?

    Ruben :

    Un témoin dit qu'il a abattu notre bon Tybalt pour défendre la mort de Myriam, le parent du Prince, c'est pourquoi la sentence a été tordu pour ce scélérat.

    Matthew :

    Seigneur, quels sont ces nouvelles que tu m'amènes.

    Ruben :

    Vos parents m'ont dit de vous informer, ils pleurent les derniers larmes de leur corps, voulez-vous les rejoindre ?

    Matthew :

    Non, je, j'ai besoin de temps seul.

    Ruben :

    Je comprends, vous étiez proches du jeune Tybalt.

    Matthew, seul :

    Oh, même si hier soir n'était pas un rêve, je ne puis croire ce qui vient de se passer à l'instant soit vrai. Roméo ! Tueur de Tybalt ! Exilé de Vérone ! Je ne puis croire cela.

    Alors que le drame était à son apogée, le soleil continuait de briller, tellement que le prochain décor apparut en un éclat. C'était à nouveau la cellule du frère Laurence.

    Kenneth, voyant frère Laurence entrer :

    Alors, quel est la sentence ?

    Julius :

    Pas mauvaise. Le Prince, en apprenant que vous avez défendu l'honneur de son parent, a fait une exception dans sa proclamation et ne fait que vous bannir de Vérone.

    Kenneth :

    Banni ! Et vous me dites que ce n'est pas mauvais !

    Julius :

    Eh bien, vous vivez.

    Kenneth :

    Mais qu'est-ce la vie loin de Julio !

    Julius :

    Comme elle a été avant que vous ne vous amourachez d'un Capulet.

    Kenneth :

    Vous ne direz pas ça si vous avez été jeune comme moi, et comme moi tombé sous le charme de Julio puis avoir les sentiments partagés !

    Julius :

    C'est vrai, mon unique idole n'est autre que notre seigneur à tous, qui je prendrai soin de prier pour vous.

    Kenneth :

    Je ne peux pas partir comme ça sans rien faire ! Je dois au moins revoir Julio une dernière fois.

    Julius :

    Vous n'avez guère le temps pour ça, jeune inconscient !

    Kenneth :

    Alors je préfèrerais encore la peine de mort !

    Julius :

    Quel dramatique ! Eh bien, soit, allez donc voir votre Julio ! Mais quittez Vérone avant le matin.

    Les deux quittèrent la scène chacun de leur côté et la lumière s'estompa alors que le narrateur montait sur scène pour se mettre devant les deux amoureux, dans la chambre de Julio.

    Sean :

    Ainsi, les deux passèrent la nuit à s'assurer que ce n'était pas un rêve et s'expliquer de leur sentiment alors même qu'un était meurtrier, bien que Tybalt fût quand même un rustre. Ils passèrent aussi la journée du lendemain ensemble, car les Capulet devait faire les funérailles pour feu Tybalt et que Julio a prétexté suffocant pour y assister. Au soir, cependant, Roméo dût partir car il l'avait promis au frère Laurence, mais comme ils auraient voulu rester ensemble. C'est pourquoi après une discussion houleuse avec ses parents, Julio décida de quitter les siens pour suivre l'exilé.

    Sean, Clara, Stefan et Matthew furent plongés dans le noir alors que la scène changeait. On retrouvait la cellule du frère Laurence, tôt dans la journée du lendemain.

    Julius :

    Mon cher enfant, comment vous portez-vous ?

    Matthew :

    Mal ! Je ne puis continuer ainsi et Roméo n'est parti que depuis une nuit.

    Julius :

    Une nuit, vous dites ?

    Matthew :

    La plus terrible des nuits ! Je dois faire quelque chose ! Je songe à m'exiler aussi pour le rejoindre, pouvez-vous m'assister dans cette manœuvre ?

    Julius :

    Cher enfant.

    Matthew :

    Le pouvez-vous ou non ?

    Julius :

    Avez-vous bien réfléchi ? Vous êtes prêt à abandonner les vôtres pour quelqu'un que vous venez de rencontrer.

    Matthew :

    Mais il s'agissait là d'une rencontre destinée, nous avons été mis sur le même chemin fait l'un pour l'autre, il n'en est possible autrement, sinon quoi la mort.

