• 2

    Condition trouble, dimension double (1)

    30 septembre - 1 Novembre 

    Au milieu de la nuit, la quasi-totalité de l'école magique britannique de Poudlard se réveilla sous l'alarme humaine Annabelle Dorent. Comme la crieuse était dans le dortoir des rouges, la tour de Gryffondor fut aussitôt prise de charivari en reconnaissant le vacarme.

    La question était : Gros danger ou Grande magie ?

    Les élèves se regroupèrent dans leur salle commune alors que la directrice de maison vérifiaient qu'ils étaient tous présents et en entier. Une fois fait, elle envoya un message à sa collègue qui faisait de même à la tour des Serdaigle et une autre au terrier des blaireaux. Elle reçut dans le même temps un message du directeur des Serpentard qui avait déjà fait le compte et rassurait sur le fait que ses élèves étaient encore dans leur sommeil, moins touché par le cri que les autres maisons, étant la plus éloignée.

    Bien heureux les insouciants.

    Un patronus corporel du directeur des Poufsouffle la rassura sur la sûreté des élèves à demi-réveillé, à la fois ensommeillé et en alerte. Le dernier message, par contre n'était pas de très bon augure. Une élève était manquante chez les bleus.

    Gros danger ?

    Une sixième année du nom de Claire Lyu. Dans la chambre de la préfète, cette dernière n'aidait absolument pas en stressant et blâmant son manque de vigilance, elle aurait dû surveiller l'élève instable et pratiquante de magie émérite.

    Ou grande magie ?

    Elle aurait dû garder un œil sur elle, après qu'Alice Heartfilia soit descendue du Poudlard Express après le départ pour aller chercher un camarade perdu. Oh. Et si... Chercher un camarade perdu.

    L'instant d'après un élève de Serpentard vint demander l'état de Lux, l'élève amnésique affiliée à aucune des dortoirs car justement ne se sentant être d'aucune. Le préfet Tyler grinça des dents en apprenant qu'ils n'ont pas de nouvelle. Encore plus quand les Next sensibles désignaient sa chambre comme point d'une importante concentration magique.

    Grande magie.

    Adrian décida d'accompagner un professeur et le directeur pour analyser la situation. Si jamais c'était la signature d'un Next.

    Harry Potter ouvrit précautionneusement la porte de la chambre, baguette bandit et se figea sur le pas de la porte. Neville Longdubat, son compagnon d'arme eut la même réaction, tandis qu'Adrian retint son souffle en serrant la capsule de cendre de Vicky. Qui était doté d’un propre conscience depuis le début de la soirée.

    Dans la pièce, pas de trace de Lux, ni de Claire (on ne sait jamais) mais à la place deux jeunes hommes inconnus s'y trouvaient. Pour une raison ou une autre, Adrian reconnut les deux disparus en eux.

    Définitivement Grande Magie.

    Ils n'étaient pas bien grands, mais d'après leur musculature, ils ont l'air bien entraîné (à moins que ce ne fût que pour faire beau ?). Ils avaient l'air aussi surpris qu'eux et examinaient la chambre comme si cela allait leur donner une réponse et maintenant les regardaient avec surprise pour l'un et méfiance pour l'autre depuis qu'ils les ont interrompu. Le premier était un jeune homme brun à la peau laiteuse et aux yeux d'un mélange indéterminé, un marron pas totalement car trop clair. Il portait un trench coat, jean et basket, son expression était le moins hostile. Le second brun qui les regardait comme des ennemis avait la peau caramel, les yeux plus sombres et les cheveux mi- longs, on aurait dit un asiatique cis gangétique mais il ne fallait pas préjuger. Il portait quant à lui un long manteau qui cachait la plupart de ses vêtements sauf ce qui semblerait être un pantalon de sport et des bottes d'expédition.

    « Qui êtes-vous ? » Réagit l'un des deux garçons.

    Il se mit en position de combat. Le fait qu'il n'ait brandit aucune arme prouvait son décalage par rapport à l'endroit. Il comptait lutter à main nue peu importe qui étaient ses adversaires. Adrian aurait pu rire de son ignorance ou témérité alors qu'il était face à trois hommes armés, d'un bâton de bois du point de vue extérieur mais tout de même armés, mais il ne le fit pas, parce que son instinct lui soufflait que ce gars fût beaucoup plus puissant.

    « C'est plutôt à nous de vous poser la question. Savez-vous où vous trouvez ? » Répliqua Neville en voyant que le directeur préférait étudier les deux ados.

    « Dans une école de magie, non ? »

    « En effet... » Balbutia le directeur adjoint.

    Alors il savait où il était, mais alors pourquoi avoir réagi comme un...moldu ?

    « Évidemment », siffla l'autre, l'humeur se dégradant encore plus si possible.

    Le premier lui jeta un regard blasé avant de retourner son attention vers eux.

    « D'accord, on est dans une école de sorcier, vous utilisez des baguettes pour vous défendre ou faire de la magie et visiblement vous n'êtes pas ceux qui nous ont invoqués. »

    « Invoqué ? » Releva enfin Harry.

    « Ou conjurer... » Reprit le blanc en constatant que le premier terme ne leur invoquait rien (haha, mauvais jeu de mot).

    Mais les trois Poudlariens tiraient toujours une tête suspicieuse alors il embrassa à nouveau la pièce du regard avant de comprendre.

    « ...Ou inter changé. »

    « Si tu as compris quelque chose, expliques. » Siffla le basané à sa connaissance.

    « Malheureusement j'ai bien peur d'avoir mal compris. »

    L'autre le jeta un regard, l'air de dire que lui n'a rien compris. Avant de le laisser rétorquer une réplique cinglante, Adrian décida de calmer le jeu.

    « Mais avant ça, est-ce que vous pourrez... Hum, sortir d'ici ? »

    Sans vouloir être brusque, hein. Mais ils sont juste cinq mâles dans une chambre pour fille.

    Le blanc lui jeta un regard et une lueur indéchiffrable y traversa avant qu'un sourire factice fleurisse ses lèvres.

