• 4. Votre nombre

    A l'heure de notre rencontre
    Matt jeta un coup d'œil à son nombre.
    C'était un décompte qui lui précisait le moment où il rencontrerait son âme sœur.
    Du moins, le supposait-il. Après tout chacun avait un âme sœur tout comme un signe pour le retrouver. Or, il s'avérait qu'aucun signe n'était pareil, pas même les âmes sœurs en question. Matt avait un décompte d'une date. Juste au-dessus de la veine cardiaque. Celle dont les pulsations qui correspondait au cœur.
    Petit, il pensait qu'il s'était gribouillé sur le corps avec un marqueur permanent comme cela ne s'effaçait pas avant qu'un expert ne lui explique qu'il s'agit probablement de son signe et qu'il n'y avait rien à craindre puisqu'elle s'écoulait à l'envers, probablement vers un jour spécial. Matt n'avait pas cru cette femme, après tout, elle était aveugle, comment pouvait-elle savoir que son nombre s'écoulait à l'envers. Bien qu'il l'était, à l'envers. Et plus il grandissait, plus le jour approchait.
    Il lui restait dix-sept jours.
    Il savait que sa rencontre approchait et il aurait voulu pouvoir en informer à ses parents. Parce qu'il s'agissait d'un évènement à partager en famille mais il ne pouvait le faire, lui n'avait pas de parent. Il les avait perdu à ses huit ans et même si ce n'était pas ses âmes sœurs, il a senti sa montre s'arrêter pendant plusieurs heures. Il n'en fut jamais totalement remis.
    Sauf que pour les informer, il fallait non seulement qu'ils soient vivants mais qu'il soit aussi libre. Détrompez-vous, il n'est pas derrière les barreaux parce qu'il est coupable de leur décès mais il l'était parce que leur mort. Suite à l'accident de voiture qui les a fauché, Matt fut envoyé sous la garde de sa demi-tante Gwenda Davis, qui vivait à Ipswich. La vie ne fut pas facile et il commença à commette des larcins en compagnie d'un gamins des rues, qui avait trois ans de plus que lui. Matt avait honte de l'avouer mais c'était la période où il se sentait le plus libre, volant à l'étalage, fumant une cigarette aigre et empruntant une voiture sans le rendre au propriétaire. Jusqu'au point de non retour, un cambriolage à main armé. Techniquement, il n'était pas celui qui avait l'arme en main mais fut accusé comme tel, il est passé par un mini tribunal avec une juge qui n'a fait rien d'autre que de le juger, le commissaire qui l'a interrogé, sa tante et une conseillère qui le suivait depuis ses onze ans. Il lui a été donné le choix entre une seconde chance en travaillant dans la campagne ou un centre de détention pour mineur, sachant qu'elle ne sera pas la même que celui qu'il considérait comme son ami. Son choix fut rapide, il était déçu de la société alors il n'allait pas continuer à vivre avec celle-ci.
    Maintenant, il se demandait si c'était le bon choix. 
    Le moment approchait et pourtant il ne finissait de purger sa peine que dans six mois. Il doutait qu'il allait rencontrer celui qui lui était destiné dans sa cellule de prison mais il ne voulait pas penser à l'autre option. Qui est que sa moitié allait infiltrer la prison pour l'en évader. Comme Prison Break. Sauf que lui n'avait pas de frère qui viendrait le sauver car il (le savait innocent. Bien qu'il l'était, innocent. Mais personne ne le saurait puisqu'il est accusé pour complicité.) n'était pas innocent, du moins aux yeux de la loi. Être complice était aussi condamnable que le coupable, si ce n'est pire.
    Il lui restait donc deux semaines avant la dite rencontre, pourtant il reçut une visite qui valait autant que celle de son âme sœur. C'était tout de Mme celle qui allait le libérer de prison.
    " Bonjour, Matthew Freeman. Je me nomme Richard Cole et je suis journaliste. "
    Matt n'avait qu'une idée de la raison de sa présence et elle n'était pas rassurante.
    " Je ne vais pas vous raconter l'histoire de ma chute pour que vous en fassiez un récit burlesque. "
    L'homme aux cheveux blonds haussa haut les sourcils, l'air sincèrement surpris par sa verve.
    " Je vois que quelqu'un a des a priori sur les journalistes. "
    Matt n'en avait pas, mais le jour suivant où il s'est fait incarcéré, il lut le journal ou un article lui était consacré. Elle n'était pas énorme mais ce qui en disait sur lui était long en langage fleuri sans que le reporter n'ait chercher à le connaître. Pour une première fois en tant que sujet médiatique, il n'avait certainement pas bonne impression.
    " Mais je ne viens pas pour ça, bien que je sais qu'il y a assurément plus ce que les rapports et articles disent sur toi. "
    L'homme, Richard Cole, ouvrit le dossier devant lui et sortit une feuille en particulier. Il s'agissait d'une photo, l'image montrait un véhicule encrassé dans de la vase avec le capot ouvert. Même si ce n'était pas très voyant, Matt eut l'impression qu'il s'agissait de la même voiture que ses parents se sont trouvés lors de leur mort. La nausée lui monta et il ne s'en cacha pas. Le reporter eut la sympathie de le laisser se reprendre sans commenter.
    " Je sais que cela peut t'être traumatisant "
    " Vous croyez ? " Coupa Matt en souffrant toujours de malaise.
    " Mais il s'agit d'une affaire qui a refait surface -sans jeu de mot- dernièrement. "
    Matt sut alors qu'il ne pouvait s'agir de la même que celle de ses parents, en aucun cas, l'enquête avait été classé comme affaire meurtrière. Il fut détrompé par les paroles qui suivirent.
    " La voiture sur la photo correspond à celle que tes parents ont pris le jour de leur décès. L'autopsie six ans après les faits ont confirmé une thèse qu'un policier a fait mais qui n'a jamais fait des poursuite à l'époque : la voiture a été truqué. Le dispositif de frein était saboté, subtilement pour que cela ne prenne effet qu'au court de trajet. "
    Un silence tendu régna dans la pièce et Matt toisa son interlocuteur d'un regard glacial. Il ignorait si c'était une plaisanterie mais c'était vraiment injuste de lui enfoncer le couteau dans la plaie alors qu'il n'avait toujours pas fini son deuil. Six ans s'étaient peut-être écoulés, mais il gardait toujours la culpabilité de ne pas avoir été avec eux dans son cœur. Il apprenait aujourd'hui que leur décès avait été prémédité et que cela aurait aussi pu être son arrêt de mort, il n'était pas sûr qu'il aurait aimé entendre ça.
    " Pourquoi est-ce que je dois vous croire ? "
    " Penses-tu vraiment que la prison va laissé un illumine entrer ? "
    " Un fanatique qu'ils croient être un croyant mais qui n'est juste un sectaire, probablement. "
    " Si seulement c'était aussi simple ", soupira le journaliste. " écoutes, ce n'est pas mon but de t'effrayer mais n'as-tu pas remarqué que depuis leur décès, il t'arrivait des choses anormaux ? Ne t'a-t-on pas visé, par exemple ? "
    Matt refusait de croire que Gwenda Davis l'ait ciblé, elle n'a choisi de l'adopter uniquement pour user de son héritage, Kelvin ne l'a pris sous son aile seulement pour avoir un sbire à abandonné lors d'une situation critique et il ne lui arrivait pas toute sorte d'incident technique depuis son insertion dans le centre.
    " Et alors quoi ? Vous êtes en train de me dire que ma vie est menacée et ? "
    Richard Cole le regarda droit dans les yeux et lui répondit sans battre des paupières :
    " Exactement. "