    Julius :

    Eh bien, quel dramatique ! Soit, cependant, fuguer ne serait pas une bonne idée, j'ai ici une médicine qui peut vous faire paraître comme mort pendant 42 heures. Ni souffle, ni poule ne sera détecté mais seulement pendant le temps imparti. On va faire comme ceci : une fois rentré chez vous et informé vos parents de votre présence ici pour prier votre cousin, vous vous parez de plus beau parure et avant de vous coucher, avalez-le. Votre famille emmènera votre corps au tombeau de la famille Capulet, vous pensant définitivement perdu et Roméo sera là à votre réveil.

    Matthew, prenant la fiole :

    Il en sera ainsi, bientôt je serai réuni avec Roméo pour toujours !

    Frère Laurence quitta la scène en même temps que son décor alors que le public suivait Julio qui retournait chez lui en gardant la fiole près de lui. Arrivant chez les Capulet, le patriarche et sa dame ainsi que la nourrice, entrèrent sur scène pour l'accueillir.

    Clara :

    Eh bien, où étais-tu mon enfant ?

    Matthew :

    Au confessionnal. Je devais passer des prières pour mon cousin parti.

    Stefan :

    Cher enfant, je comprends votre peine !

    Matthew :

    Bien sûr, madame ma mère.

    Ruben :

    Allons, votre tristesse est des plus raisonnables, vous étiez certainement proche avec votre cousin Tybalt.

    Clara :

    Hélas, pleurer ne le fera pas revenir, tâchez donc de vous reposer, vous devez être en forme en tant que futur chef des Capulet.

    Matthew :

    Bien sûr.

    Il quitta les siens sur ces dernières paroles et alors que la nuit tombait, on le voyait avaler la potion à grande goulée.

    Sean :

    A l'aube, les Capulet découvrirent avec désarroi que leur fils unique n'était plus et dont le corps rejoignit le tombeau familial, côté de de son cousin Tybalt.

    La lumière s'éteignit pour se rallumer de sorte à ce que cela fasse soleil, le décor avait changé en une rue vide, avec seulement une échoppe fermée de visible.

    Kenneth :

    J'ai eu un rêve plein d'espoir où Julio apparaissait. Où il me trouvait et nous devenions tous deux empereurs, vivant heureux jusqu'à la fin des temps. Douce songes que j'aurai voulu vivre. (Voit Balthazar arriver) Oh, des nouvelles de Vérone !

    Lolie :

    Sire, me voici vous délivrer des nouvelles.

    Kenneth :

    Dites-moi tout ! Comment vont mon père et ma mère ? Et mon Julio ? Est-il heureux ? Car rien ne me vaut un Julio heureux, qui me promet bonheur.

    Lolie :

    Heureux, sire ! Je pense que l'on peut dire qu'il est dans un sommeil heureux éternel ! Son corps repose dans le tombeau des Capulet et son âme immortel repose auprès des anges. Dès que j'ai vu son corps être déposé dans le caveau de sa famille, je me suis mis en route pour en informer, monsieur !

    Kenneth :

    Est-ce ainsi ? Eh bien, je vais devoir rédiger une lettre et me mettre en chemin. N'as-tu pas de lettre pour moi ?

    Lolie :

    Non, monsieur.

    Kenneth :

    Bah, qu'importe, prépare-nous des cheveux, nous retournons à Vérone pour une dernière fois. (Une fois seul :) Misère et malheur, je savais que je ne pouvais quitter Vérone ! (vers le ciel :) Astres, vous pensez que cela va m'arrêter ? Vous avez tort ! Je me souviens d'avoir vu un apothicaire et sa collection incongrue, assurément il a en sa possession du poison. La loi interdit la vente à Mantoue, mais il a besoin d'affaire, le gueux !

    Il s'avança et le décor bougea avec lui. Il était devant l'échoppe à la porte ouverte. Scorpius se tenait derrière un comptoir, vêtu et déguisé comme un vieux vendeur de manière méconnaissable.

    Kenneth :

    Holà, l'apothicaire, mon ami, j'ai ici une grande somme pour t'acheter une dose de poison. Très efficace, qui achève le plus vite et violemment possible !

    Scorpius :

    J'ai ce que tu recherches, mais si je te le vends, c'est la loi qui va me chercher.