    « Désolé, on ne peut pas faire ça. »

    « Non ? »

    « Pas tant que vous ne nous aurez pas expliqué où nous sommes. »

    En gros, il les menaçait d'assiéger la chambre. Parce que dégageait ici la magie qui les a 'appelé'. Le septième fils eut la ridicule pensée d'entendre Tyler Zabini siffler de sortir immédiatement d'ici pour atteinte à la pudeur, risible parce que c'était impossible que son camarade puisse avoir connaissance de la situation étant resté dans les cachots pour assurer la sécurité si danger il y avait. Et il semblait il y avait inconvénient, à défaut de danger.

    « On vous l'a dit, quoique vous l'avez deviné de vous-même, que vous êtes dans une école de magie... »

    « Oui, bon, laquelle ? » Grogna le second, très peu patient.

    Adrian les observa sans cligner des yeux quand la réponse fusa avec hésitation.

    « À Poudlard. »

    Et il devait avouer qu'il ne s'attendait pas à leur réaction. Le premier haussa les sourcils de surprise, presque d'agréable, alors que le deuxième accentua le froncement mais tous deux étaient vraiment désemparés.

     

    Comme promis, ils sont sortis de la chambre. Avec un peu de réticence car ils allaient fouler un lieu inconnu, peupler de gens inconnus aux intentions inconnus. Quoique ces points valent aussi pour eux. Sur quel pied allaient-ils danser alors que les deux étrangers semblent visiblement hostiles à la magie, même si le blanc avait l'air d'être plus à l'aise, qui étaient-ils et pourquoi sont-ils apparus dans un endroit où les deux élèves portées disparus seront plus à même d'y être ?

    « Avant tout, qui êtes-vous ? »

    « Désolé, d'où je viens les noms ont un pouvoir magique et on ne peut les décliner sans craindre qu'on puisse en faire quelque chose de mauvais », répondit le premier avec un sourire affable en s'installant confortablement dans le fauteuil face au bureau du directeur.

    C'était évidemment le seul endroit qu'ils pouvaient aller après être sortis de la chambre (qui va devenir un endroit à proscrire). Les personnes présentes étaient le directeur, son adjoint, le concierge (on ne sait jamais au cas où ils sont passés par la porte d'entrée) et les deux éphèbes, les autres étant tous congédiés. Parce qu'il faut dire ce qui est, ils sont beaux.

    « Eh bien, vous pourriez tout de même faire une exception. Nous n'allons pas vous appeler jeune homme... Pour la durée que vous allez rester ici. » Répondit Neville en retournant le sourire.

    « D'ailleurs, je vais me répéter mais... Où sommes-nous ? »

    Au tour d'Harry de leur sourire avec indulgence.

    « À l'école de magie Poudlard, Écosse, Royaume-Unis. »

    « Et donc Harry Potter est... »

    « Juste en face de toi », souffla Arsene Horgs.

    Les deux autres adultes étaient trop choqués pour répondre.

    « Oh. Vous avez pris de l'âge - enfin, vous n'êtes plus tout jeune... Je veux dire, ce n'est pas comme - En quelle année sommes-nous ? » Tenta-t-il de se rattraper.

    « En 2022, septembre, le 30 », répondit l'adjoint au compte-goutte.

    Le directeur étant encore trop surpris et un peu vexé sur le commentaire sur son âge. Oui, bon, il a 42 ans, c'est sûr qu'il n'est plus tout jeune mais il ne manque pas moins d'énergie.

    « Puisque vous semblez connaître le directeur, ne serait-il pas plus juste si vous vous présentez à votre tour ? »

    « En effet... Professeur Londubat... »

    Voyant le hochement de tête du professeur, un sourire triomphant naquit sur ses lèvres.

    « Eh bien, appelez-moi Chris et pour lui, Lu... » Le garçon, qui a été silencieux et qui l'était toujours, le fusilla du regard, le défiant de continuer. « Ou ne l'appelez pas, vous n'aurez pas besoin de l'appeler, il est sage. »

    « Ce qui n'est visiblement pas votre cas », siffla une voix, plus haut.

    « De toute évidence », répondit Chris comme si c'était normal qu'une voix de nulle part entre dans la conversation. « Cependant, j'ai toujours un peu de mal à croire que vous existez vraiment. »

    « Eh bien, crois-le », maugréa "Lu" qui voulait partir d'ici.

    « Oui, je suis bien obligé. En plus, vous êtes directeur de l'école, vous avez compris que poursuivre des mages maléfiques était juste lassant ? J'ai toujours pensé que c'était une carrière trop cyclique pour vous. »

    « Cela a pris du temps pour entrer dans cette cervelle de cornichon », renifla dédaigneusement la voix de plus tôt.

    « Et maintenant vous êtes assis à la place qu'a siégé Albus Dumbledore qui a son portrait juste au-dessus de vous et -oh !- à côté on trouve Severus Rogue. Tiens, il avait un portrait, lui ? »

    « De toute évidence », répliqua Severus d'une voix traînante et tous les occupants du bureau lui jetèrent un coup d'œil avant de se tourner à nouveau vers Chris qui était loin d'être offusqué.

    Et s'il avait fait le lien avec la voix qui commentait chacune de ses réponses, il n'en montra rien.

    « Bien, à présent, entrons dans le vif du sujet : Que faites-vous ici ? »

    « Pour ça, vous auriez eu plus de réponse si vous avez demandé aux deux élèves qui ont pris notre place et inversement. »

    « Êtes-vous en train d'insinuer que deux de nos élèves sont à l'origine de cette situation ? »

    Le sourire de Chris se figea et ses traits exprimèrent de l'affliction.

    « Par Serpentard, que vous êtes lents, Potter ! C'est ce qu'il vient de dire ! »

    Le chef de l'école ignora la remarque cinglante pour poser une autre question.