     

     

    Tout se passa très vite après ça.

    L'entrevue fut tellement incroyable que Matt se demanda plus tard si Richard n'était en vrai pas son âme sœur. Sauf que le nombre sur son poignet lui rappelait à l'ordre et que cette rencontre n'était pas dû pour dix jours encore.

    Cinq jours après l'annonce de sa vie en danger, Matt fut transféré hors du centre pour une affaire post-Freeman. Non seulement le reporter lui avait dévoilé la vérité sur le décès de ses parents, mais il lui a aussi informé de la substitution de l'identité des Freeman qui se déroulait en ce moment même dans une ville de Los Angeles. Un couple se prétendaient nommer Mark et Kate Freeman, venant du Royaume-Uni et sur le point de retrouver leur fils Matthew.

    Matt ne savait pas ce qui était le plus effrayant entre savoir qu'il y ait des gens assez fous pour vouloir être des imposteurs d'un couple mort ou aller jusqu'à le supprimer afin qu'une personne puisse prendre son identité. Probablement le premier, d'autant que ses parents ne viennent pas vraiment du Royaume-Uni puisque son père est Néo-zélandais.

    Il était actuellement en mission dirigé par l'inspecteur de New Scotlandyard-même avec le journaliste pour assistance car celui-ci avait requéri à faire partie de l'affaire comme il était l'un des seules personnes à ne pas avoir classé l'affaire 'à prescription'. L'objectif dans cette escouade était d'attraper les coupables et suspecte de meurtre en les manipulant avant qu'ils ne parviennent à les localiser. Il fallait, pour l'accomplissement de ce projet, tenir le faux couple Freeman en hameçon, leur faisant croire que celui qu'il veule, Matt, est à leur disposition.