    Kenneth :

    N'ai crainte, cela ne sortira pas entre nous deux ! Tu as besoin de cette argent et j'ai besoin de ce poison, faisons affaire sans problème !

    Scorpius :

    Mettez ceci dans le liquide que vous voudrez et vous serez expédié immédiatement.

    Kenneth :

    Fort bien ! Tu es dorénavant riche de quelque argent, prends soin de t'engraisser ! (une fois seul :) Ce poison, je vais m'en servir une fois auprès de Julio, ainsi, je serai sûr de le trouver à l'au-delà.

    La lumière disparut et le décor du frère Laurence fut en place une dernière fois. John arriva alors que Julius attendait.

    John :

    Frère Laurence !

    Julius :

    Frère Jean, as-tu bien délivré ma lettre à Roméo ? A-t-il écrit ? Si oui, passe-moi sa lettre.

    John, sortant une lettre :

    Il y a eu un empêchement quand j'ai voulu demander un frère de m'y accompagner, on a été confiné dans une maison où les inspecteurs de la ville soupçonnaient être infesté par la peste.

    Julius :

    Qui a donc porté ma lettre.

    John :

    Moi. Elle n'est juste pas arrivée à destination.

    Julius :

    Malheur ! Il ne s'agit pas d'un quelconque courrier de moindre importance, le contenu est d'une urgence gravissime.

    John :

    Ce doit un signe du seigneur.

    Julius :

    Je ne souhaite de tel augure ! Il me faut me mettre en route sur le champ.

    John :

    Faites attention à vous.

    Julius :

    Ce n'est point à moi que je dois m'inquiéter. Je dois écrire une lettre à l'adresse de Roméo et la laisser dans ma cellule pour l'en informer car le réveil de Julio est pour bientôt.

    Alors que les deux moines sortaient de scène avec le spot les suivant, le décor changea rapidement pour un cimetière, dont s'élevait le tombeau des Capulet. Romeo et Balthazar arrivèrent avec leur différence de taille.

    Kenneth :

    Nous voici à l'endroit où se trouve le corps de mon Julio. Laisses moi ici et ne cherches pas à m'interrompre. Si par le ciel, tu oses revenir ici, saches que je n'hésiterai pas à te déchiqueter en lambeau.

    Lolie :

    Je m'en vais, monsieur. Jamais je ne songerai à troubler vos desseins.

    Kenneth :

    C'est ainsi que tu me prouveras ton dévouement. (Lui lance sa bourse) Prends et vas ! Prospères si tu le peux, il s'agit de nos adieux.

    Lolie, s'éloignant :

    Je vais rester car sa mine et ses intentions m'inquiètent.

    Kenneth, levant le levier pour enfoncer la porte du tombeau :

    Horrible gueule qui garde mon précieux, je vais forcer le passage et t'offrir une nouvelle proie.

    Il s'avança en même temps que le décor changeait avec lui. En même temps, le son sinistre de son avancée l'accompagnait pour une ambiance encore plus macabre.

    Kenneth :

    Oh, Julio ! La dernière fois que je t'ai vu, tu baignais sous le soleil couchant et me souriait, pleine de vie. Maintenant, tu es pâle et froid, allongé dans cette endroit aussi mort que toi. Rassures toi, je te rejoins.

    Il ouvrit le flacon de poison et le termina d'un coup sec. Tout de suite, il tomba au-dessus du torse de Matthew, toujours inerte. Un voile sombre les recouvrit alors qu'à l'extérieur du tombeau, Julius accourait et croisa Lolie, agenouillée et essayant d'entendre quoique ce soit du tombeau.

    Julius, l'éclairant :

    Qui est là ?

    Lolie :

    Un ami, mon frère !

    Julius :

    Mon enfant, que faites-vous ici ?

    Lolie :

    Mon maître Roméo se trouve à l'intérieur pour affaire et m'a demandé de m'en aller, mais je m'inquiète car cela fait une demi-heure qu'il s'y trouve et rien ne se passe.

    Julius :

    Doux Jesus. (Accoure à l'intérieur avec le décor qui change avec lui en même temps que la voile est retirée) Oh, Roméo, mon enfant ! Tu as été trop rapide ! Et Julio qui ne se réveille pas. (éclaire le couple) Oh, il remue !