    « Avez-vous une solution pour y remédier ? »

    « Ça, c'est à vous de nous y répondre. Vous êtes l'adulte responsable, ici. »

    Lu, dont la patience semblait être venu à bout, déclara une chose pour clore la conversation :

    « De toute évidence, on en aura pour un bon moment avant de trouver une solution, autant qu'on prenne un peu de repos avant d'entrer dans des explications. »

    Tout le monde accorda une certaine validité à cette remarque et même le portrait -les autres semblant dormir- se retint de commentaire à moins que ce soit le regard trop profond de Lu qui l'en dissuada.

    « Eh bien, nous avons bien le quartier Sud à vous proposer... » Déclara Harry avec incertitude.

    « Merci de votre accueil. »

    Sur le point de se quitter au moins pour ce soir, Chris se leva à la suite de son compère mais se tourna une dernière fois vers le directeur alors que le concierge allait de ce pas les accompagner à leur lieu de résidence.

    « Au fait, qui est le blond qui est venu nous accueillir ? »

    Les deux directeurs s'échangèrent un regard.

    « Adrian. »

    Chris eut un sourire ironique.

    « Ah oui, le pouvoir des noms. Bonne nuit, messieurs. »

    Bien que souhaité avec un sourire, la voix avait un ton qui donnait froid dans le dos.

    Le quartier sud était la partie la moins fréquentée sans que cela ne devienne un coin condamné. Il n'y avait juste pas de salle commune et les seules salles utilisées sont pour le cours de runes anciennes et d'étude de moldu. Respectivement au premier et troisième étage.

    Présentement, ils se dirigeaient vers la quatrième. En grimpant les marches capricieuses, Lu jeta un regard à son compagnon d'infortune.

    « Je sais que tu m'entends. J'aimerai qu'on se parle, Adrian. »

    Furent les mots qu'il parvint à lire sur ses lèvres.

    Ils arrivèrent devant une porte qui semblait tout à fait simple mais auquel Chris eut un sourire narquois, l'air d'en savoir plus que les deux autres. Et probablement il en savait.

    Derrière la porte, un mobilier très chic les attendait faisant office de salon accueillant, deux autres portes intérieures s'ouvraient sur des chambres spacieuses et non-emménagées ou du moins avec très peu de meuble et une salle d'eau était attenante à chacun. Des personnes normaux auraient pu être choqué qu'on leur offrait un palace alors qu'ils n'étaient que des étrangers et vraiment suspects mais ces deux-là trouvaient cela tout à fait normal, l'air de dire qu'ils méritent de vivre dans une suite et nul part ailleurs même s'ils sont indésirables.

    Après un nouveau souhait aussi déplacé que le précédent, le concierge les conseilla de directement dormir, car ils auraient tôt fait de fournir des réponses.

    La porte se ferma derrière lui, laissant un silence lourd entre deux jeunes hommes coincés au même sort mais ne semblant pas prêt à coopérer.

    « T'étais où ? » Commença Chris.

    « Au camp. Et toi, à l'école. »

    « Sauf que je n'ai rien fait. Pas comme s'ils me laisseront alors que je suis sur leur terrain. »

    « Pourtant on est ici. »

    « À toi de me répondre. Tu sembles bien calme alors qu'on est dans l'antre de 'l'ennemi'. »

    Ils se toisèrent.

    « Pas de réponse ? » Provoqua Chris avec défis, puis il fit volte-face et lança en direction de la porte : « C'est ouvert ! »

    Alors qu'aucun son n'a été réalisé. La porte s'ouvrit lentement, aussi doucement qu'elles s'étaient ouvertes plus tôt et un blond entra doucement dans le salon.

    « Tu as tardé, Adrian. »

    « Désolé, je devais m'assurer que tout le monde s'est bien endormi. »

    « Ça va, détends-toi, on ne va pas t'attaquer. »

    « Vous n'êtes non plus détendu. »

    « Tu as déjà vu des étrangers se détendre dans un lieu qui leur est inconnu sans qu'ils sachent comment ils y sont parvenus ? »

    Adrian haussa les épaules en signe d’assentiment. Jamais vu, en effet. Chris eut soudainement un sourire en voyant que le blond transpirait toujours la prudence.

    « Tu n'as pas à t'inquiéter de ce que je viens de dire. Les ‘ennemis’ ne vous désignaient pas particulièrement. Du moins, pas toi. »

    Adrian se força un sourire rassuré sous l'affabilité déconcertante que faisait preuve son interlocuteur, qui ôta son manteau en voulant se mettre à l'aise. Sauf qu'il frissonna.

    « Il fait froid en Écosse. »

    « Nous sommes en automne et avec la fonte des glaces, il ne fait en effet pas bien chaud. Ce n'est pas le cas... D'où vous venez ? »

    « Il ne fait pas si frisquet à New Hampshire. Du moins, pas quand je l’ai quitté. Ni en Californie, je crois. » Répondit Chris en s'affalant sur un fauteuil rouge.

    Il jeta un regard en direction de son congénère pour s'assurer de ne pas avoir trop dit, mais celui-ci continuait d'observer silencieusement le blond depuis qu'il était arrivé.

    « Je crois que tes deux amis se sont trompés dans leur formule. »

    « Je l'ignore, je n'étais pas au courant de leur projet. »

    Le sourire aimable de Chris fana un peu, ses espoirs de retour venaient de s'envoler. Il fronça les sourcils dans une tentative de concentration vaine avant de jeter un coup d'œil concerné vers l'élève.

    « Est-ce que tu te sens bien ? »

    Adrian leva un regard confus sur lui.

    « Tu n'as pas l'impression que ta magie fait des siennes ? Tu as la moitié de tes pouvoirs bridée. »

    Ouvrant la bouche de surprise mais surtout tétanisé par la nouvelle, aucun son n'en sortit. Alors ce que lui a fait Link était resté ? Voyant son incapacité à poursuivre la conversation, Lu coupa court à la conversation en faisant comprendre à l'autre qu'il était temps de se retirer.

    « Je pense que nous pourrons en discuter davantage demain après s'être reposé. »

    Adrian se tourna vers lui et fut déstabilisé par le regard pénétrant et cerné que l'autre dardait sur lui, il ne put qu'aller dans son sens. Lui-même n'était plus en état de rester vigilant.