    Bien qu'il ait refusé de travailler dans une ferme perdu de l'Angleterre, Matt se rendait compte qu'il ne pourrait pas échapper à l'horrible réalité de la vie qui était de tuer ou se faire tuer, mais aux États-Unis. De toute façon, il avait toujours pensé que ces gens d'outre océan avaient perdu l'esprit à force d'être isolés.

    Il voyagea donc du Royaume-Uni aux États-Unis dans un avion en classe économique et rien qu'à ce trajet, il sut que cette mission n'allait pas être de tout repos. Avant même qu'il ne monte à bord, le personnel qui devait l'enregistrer en tant qu'enfant non-accompagné cria son nom dans la foule, histoire de bien se faire entendre, avant de lui coller une pancarte encore plus humiliante qui le disait non-accompagné, à partir de cet instant, pratiquement tous les passagers de l'aéroport gardèrent un œil sur lui, notant chacun de ses gestes. Malgré les tentatives d'un steward, il ne fut pas autorisé à faire ne serait-ce qu'un pas sans être accompagné. Que ce soit par un adulte ou enfant. Ensuite, le vol fut une autre moment de misère où il dut s'installer entre une vieille dame qui ronflait comme un ogre et une gamine qui n'arrêtait pas de se plaindre lorsqu'elle perdait aux jeux. Là encore, ses moindres faits étaient surveillés jusqu'à ce qu'on décide de son repas. Il fut aussi embarrassé que l'hôtesse de l'air lorsqu'on lui imposa un plat végétarien et surtout d'enlever le couteau du set, parce que 'même le plastique peut être dangereux de nos jours', dixit la mère de la fillette. Enfin, lorsqu'il descendit de l'avion et durant tout le trajet jusqu'à la ligne d'accueil, il était entouré d'un groupe d'étranger qui lui assurait que tout allait bien se passer et que bientôt il y aurait un accompagnateur qui allait s'occuper de lui. Le truc était que, l'accompagnateur à sa charge entra aussi dans le jeu ridicule de sur-surveillance et empêcha quelque ce fut de vivant ou non-animé de le toucher. Cela, pourtant, n'empêcha pas Matt de trébucher sur ses propres pieds. Quelque part, il voulait signifier que ce n'était pas ainsi qu'il fallait le protéger mais l'accompagnateur comprit qu'il ne pouvait pas le protéger de lui-même avant de l'abandonner seul dans l'aire de taxis et autres conducteurs.

    Il n'eut pas à attendre longtemps avant qu'une range rovers ne se gare devant lui avant de prendre ses bagages, qui ne se résumaient qu'à un sac à dos, pour les mettre dans le coffre avant de le siffler de monter à l'arrière. Matt obtempéra sans connaître l'identité de son chauffeur, tout en se fustigeant qu'il devait être aussi simplet que le conducteur croyait qu'il était s'il agissait ainsi.

    Cela allait aussi certainement arranger son chauffeur qui se présenta être Mark Freeman-le faux, avant qu'il ne l'accueille dans leur chalet en disant de faire comme chez lui, car c'était bien le cas ; il était chez lui, parmi les Freeman.

    Bien sur, il impliquait aussi qu'il serait prochainement vraiment chez lui en accompagnant feus ses parents aux cieux mais c'était une autre histoire.

    Cette histoire qui ne se passa absolument pas comme prévue.

    Matt contactait régulièrement son équipe, qui le traçait et le surveillait de loin afin d'intervenir en cas de besoin, tout en continuant d'agir comme si de rien n'était avec les faux Freeman, qui aiguisaient chaque nuit un peu plus la lame qui allait lui transpercer l'abdomen. Le fait étant que Matt n'était non plus coopérant avec le couple en sortant sarcasme sur sarcasme et agissant comme un punk, or le couteau finit bien par lui lacérer le torse avant que l'escadron n'interviennent pour arrêter les coupables. Alors que Matt fut admis aux urgences, une troisième voix pleine de cri atteint ses oreilles avant qu'il ne sombre dans les ténèbres.

    A son réveil, Richard se tenait près de lui et fut soulagé de le voir éveiller. Cela donna une agréable surprise à Matt qui avait longtemps perdu l'effet de soulager les gens en se réveillant. Il apprit plus tard par le journaliste blond que le couple a bien était incarcéré dans non seulement une prison, à instance éternelle, mais aussi dans un asile pour problème mental. Avec leur troisième complice.

    " Il y avait bien un troisième individu alors...", marmona Matt qui souffrait de mal de gorge.