    Matthew :

    Mon frère, où se trouve mon seigneur ? Je sais me trouver au tombeau familial mais où est-il ?

    Julius :

    Chère enfant, je suis désolé de t'apprendre que tout ne se passe pas comme prévu. Roméo est là, gisant près de toi. Car étant revenu à Vérone sans avoir connaissance de ma lettre, il a cru en votre perte pour de vrai et s'est donné fin, de désespoir.

    Matthew :

    Que de malheur ! Il s'est ôté la vie, vous dites ? Avec ce poison ? (il ramasse le flacon et le porte aux lèvres) Plus rien ! Il a fallu qu'il soit égoïste !

    Julius :

    Julio, mon enfant, ne faites rien d'inconsidéré. Venez avec moi, plutôt. Si on découvre le vandalisme du tombeau ainsi que le corps de Roméo, le désastre n'en sera que plus grand !

    Matthew :

    Peu m'importe, je ne serai plus présent pour m'en soucier. Voici le poignard de mon aimé, il va me servir pour le rejoindre.

    Il se frappa et tomba aux côtés de Kenneth. Julius lâcha sa torche sous le choc, ce qui attira finalement Lolie, bien qu'hésitante.

    Lolie :

    Mon frère ? 

    Julius :

    Vas réveiller le Prince, ainsi que les Montague et Capulet. Tout le monde doit être prévenu de ce qui s'est passé ce soir.

    Alors que Lolie quittait la scène, Julius arrangea les deux corps pour qu'ils fussent plus confortables même une fois trépassés et signa grossièrement, n'étant pas croyant.

    Sean :

    Une rumeur grandit dans le fond, mais frère Laurence ne cesse pas son travail, car il doit montrer la gravité des événements. Le servant Balthazar revint avec le Prince Escalus, Montague et le couple Capulet, tous sortis de lit à la hâte.

    Chloé :

    Qu'est-ce ceci ? A une heure indue de la nuit ?

    Clara :

    Pourquoi ces clameurs ?

    Stefan :

    Le peuple crie le nom de Roméo et Julio dans les rues et tous jettent l'alarme à notre monument.

    Chloé :

    Frère Laurence, qu'est-ce que cela signifie ?

    Julius :

    Mon souverain, voici Roméo mort et voici Julio, qui avait jusqu'ici prétendu, récemment tué.

    Stefan :

    Tué ? Par qui ?

    Julius :

    De ses propres mains.

    Montague arriva à ce moment, seul.

    Chloé :

    Approche, Montague, tu es arrivé pour voir ton héritier, couché avant l'heure.

    Tobias :

    Hélas, mon suzerain ! Ma dame a suffoqué du départ de notre fils, justement ! Mais que veux-tu dire par avant l'heure ?

    Chloé :

    Vois de tes yeux.

    Tobias, reconnaissant Kenneth :

    Malapris ! Qui t'a permis de partir avant ton père !

    Julius :

    Tout impuissant que j'étais, j'ai vu le jeune Julio s'ôter lui-même la vie en apprenant la mort de son aimé Roméo.

    Chloé :

    Dites-nous tout ce que vous savez.

    Julius :

    Il y a quatre jours, Roméo est venu me confier de son affection pour Julio, qui partageait ses sentiments. Aussi, la mort de Tybalt et l'exil forcé de Roméo causa un grand désarroi le jeune couple. Julio vint me voir il y a deux jours de cela, me confiant son intention de quitter Vérone pour rejoindre son Roméo et nous avons concocté le plan de sa fausse morte. Mais Roméo ne prit pas connaissance de ma lettre et crut à sa vraie perte et nos voici.

    Chloé :

    Qu'en est-il de toi ? Le valet de Roméo ?

    Lolie :

    J'ai annoncé la mort de Julio à mon maître, aussitôt il a pris la poste, a quitté Mantoue et est venu ici. Il m’a aussi chargé de remettre la lettre à son père et de le laisser seul sous peine de mort.

    Chloé, lisant la lettre :

    Cette lettre confirme les paroles du moine. En apprenant la mort de son aimé, Roméo acheta du poison à un apothicaire et s'est rendu ici pour se reposer auprès de Julio. Capulet ! Montague ! Voyez ce que votre haine a causé à ces pauvres enfants ! Et moi, pour avoir fermé les yeux trop longtemps, j'ai aussi perdu un parent ! Nous sommes tous punis.