    « Ça risque effectivement d'être une longue journée », approuva-t-il en reculant vers la porte, il l'ouvrit sans quitter ses hôtes des yeux. « Reposez-vous bien. »

    « Toi aussi. Fais attention. »

    Supposant qu'il parlait du fait qu'il y aurait probablement des rondes et qu'il devait être attentif s'il ne voulait pas se faire repérer, Adrian acquiesça avant de fermer la porte, toujours les yeux posés sur eux. Ce qui le rendait passablement ridicule mais les deux adonis ne commentèrent pas. Une fois dans le couloir, il préféra le chemin de sécurité et sauta par la fenêtre qu'il avait au préalable laissée ouverte pour faire le chemin du retour. Il ne sut comment interpréter les dernières paroles qu'il entendit.

    « Prends tes aises, il n'y a pas de piège. » Invita Chris.

    Ce dont Lu répondit d'un grognement.

     

    Huit heures tapantes, les élèves étaient tous en cours dans une ambiance de lourdeur. Après tout, ils auraient bien voulu savoir ce qui s'était passé la nuit dernière pour les avoir réveillé en sursaut. Et le fait que le directeur ne s'était pas montré au petit déjeuner n'était pas très rassurant. Annabelle, qui a été le précurseur, était au moins soulagée de savoir que son frère et ses amis allaient bien. Aussi, elle en vint également à la conclusion de la manifestation d'une grande magie.

    Dans son bureau, Harry devait avouer qu'il n'avait pas vraiment eu la chance de se reposer comme l'a proposé un de ces jeunes hommes, Lu. Il s'était réveillé avec un sacré mal de crâne avec des suppositions qui lui vrillaient le cerveau mais aucune ne lui semblait cohérente bien que Chris ait donné un début de supposition. Celui-ci, d'ailleurs, débarqua la bouche en cœur avec son acolyte, accompagné évidement par le concierge.

    « Bien le bonjour Chris et Lu. J'espère que vous vous êtes bien reposés. »

    « Certainement plus que vous, sans vouloir vous offenser. »

    L'offense est faite, aurait voulu répliquer l'adulte avant de se contenir en se rappelant qu'il était justement un adulte. En plus de l'avoir traité de vieux, le jeune Chris avait un franc-parler ingénu qui semblait très mesquin.

    « Il est donc inutile de vous cacher que votre problème m'a beaucoup préoccupé. » Comme aucun de ses interlocuteurs ne répliqua, il décida de prendre la conversation en main. « En résumé, vous avez changé avec deux de nos élèves. »

    « Oui et elles ont dû se tromper dans leur incantation », répondit aussitôt le caucasien.

    « Voilà justement un point que j’aimerai soulever, donc vous avez connaissance de la magie ? Et du monde sorcier ? »

    « Oui, et cela, grâce à vous. »

    « Moi ? »

    « Eh bien, il y a toute une saga qui conte vos aventures durant votre scolarité à Poudlard. »

    « Et… vous y croyez ? »

    « Bah, il y a certes des rumeurs qui disent que Rita Skeeter se cacherait derrière le pseudonyme J.K.R, et donc la plupart de ses écrits seraient des fabulations, mais je me retrouve bien ici. »

    « Cela peut être une coïncidence… »

    « Je ne crois pas. Et puis, la magie, ça me connait. »

    Avant qu’Harry n’ait pu en questionner davantage là-dessus, Lu intervint :

    « Dans ce cas, il faut que tu retournes sur la scène où tout a commencé pour connaitre ce qu’il en découle. »

    Chris jeta un coup d’œil à Lu, qui ne quittait pas Harry des yeux, avant de lui aussi retourner vers le directeur.

    « Je pense que ça pourrait être un bon début. Est-ce que vous l’avez examiné ? »

    « Je dois avouer que pas encore. L’heure, ainsi que les événements n’y prêtaient pas vraiment. »

    « C’est l’occasion, alors. »

    Il se leva brusquement de son fauteuil et se dirigea vers la porte qu’il ouvrit prestement. Lu le suivit sous le regard un peu décontenancé de l’adulte.

    Ce n’est qu’une fois dans les couloirs qu’il se rendit compte qu’il n’avait pas du tout gérer la conversation. Il venait de se faire mener par le bout du nez par deux jeunes inconnus. Il ouvrit la porte de la chambre de l’élève aussi prudemment que la veille ou quelque heure plus tôt et entra. Avec quelque coup de baguette, il put relever quelque reste de magie puissante, mais non enseigné par l’école. Aucune trace de rituel, cependant.

    « Alors ? » Pressa Lu sans montrer un signe.

    Si Harry connaissait bien les camarades de son fils cadet, il aurait pu mettre cette caractérisation en parallèle avec le fils Zabini.

    « La magie exploitée est une incantation assez complexe qui projetait deux êtres dans une autre dimension, soit la nôtre. Comme on pouvait s’attendre de ce genre de sorcellerie, il fallait un change et comme nous sommes leurs équivalents, on a interchangé de place. Cependant, une chose me chiffonne… »

    « Tu m’en informes quand tu veux », fit l’autre, ironique.

    Harry se garda de lui balancer un « Oubliez-moi aussi, ma présence est inutile. »

    « Au lieu de choisir une destination plus proche, elles ont opté pour la nôtre qui a au moins 13 moins d’écart et dont tout le monde a le sexe opposé. »

    « Donc… » Insista Lu en contemplant la chambre.

    « Nous sommes dans la chambre de ta version féminine, qui a un an de plus que toi. »

    « J’imagine qu’il n’y a pas de solution pour régler ceci ? » Soupira Harry.

    Chris le regarda dans les yeux : « Non, avec mon niveau de magie, je pourrai très bien procéder au rituel de retour pour moi seul mais les filles –nos doubles féminins- étaient deux pour la formule. »

    « Il faudra attendre qu’elles aient terminé ce qu’elles avaient l’intention de faire. Dans notre monde, où ce n’est pas forcément ce qu’elles attendent de voir. »

    Chris jeta à nouveau un bref regard envers son compatriote, comme pour surveiller un volcan prêt à entrer en éruption.