    " En effet, c'était la personne qui aurait pris ta place une fois que tu aurais 'rejoins' tes parents. Ironiquement, c'est lui qui les a rejoint et ce, instantanément. "

    Richard ne resta pas trop longtemps, le docteur lui avait ordonné de beaucoup se reposer comme il était très faible après avoir été touché à un point vital. L'homme le quitta en lui souhaitant une bonne guérison tout en promettant de revenir le voir le lendemain.

    Cela n'arriva pas.

    Une fois seul, il décida de se faire une toilette. Il se sentait assez grand pour se débrouiller seul et encore très embarrassé du cirque dont il a été victime durant le vol en avion qu'il surmonta la douleur à la poitrine et se dévêtit.

    Mais avant qu'il ne puisse entrer dans la baignoire, il se trouva à observer son dos. Techniquement, c'était la première fois qui lui était permi de s'observer comme le centre de détention pour délinquant mineur faisant en sorte de leur faire perdre leur personnalité en les faisant croire qu'ils n'avaient plus rien d'individuel et que les imposteurs Freeman qui voulaient lui voler son identité avaient fait en sorte qu'il s'oublie au point de ne plus exister.

    Tout ça pour dire qu'il n'était pas du tout au courant des inscriptions qui étaient sur son dos. Il ignorait à quand leur apparition ni de quel moyen mais il comprit rapidement qu'il s'agissait de son signe. Pour se le confirmer, il regarda son nombre pour la première fois depuis qu'il fut sur les terres américaines. C'était descendu jusqu'au chiffre 1.

    Il retourna à la contemplation des inscriptions sur son dos et comprit la signification de certaine.

    Le jour du décès de ses parents.

    Le jour de son premier méfait.

    De sa première cigarette.

    Et la rencontre avec Richard.

    Maintenant, il doutait même que c'était un signe d'âme sœur, enfin pour âme sœur. Il indiquait sûrement le jour où il périrait, seul. C'est la façon dont la vie lui informait qu'il n'avait pas d'âme sœur.

    Demain était un autre jour, mais aussi la dernière.

    Dès la première heure, il survola le zéro et insista auprès du médecin de le libérer, qu'il allait bien.

    Dieu seul savait que c'était faux.

    Ou peut-être même pas lui comme Matt n'y croyait pas. Il n'allait d'ailleurs certainement pas le prier juste parce qu'il s'agissait de son dernier jour. Tout ce qu'il voulait était au moins avoir un moment juste pour lui, afin qu'il connaisse sa vraie personnalité.

    Bien entendu, le médecin chargé de ses soins refusa, il n'allait tout de même laissé un de ses patients gâcher son travail acharné pour le soigner.

    Matt en aurait ri s'il voulait paraître rude. Mais il ne voulait pas et ce n'était pas à lui de lui informer que son travail allait bien être gâché, parce que... Eh bien, il ne survivrait pas ce jour.

    Il n'était non plus un ingrat au point de fuir devant eux, alors il prétendit abandonner avant de s'échapper hors de leur vu. Peu importe les obstacles, il allait la passer ce dernier jour.

    Il prit le métro en payer un ticket de son argent de poche qu'il avait en réalité subtilisé des Imposteurs et choisit une destination au hasard. Ce n'était pas vraiment ce qui comptait, tout ce qu'il voulait était découvrir un peu la ville, il n'en avait jamais vraiment eu l'occasion sous l'aliénation.

    Pourtant, juste pour se jouer une dernière fois de lui, le destin lui fit un coup en traître.

    La jeune fille asiatique, ou eurasienne, était petite mais avait de grand yeux verts hypnotisants. Elle avait une voix et un sourire fascinant et Matt la trouvait mignonne, mais fut très surpris d'apprendre qu'elle a vécu à seulement quelque maison de lui, des années plus tôt.

    Puis, il y a eu ce garçon indien, du moins d'une peau cuivrée qui lui faisait penser à cette origine, qui avait le même visage que le gars à côté de lui et qui ne savaient pas comment lui adresser la parole comme s'il n'arrivait pas à croire qu'il était là.

    Mais lui ce qui le choquait était de sentir la chaleur presque brûlante à son poignet, là où se trouvait son nombre -0!-, alors qu'un dernier garçon d'une peau aussi caramélisé s'approcher.

    Ils le regardaient tous avec ce mélange de joie et d'incredulité alors qu'il voyait son nombre se transformer sous ses yeux.

    Le zéro se morphosa en une date, de ce jour et d'une heure : l'heure de leur rencontre.

    Il échangez un regard avec eux et sans pouvoir se contenir, un sourire se fleurit.

    " C'est vous. "

    Leur sourire était la seule réponse qu'il avait besoin.

     

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