    Clara :

    Oh, Montague, mon ami, donne-moi ta main. Voici la douane de ma fille, je n'ai rien à te demander de plus.

    Tobias :

    Moi, je t'offre en plus une statue en or pur à l'effigie de ton fils. Tant que Vérone garde son nom, il n'y aura pas de figure plus honoré que le loyal et fidèle Julio.

    Clara :

    Je veux que la statue de Roméo soit érigée auprès de lui pour montrer que deux hommes peuvent s'aimer d'un amour admirable !

    Stafan :

    Mais avant, nous allons nous réconcilier en joignant le mariage de Rosaline et du comte Pâris.

    Chloé :

    Ce matin apporte une paix sinistre. Il y aura des graciés et des punis, car jamais aventure ne fut plus douloureuse que celle de Julio et Roméo.

    Sean :

    Ainsi, la tragique fin de Julio Capulet et Roméo Montague est embelli par le bonheur d'une union innocente. Fin.

    Puis, il répéta parce que personne ne réagit :

    " Fin ! "

    Lentement, un applaudissement s'éleva, entraînant d'autre tout aussi hésitant. Finalement, tout le monde s'y pris et l'ovation dura autant que les acteurs se rejoignirent tous sur scène pour faire la révérence deux fois, puis au tour de l'équipe technique qui en fit de même.

    Ani et Ionise (qui se chargeait de prendre la pièce en vidéo) quittèrent leur place derrière le public pour grimper l'estrade, Elias se débarrassa du projecteur et aida Claire, qui était souffleuse, à prendre place à côté de lui, alors qu'Alfred les rejoignait en traversant le rideau de droite, suivi d'Albus, qui était le costumier et aidait les acteurs à changer de costume lorsque leur rôle le demandait.

    Dans l'auditoire, le public gardait une expression incrédule malgré les applaudissements. Quelque part dans les premiers rangs, où se trouvaient les septièmes années parce que quelqu'un a laissé croire que la pièce leur était dédiée, Raleigh restait sceptique et confus.

    " Qu'est-ce que je viens d'assister ? " Lâcha-t-il quand les applaudissement cessèrent.

    " Une tragédie ", lui répondit seulement Shane Loau.

    Son condisciple ignorait si le chinois était sarcastique. Nolwenn Byrmm, assise de l'autre côté, eut un rire bref.

    " C'est le cas de le dire. Ils ont assassiné l'œuvre. "

    " Techniquement, personne n'a à le savoir puisque c'est une pièce moldu ", lui informa Adrian qui avait entendu.

    " Non, mais de là rendre la pièce de théâtre la plus notoire de Shakespeare gay.... "

    " C'est pour ça qu'on a dit qu'il s'agissait de l'œuvre de V. Shakespeare. Au lieu de W, tu vois ? C’est une parodie, quoi. "

    Nolwenn ne trouva plus rien à répliquer et lui fit plaisir en souriant gentiment.

     

    " Et les rôles féminins distribués aux gars et vice-versa, c'était fait exprès pour amuser la galerie ? " Demanda Roxanne.

    " Oh non ", dit Rose " le choix des rôles s'est fait au tirage au sort, excepté les membres de l'équipe technique qui se sont désistés. Puis, voyant que même le rôle principal a été tiré par un gars, on s'est dit autant changer la nature de l'histoire. "

    Roxanne et son amie Esther restèrent bouche bée un moment.

    " Attends, ce n'était pas l'histoire originale que vous avez joué ? "

    La rousse ne sut que répondre.

    " La trame est la même. On a changé quelque petit chose en ayant deux mâles comme perso principaux. "

    Les aînées préférèrent ne pas insister. Tout était question de si cela a été bien joué et si cela a plu. À priori, tous se penchaient pour la première option. Sauf les né de moldu qui savaient la vérité. Mais bon, le metteur en scène était lui-même un né de moldu, septième fils de surcroit, personne n'allait dire quoi que ce soit.

    C'était au moins une promesse de faite.

    Maintenant, à l'autre promesse.

     

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