    « Et comment tu as su tout cela… rien qu’avec un regard ? » Demanda Harry, de plus en plus dépassé par les événements. Il faut qu’il se reprenne.

    « J’ai utilisé mon pouvoir de palimpseste et vu ce que les filles ont fait dans cette pièce, il y a –je crois- 7 heures et 32 minutes. »

    Il fronça des sourcils à la fin de sa phrase, incertain, mais c’était surtout le ton relativement critique qu’il avait employé pour le mot ‘fille’ qui poussa Lu à le fusiller du regard.

    « Un pouvoir ? Vous êtes un sorcier ? » Demanda curieusement l’adulte alors qu’il cherchait mentalement la définition de palimpseste. Personne ayant la capacité de lire et décrypter l’histoire d’une pièce.

    « C’est là que ça devient intéressant, mais avant, je dois vous prévenir que les murs ont des oreilles. »

    Harry fit volte-face à l’endroit indiqué par le curieux phénomène que représentait Chris et vit un idéogramme qu’il reconnut comme étant de la rune ancienne. Il ne connaissait pas la signification mais s’il en croyait à leurs invités, on les espionnait et quand la marque disparu, il vit rouge (L’espace d’un instant il comprit les sentiments de sa belle-mère Molly quand Fred et Georges écoutaient aux portes via les oreilles à rallonge.) La seule élève qui était devenu assez douée dans le domaine était en sixième année : Clara Castaglione.

    Se pinçant l’arête du nez tout en songeant qu’il l’avait déjà fait plusieurs fois, Harry sortit de la pièce, sans vérifier que les deux garçons étaient à sa suite, et se dirigea vers la grande salle où il savait que la personne qu’il cherchait y serait. Il ne connaissait peut-être pas un à un tous ses élèves (parce que trois cents, ça fait beaucoup, même si cela a beaucoup diminué fin d’année dernière, deux cents, c’est tout de même un nombre à ne pas négliger), mais il savait qui avait choisi quel option et il était celui qui a fait les emplois, merci bien !

    C’est donc avec surprise que des élèves commençant à neuf heures accueillirent un directeur assez contrarié.

    « Mademoiselle Castaglione. »

    L’espace d’un instant, il regretta de la faire autant remarqué alors que la blonde se cachait piètrement derrière un bol de corn flakes, surtout que deux jeunes hommes lui emboîtaient le pas et dont un qui faisait très attention au nom, mais il se reprit rapidement.

    « Je ne tolérerai plus un autre comportement pareil. Au prochain avertissement, je vous mets en détention. »

    « Vous êtes bien léger sur la sanction, elle a quand même était très irrespectueuse. »

    Clara, qui avait au début acquiescé gentiment, fronça des sourcils en jetant un regard presque foudroyant à l’impertinent qui voulait la mettre à mal. Chris eut un haussement de sourcil assez surpris. Puis, comme pour appuyer ses propos, une chouette effraie vint délivrer un message tardif à la capitaine des Frelons. Un missile rouge vif tomba au ralentit en plein dans le bol de céréale à moitié entamé. Sauf qu’à peine le papier ensorcelé entra en contact avec le lait, la fureur s’y déchaîna.

    « CLARA CORNELIA CASTAGLIONE! EN 15 ANS D’EXISTENCE, C’EST BIEN LA PREMIÈRE FOIS QUE J’AI AUTANT HONTE DE TON COMPORTEMENT !! OSER T’EN PRENDRE À UN CAMARADE EN L’ENFERMANT PENDANT TOUTE UNE JOURNÉE SANS POSSIBILITÉ DE LIBÉRATION !! TU AS DE LA CHANCE QU’UN PROFESSEUR SOIT PASSER PAR LÀ POUR L’EN SORTIR SINON TU AURAIS ÉTÉ CATALOGUER CRIMINELLE À 16 ANS À PEINE ! RESTES BIEN OÙ TU ES PARCE QUE JE T’ASSURE QUE SI TU BOUGES ENCORE MÊME TA MÈRE NE POURRA PLUS RIEN POUR TOI !! »

    La lettre partit en morceaux déchiqueté qui se consumèrent rapidement avant d’atteindre la table des Poufsouffle alors que, éclaboussée par les postillons du message, la destinataire était parcourue de tremblement.

    « M- mais, mais papa… » Ne parvint-elle seulement à bafouiller.

    « Ouah, c’est vraiment un spectacle que de recevoir une beuglante ! » sembla s’amuser quelqu’un.

    Harry nota avec réprobation qu’il s’agissait de leur invité indésirable Chris -évidemment, ça n’allait pas être le fameux Lu qui n’avait pas du tout réagi-. Quand il se tourna à nouveau vers les élèves présents qui commençaient les cours dans moins de trente minutes, son regard s’attarda sur la forme repliée de Tobias Finnigan au coin de la table des Serpentard. L’élève enfermé et retrouvé par Teddy alors qu’il faisait sa ronde un week-end. Clara s’était expliquée en disant qu’elle voulait seulement parler avec son ‘ancien’ ami car celui-ci l’évitait depuis le scandale Jeunesse Pur. Bien sûr, loin d’être coopérant, Tobias ne prononça mot et elle dût l’attacher pour qu’il ne fuit pas en sa présence, mais même une fois lié pas un mot ne fut décroché, alors la blonde l’avait laissé le temps de réfléchir sur son immaturité, en dépit de son propre irresponsabilité.

    Autant dire qu’après cette affaire, les professeurs ont imposé une injonction d’éloignement où la blonde ne pouvait approcher de plus de 10 mètres de sa victime, ce qui avait rendu l’ambiance chez les sixièmes années encore plus électrique. Mais tout ceci s’était déroulé il y avait de cela une semaine et Harry se souvenait d’avoir envoyé une lettre aux parents aussitôt le problème réglé. Pourquoi avoir envoyé ce missile seulement maintenant ?

    Bref, là n’était pas le sujet. Donc, l’élève Clara Castaglione avait espionné une conversation qui n’était certes pas dit confidentiel mais assez intime et visiblement son père allait débarquer d’un instant à l’autre. D’accord, respirer profondément une fois, deux fois et enfin une troisième fois. Ok, c’est bon.

    « Puisque monsieur Castaglione semble vouloir une réunion express, je vais devoir préparer son accueil. Aussi, mademoiselle Castaglione, je vous informe que vous serez convoquée à n’importe quelle heure de la journée pour venir assister avec nous. »

    Clara déglutit avant d’opiner. Ensuite, Harry exposa les deux jeunes hommes qui avaient attirés l’attention de certains sans qu’ils osent demander.

    « Je vous présente deux jeunes hommes qui vont rester ici pour une durée indéterminée. Ce sont des voyageurs qui ont une certaine connaissance de la magie, mais ils ne vont pas suivre les cours dispensés aux élèves… »

    « Non, en effet, pas besoin », approuva le brun avec un large sourire.

    Très faux. Harry eut l’air incertain pour la suite.

    « Ne les importunez pas », termina-t-il finalement. « Sur ce, bonne journée. »

    Harry aurait pu leur demander plus d’information, il aurait pu les garder pour un interrogatoire en bonne et due forme, mais le fait était qu’il avait déjà beaucoup à faire et quelque part, il sentait qu’il n’obtiendrait rien et qu’il ne pouvait non plus rien contre ça.

    Si le départ du directeur amena un instant de flottement, la dynamique reprit quand Adrian se leva de la table des Gryffondor pour s’approcher des deux spécimens non relatés parmi la liste d’élève de Poudlard et dont l’origine était plus que suspect.

    « Voyageurs ? » Releva-t-il en premier lieu.

    « Eh bien, tu as tout entendu », répondit l’autre en croisant les bras.

    « Mais tu n’en étais pas sûr. »

    « Maintenant, je le suis. Tout comme toi. »

    Il n’avait apparemment pas l’intention de lui faciliter la tâche. Cependant, après quelque jeu de regard, le brun pâle voulu amorcé un sujet qui le tenait à cœur vu l’inspiration pris, mais on le devança.

    « Mais qui êtes-vous ? »

    Chris, comme Lu, se tourna vers Clara qui les observait avec consternation. La conversation qu’elle a surpris lui revint et l’inquiétude avec. Qu’est-ce que son amie et son ancienne camarade amnésique avaient encore foutu ? Chris ouvrit la bouche, mais au final ce fut la sonnerie qui les devança tous.

    « Allez-y, vous ne pouvez pas risquer de rater des cours juste parce que deux inconnus apparaissent. »

    « Mais vous êtes quand même un phénomène notable. »

    « Pas dangereux, sinon le directeur nous aurait gardé éloigné, non ? »

    Cédant sous ce point, les restants des 30 légendes se levèrent pour se diriger à leur salle de cours tout en jetant de fréquent regard vers les deux garçons. Parce qu’en tant qu’éphèbe, ils attiraient les yeux. Mais était-ce vraiment une bonne idée de les laisser ainsi ? Voyant le concierge sur le pas de la grande porte, ils eurent leur réponse. Non, c’est pourquoi ils seraient sous surveillance rapprochée.

    Voire escortés.

    L’heure qui s’écoula fut la plus rude. De un, les élèves qui avaient assisté à ce qui s’est au petit-déjeuner pour le cours de neuf heures étaient juste excités à l’idée d’en savoir plus sur les inconnus à la pause de 10 heures et de deux, parce qu’une certaine blonde farceuse stressait comme pas possible de l’arrivée imminente de son paternel et du sermon qui allait s’ensuivre. Dans le meilleur des cas.

    Adrian se jeta presque hors de la salle lorsque 10 heures sonna et s’apprêtait à utiliser son hyper ouï pour localiser les deux invités quand on l’aborda.

    « Hey, no stress ! Je suis juste là ! Enfin, si c’est bien moi que tu cherches », rajouta la voix mielleuse d’une fausse modestie.

    Et c’était bien Chris qui le faisait des signes à l’autre bout du couloir, avec Lu adossé au mur, mais dans un coin plus sombre.

    « Qui sont-ils, Adrian ? » Demanda prudemment Julius.

    « On va le découvrir. »

    Se sentant tous concernés, les 30 –sauf les absents, ni Toby- suivirent le septième fils, lui-même guidé par les deux étrangers. Mais il était évident que c’était le blanc pâle qui menait, surtout quand il ouvrit la porte d’un salon, celui considéré comme le plus grand et plus confortable, et déclara d’un air satisfait :

    « Ah, celui-là est parfait ! » Avant d’entrer et s’installer sur un fauteuil.

    Le second brun s’adossa encore une fois sans un mot contre le mur, juste à côté de la porte, lui donnant vu directement sur les convives qui passaient sous ses yeux terreux et cernés. Quand le dernier de la promotion pénétra finalement dans le salon, Chris leva la main et, d’un geste leste, ferma la porte. Ils entendirent un cliquetis, signifiant qu’il venait de la verrouiller. Magiquement et sans baguette.

    « Je n’aime pas être dérangé », se justifia-t-il avec un sourire aimable.

    Chacun l’examinèrent avec attention sans rien montrer de leur sentiment, sauf un peu d’inquiétude, car ils étaient tout de même en présence d’un inconnu.

    « Bon, avant qu’on commence : pourquoi un tel comité d'accueil ? »

    Surpris par la question, ils prirent un peu de temps pour répondre.

    « Hum, notre promotion est très soudée… On nous appelait les 30 légendes. »

    S’il remarqua le temps employé, Chris ne le releva pas.

    « D’accord ! Bon, alors… des questions ? » Dit-il innocemment et lentement pour les faire mariner.

    Celia leva la main presque par automatisme. Voyant le sourire encourageant, elle se lança : « Qui êtes-vous ? »

    « Je m’appelle Chris ! Et lui, c’est… quelqu’un », répondit le blanc.

    Son sourire ne perdit pas un centimètre alors qu’il se tournait vers le basané.

    « D’où venez-vous ? » Enchaîna doucement Chloé, comme un chuchotement.

    « De New Hampshire et de Californie pour le monsieur, je ne peux pas vous situer exactement où pour plus de prudence. Quant à la question quand : le 1er septembre 2021, soit treize mois de retard par rapport à votre univers ! »

    Il eut des hoquet surpris à la fin de son monologue, coupant court à toute autre question qui allait fuser aussitôt qu’il s’était tu.

    « D-donc… vous êtes le double de nos… camarades ? » Couina Clara.

    Elle avait en quelque sorte compris, mais le besoin d’une confirmation se faisait bien ressentir.

    « Oups, j’avais oublié de le préciser ! Mais oui, nous sommes bien les doubles de vos connaissances ! Elles ont utilisé une incantation terriblement longue qui nécessitait leurs deux forces magiques pour prendre nos places. Pourquoi ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu’on se trouve à mille lieu de chez nous, qu’elles ont dû se retrouver séparer parce qu’en nous inter-changeant, on se trouve exactement là où se trouve les doubles, qu’elles ne sauront pas comment se localiser puisque c’est deux univers totalement éloigné autant temporel que spatial, que… »

    « Tu es en train de les perdre », siffla ‘quelqu’un’.

     Ce n’est qu’en reprenant son souffle que Chris comprit qu’il avait peu à peu accélérer son débit de parole. Il tenta un sourire rassurant.

    « Attends, attends… c’est trop d’un coup », geignit Lolie en levant les mains.

    « Eh bien, nous avons débarqué au milieu de la nuit dans une chambre inconnue, mais pas seulement, avons dû subir un interrogatoire improvisé et avons eu à peine quelque minutes pour assimiler tout ça, alors vous faites avec. »

    Ils furent un peu choqué de constater la dureté dans ses propos. Néanmoins, Laura n’apprécia absolument pas le ton qu’il adressait à sa lionne.

    « Ce n’est pas une raison pour te défouler sur nous, nous ne sommes pas la cause de ta situation. »

    Chris leva un regard froid sur la Serpentard qui lui retourna son regard translucide. Aucun des deux ne flancha.

    « J’aimerai bien te répliquer que ce n’est non plus la mienne, mais ça l’est en quelque sorte, parce que ce sont nos doubles qui sont à l’initiative de cette idée. Avez-vous une explication ? »

    Cela aurait pu sonner comme un reproche, mais ils virent surtout une supplication muette dans son regard troublé. En réalité, il était perdu dans cette univers qui n’était pas le sien, avec pour seul compagnon un grincheux pas du tout empathique.

    « Désolée, mais… dernièrement, Claire est très secrète. Elle s’est volontairement isolée, probablement pour fignoler ce projet sans qu’on n’en sache rien », répondit Rose, chagrinée. « Et Luxchana n’était pas vraiment la plus apte à montrer ses capacités magiques. Je suis consternée à l’idée qu’elles aient vraiment fait ça. »

    La mâchoire de Chris se crispa dans un mouvement quasi imperceptible, mais cela n’échappa pas aux plus observateurs. Il jeta un regard vers Adrian qui lui rendit en se raidissant de sa place. Cela intrigua certains, mais la conversation reprit.

    « Ça veut dire que tu es en fait le double masculin de Claire… mais pas possible, tu n’es pas chinois ! »

    La remarque légère de Ruben détourna le jeune homme de ses pensées plus sombres, le déroutant aussi au passage. Finalement, il eut un sourire amusé.

    « Eh bien, je vous avoue qu’à part ma mère qui a des origines orientaux, je n’ai en effet rien d’asiatique ! »

    « Tu pratiques toi aussi de la magie émérite ? » Chris pencha la tête, curieux « Ben, tu n’utilises pas de baguette, donc tu… »

    Toujours aussi surpris, Chris chercha plus d’explication vers Adrian, vu que Lolie avait du mal à terminer sa phrase.

    « Elle veut parler de quel genre de magie tu utilises. Impérial, Ethéré, Ancienne, Noire, Blanche… »

    Ce fut probablement les deux dernières propositions qui firent tiquer.

    « Sérieusement ? Vous en êtes encore là ? Genre, vous faites une différence radicale avec de la magie blanche ou noire ? À quoi bon, dans tous les cas, c’est de la magie. S’il faut vraiment juger, c’est sur comment vous les utilisez. »

    Pris au dépourvu, aucun des Poudlariens ne répliqua. Son discours était juste mais qui était-il pour dire ça ?

    « Alors, du coup, quel genre de magie utilises-tu ? » Reprit Ani.

    Chris la scruta un instant, comme perdu dans ses songes, mais ce qui étonna les autres fut de voir que l’autre brun la regardait aussi avec des yeux profonds.

    « A l’état pur. »

    Sur ces mots, il déploya une main où un feu dansa dans le creux, il passa par plusieurs couleurs avant de s’éteindre dans une fumée noire qui ne laissa pourtant aucune odeur, ni trace.

    Alors que son public devenait de plus en plus attentif mais surtout fourmillant de questionnement, la sonnerie retentit encore pour casser l’ambiance.

    « La suite plus tard », plaisanta Chris.

    « Dans deux heures pour, la pause de midi », dit platement Chloé.

    Ils étaient pourtant assez réticents à l’idée de le quitter, ce jeune homme ainsi que l’autre plus taciturne les intriguaient et ils sont ce qui restait de leur camarade alors…

    Alors que plus de la moitié était déjà en chemin pour leur prochain cours, Chris sourit en voyant qu’il ne restait plus que Adrian qui tardait et une jeune fille rousse un peu sonnée. Le blond la remarqua également et la traîna derrière lui, seulement, le commentaire du brun l’arrêta.

    « Vous êtes passé par un mixeur ou quoi ? Au moins trois d’entre vous a le noyau magique endommagé. »

    Adrian se tourna vers lui, vraiment surpris qu’il ait réussi à déterminé ça en seulement un regard ou par sa sensibilité, mais il ne pouvait rester trop longtemps, la seconde sonnerie n’allait pas tarder et…

    « Mais avant tout, il faut que je t’aide à débrider ta magie ! Tu dois vraiment être mal en point pour n’avoir rien fait ! » Reprit Chris.

    « Quoi ? »

    Au tour de l’autre d’avoir l’air surpris.

    « À moins que tu ne savais pas du tout que tu en avais la capacité. »

    Pas le temps de tergiverser davantage, la sonnerie le rappela à l’ordre. Adrian commença à se remettre en marche, mais Chris n’avait pas l’intention de rester en suspend pour cette fois-ci encore. Alors il se leva de son fauteuil et se mit sur le chemin du blond en le regardant droit dans les yeux.

    « Pourquoi tu ne demandes pas à ta gardienne ? Tu l’as enfermé trop longtemps pour qu’elle puisse terminer sa mission, libères-là pour qu’elle en fasse de même concernant… »

    « Arrête », intima sourdement le septième fils.

    Son grondement eut au moins le mérite de ramener sa camarade, qui se retrouva prise entre les deux feux.

    « Si je le fais, elle partira pour de bon. Si je le fais, elle n’aurait plus aucune raison de rester à mes côtés, or j’ai besoin d’elle. »

    L’absence de réponse immédiate créa une tension quelque peu irrespirable pour la pauvre Elise et l’ayant remarqué, Adrian décida de s’éloigner au plus vite.

    « On meurt tous un jour, Dri… »

    Il ne fut pas tant surpris par la phrase presque moralisateur, mais plus par le surnom qu’on lui conféra alors qu’il venait de se connaitre. Sauf qu’il n’avait vraiment pas le temps d’y songer alors il quitta les deux doubles de leurs camarades sans un mot.

     

             Les deux heures suivantes furent les plus longues de la journée. Aucun de la promotion n’était entièrement concentré sur les cours et leçons, autant intrigués par les deux visiteurs malgré eux, autant par d’autre problème beaucoup plus personnel. Ils accueillirent la sonnerie de midi comme une libération, mais eurent un doute quant à ce qu’ils allaient trouver. Est-ce qu’il(s) les attendait /ent comme tout à l’heure où est-ce qu’il allait les faire chercher ? Après tout, il ne leur devait rien.

    Finalement, arrivés jusque devant la grande salle, il n’eut toujours aucun signe des deux bruns, ce qui les déçut un peu. Peut-être qu’ils étaient allés manger, eux aussi devaient avoir faim, puisque de ce qu’ils avaient compris, ils ne sont pas servis le matin. Ou peut-être que si. M’enfin dans tous les cas, ils n’étaient pas là. La puissante présence ne se sentait pas.

    C’était drôle qu’ils pensaient à ça, parce qu’il apparut tout à coup devant eux, qu’ils ne l’avaient même senti.

    « Tu… »

    …as transplané ? Aurait pu être la question qu’ils voulaient poser.

    « Tu ne m’as même pas senti ! » En geignit presque Chris en direction d'Adrian. « Il faut vraiment faire quelque chose pour ton noyau ! »

    Le lion reprit doucement le souffle en comprenant que ce n’était qu’une technique d’invisibilité. Très bien traité, sans cape, sans sortilège ou ni autre outil, Chris s’était tout simplement rendu transparent, disparaissant de la vue de tous. Justement, Lu apparu derrière le grand escalier.

    « Qu’est-ce qui te fait dire que j’aurai pu te sentir ? » Se racla Adrian la gorge.

    Détaillant ses traits, Chris lui répondit d’une voix où perçait une conspiration qui se voulait complice.

    « Tu le saurais si tu me laissais débrider ta magie. »

    « Quoi ? Comment ça, tu as un problème ? » S’étonna Harley.

    Chris se tourna curieusement vers une jeune fille châtaine où un badge de préfet était accroché sur sa cape. Il n’eut pas le temps de répondre à la place du blond que la grande porte du château s’ouvrit à la volée et qu’une grosse voix rugit :

    « Clara Cornelia Castaglione ! »

    La blonde du groupe déglutit péniblement en se cachant derrière un blond platine, son petit-ami visiblement, qui regardait sa moitié avec pitié. Un homme dans la quarantaine s’avançait rapidement vers leur attroupement, se situant pas loin de l’entrée. Son regard expert balaya l’assemblée à la recherche d’une personne en particulier et sa fille sut qu’il ne servait plus à rien de se dissimuler.

    Tandis qu’elle s’avançait piteusement et que le regard du paternel s’enflammait aussi rapidement qu’une flammèche sur une traînée de poudre, Cielo Castaglione croisa le regard amusé d’un brun à la peau d’albâtre. Son souffle se coupa alors qu’il sentait une puissance irradier des pores du jeune homme.

    « Par Hécate… » Souffla-t-il en ne le quittant pas du regard.

     Le sourire amusé se mua en un rictus satisfait et vraisemblablement réjoui.

    « Enfin un connaisseur ! » Se frappa-t-il dans les mains.

    « Mais comment… » Bredouilla l’adulte incrédule.

    Dans les escaliers, il eut de l’agitation, il semblerait que le directeur approchait avec sa cavalerie, à moins que ce ne fussent les élèves curieux de l’éclat de voix ? Chris ne dit cependant rien, attendant la conclusion, qui allait venir de ce sorcier italien, qui en savait plus que tous les anglais réunis.

    « Qu’est-ce que le fils de la Déesse de la magie fait ici ? »

    Voilà, c’était dit.

    « Eh bien, c’est une longue histoire ! » Rit l’adonis.

    Soudainement, sa beauté presque irréelle fut beaucoup compréhensible, son ton teinté d’une légère arrogance ainsi que son regard sûr de lui furent d’autres points qui rallièrent cette réponse plus qu’évident. Oui, s’il en savait aussi énormément sur la magie, s’il pouvait la contrôlait même sans baguette, s’il était aussi puissant, tout s’expliquait par le fait qu’il était…

    Le fils d’Hécate. Un demi-dieu de la magie.